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Bienne

Un plaidoyer en faveur de l’Europe

L’ambassadeur de Pologne en Suisse, Jaroslaw Starzyk, était de passage lundi au Gymnase français dans le cadre de la Journée de l’Europe. Il a profité de l’aubaine pour délivrer un message pro-UE.

L'ambassadeur de Pologne, Jaroslaw Starzyk, était de passage lundi au Gymnase français de Bienne. Photo: Peter Samuel Jaggi

Julien Graf

Une apologie en bonne et due forme en faveur de l’Union européenne(UE). A l’heure où une vague eurosceptique déferle sur de nombreux Etats suite aux récentes élections européennes, voilà qui a de quoi trancher. C’est pourtant ce discours teinté d’optimisme qu’a tenu à délivrer lundi à Bienne l’ambassadeur de Pologne en Suisse. De passage au Gymnase français (GF) dans le cadre de la Journée de l’Europe, Jaroslaw Starzyk tenait une conférence sur les relations qu’entretient son pays avec l’Europe. «Certes l’UE est en crise aujourd’hui, tout n’est pas parfait et des adaptations, notamment concernant la zone euro, doivent être réalisées. Mais on oublie trop souvent que l’UE a été créée pour le maintien de la paix. Aujourd’hui encore, elle est garante de stabilité et synonyme de démocratie et de liberté», a-t-il déclaré en anglais face aux près de 300 étudiants du GF, massés dans l’aula.  

Dix ans au sein de l’UE

Cheville ouvrière durant sept ans de l’intégration de la Pologne à l’UE et en poste à Berne depuis 2008, Jaroslaw Starzyk a eu tout loisir de suivre de près les mécanismes qui ont conduit sa nation à adhérer à l’UE en même temps que neuf autres Etats. C’était il y a dix ans, un 1er mai 2004. Mais cette année 2014 est particulière à plus d’un titre: demain, la Pologne fêtera également les 25 ans des premières élections démocratiques, prélude à sa sortie du bloc communiste et depuis mars dernier, cela fait 15 ans qu’elle est membre de l’OTAN.

Si l’ambassadeur a martelé les effets positifs de l’adhésion de ce pays de 39 millions d’habitants à l’UE, c’est aussi parce qu’elle lui a permis de sortir du marasme. Un marasme dû aux années passées sous le joug soviétique, comme l’a expliqué Jaroslaw Starzyk aux étudiants, âgés de 16 à 18 ans: «Quand j’avais votre âge, les magasins en Pologne étaient vides. Pour aller à Londres, je devais demander mon passeport à l’Etat polonais. Si je l’obtenais, je devais ensuite faire une demande de visa à l’ambassade de Grande-Bretagne. C’était juste quasi impossible! La situation était intenable.»

Grâce aux soulèvements populaires ayant précipité l’empire soviétique dans l’abîme et avec la chute du Mur de Berlin, la Pologne a pu entrevoir le bout du tunnel. «Après 40 ans sous l’emprise communiste, notre économie était dévastée et le pays au bord de la faillite. Nous étions obligés d’accéder à l’UE. Sans les millions d’euros versés par l’UE, le développement économique du pays aurait été beaucoup plus lent.»
Un pays qui n’a pas connu la crise

Aujourd’hui, les résultats sont tangibles: la Pologne est le seul pays, parmi les 28 Etats membres, à ne pas avoir enregistré de récession en 2009. Son produit intérieur brut est aussi celui qui a le plus progressé au sein de l’UE entre2007 et 2013. «Tout est question d’une pesée d’intérêts entre pertes et profits. Certes en Pologne, tout le monde ne vit pas confortablement, mais sans l’UE, la situation serait bien plus catastrophique», a plaidé l’ambassadeur.
 

La Suisse devra y adhérer!
Un ambassadeur qui a aussi tenu à livrer son point de vue sur la Suisse, îlot de prospérité au beau milieu d’une Europe tourmentée. Pour lui c’est sûr, tôt ou tard, la Suisse sera obligée d’adhérer à cet ensemble. Reconnaissant que l’UE n’était pas attractive par les temps qui courent, Jaroslaw Starzyk s’est toutefois dit convaincu que dans les 10 à 15 années prochaines, la situation sera différente et devra être réévaluée.

«La Suisse défend les mêmes valeurs de paix et de démocratie. Dans un monde globalisé, votre pays se porte aujourd’hui très bien mais qu’en sera-t-il demain quand la Chine par exemple aura encore gagné en compétitivité? Je suis persuadé que vous les étudiants, ne laisserez pas votre pays s’exclure de l’Europe», a-t-il asséné, arguant au passage que les conséquences du vote du 9février dernier sur l’immigration de masse «occasionneront de lourdes pertes financières pour la Suisse». /

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