L'égalité hommes-femmes

Jocelyne Nkiambi

La publication du livre « Politique au féminin ! » a fait l’effet d’un scandale dans la presse qui est unanime : les questions liées au féminisme dérangent. Ce pavé qui traite de la place de la femme dans le monde politique soulève des questions féminines applicables sur un champ plus large. En effet, l’inégalité hommes- femmes reste en filigrane le sujet central de l’ouvrage. Nous sommes en 1984 et à l’époque, le féminisme ne paie pas et les problématiques qui s’y rattachent encore trop ignorées. Les femmes ne sont pas très engagées dans la cause et le féminisme reste un concept réservé aux intellectuelles ou aux extrémistes comme le dit l'article. Quant aux hommes, pour eux la question est réglée depuis qu’elles ont obtenues le droit de vote (en 1971) et c’est largement suffisant ! Pourtant dans les années 1980, l’égalité hommes-femmes est une thématique plus que présente dans l’actualité. La Confédération a reconnu il y a peu (en 1981) l’égalité des sexes en l’inscrivant dans la Constitution et des organes comme la Commission fédérale  pour les questions féminines (CFQF) travaillent  depuis quelques années  en faveur de l’égalité des sexes.

De manière générale, les avis très réducteurs de l'époque sont que les  femmes devraient se contenter des quelques droits qu'on leur accorde tout en se complaisant dans le stéréotype de leur rôle de base. Pas question d'accéder à des domaines prédominés par les hommes- comme la politique par exemple -  car leur avis ne serait légitime que pour tout ce qui touche à la féminité. Ce rejet de la femme dans les problématiques sociétales importantes se ressent même dans le JdJ de l'époque. En effet, dans chaque numéro contient une rubrique intitulée " Féminin Pluriel " qui rêvet l'aspect d'une page dans laquelle les lectrices peuvent découvrir la recette du jour, des jeux tels que les mots-fléchés et un sujet qui touche directement la gent féminine.

Qu’en est-il aujourd’hui ?

Si les  positions d'autrefois ne sont que très peu surprenantes, il est tout de même intéressant de faire un bref état lieu de la situation de nos jours. Résultat des courses ? L’égalité reste un problème non-réglé et ce, malgré l’ère du  modernisme – et tout ce qui l’accompagne- dans laquelle baignons. Oui, les femmes souffrent toujours de discrimination et principalement dans les trois domaines suivants : le travail domestique, les salaires et la représentation dans les hautes sphères économiques  et politiques. En dépit de ces problèmes toujours existants, de nombreux efforts ont été fournis en Suisse notamment au niveau légal avec par exemple l’entrée en vigueur du nouveau droit matrimonial en 1988, la ratification de la Convention sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes depuis 1997 ou encore l’introduction de l’allocation pour perte de gain en cas de maternité en 2004. Ces améliorations ont valu à la Suisse la onzième place dans le classement mondial des pays les plus égalitaires pour les femmes en 2014.

Bien qu’il soit aujourd’hui communément accepté que les femmes ont obtenu tous les droits et que l’égalité soit considéré comme un principe respecté de tous,  il reste encore du chemin à faire jusqu’à ce que cet idéal soit ancré dans la réalité.

Sources:

- Vers l'égalité entre femmes et hommes, Office fédérale de la statistique (2013)

- Top Global Gender Gap Report, Ricardo Hausmann, Laura D. Tyson & Saadia Zahidi (2012)