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Bienne

Comme un délégué de l'ONU

Des élèves de Bienne, Nidau et Ipsach ont débattu à Genève

Les écoliers ont débattu au siège de l'ONU à Genève (Photo ©: Dr. Ariel King / Ariel Foundation International-LDD)

Kevin Schlüter


«Les Droits de l’enfant ne sont pas un acquis. Si la Suisse les respecte, ce n’est pas le cas de la Chine ou du Bangladesh. Pourtant, ces pays ont également ratifié la Convention internationale des Droits des enfants. Cette injustice doit être combattue.» L’air déterminé, Patrick Ziemer, 12 ans, passe la parole à son camarade de classe Niklas Prescher.

Ce dernier poursuit avec la même assurance: «Parmi nos droits se trouvent celui de la libre expression. Nous voulons en faire usage pour aider les enfants moins favorisés.»
Militant, le discours des deux élèves de l’école primaire d’Ipsach est également bien rôdé. Et pour cause. Les deux amis ont dédié plusieurs journées à sa préparation, avec pour objectif de briller au Palais des Nations.


Première historique
Le 27 mars dernier, ils ont en effet participé au Sommet de la jeunesse qui se tenait à Genève, parallèlement au Conseil des Nations Unies sur les Droits de l’enfant. Membres d’une délégation de 15 écoliers de Bienne, Nidau et Ipsach, Patrick Ziemer et Niklas Prescher se sont rendus sur place afin de débattre du droit des enfants.

«C’est la première fois de l’histoire que des enfants de moins de 14 ans ont été autorisés à entrer au Palais des Nations», s’enthousiasme Eva Nouri, institutrice d’Ipsach. Responsable de l’expédition, elle a bénéficié de l'offre de la Fondation internationale Ariel (FIA). Cette dernière organise chaque année le Sommet de la jeunesse et propose aux enfants de tous les horizons d'y participer.

«Grâce à la fondatrice de la FIA, Dr. Ariel King, nous avons obtenu les autorisations nécessaires pour nos élèves. Nous avons également eu l'occasion de découvrir le Palais des Nations, lors d'un visite guidée. Le voyage jusqu'à Genève a quant à lui été financé par les écoles», explique-t-elle.

L’enseignante s’est chargée de composer l’équipe de délégués en herbe: «Les participants devaient être âgés de 10 à 17 ans.

Nous avons présenté le projet dans les classes et les élèves se sont annoncés spontanément.» Seuls les candidats les plus doués ont cependant été retenus, cette journée à Genève faisait en effet office de test.

«L’ONU n’était pas très encline à l’idée d’accueillir des enfants. Un retour positif équivalait à un feu vert pour renouveler l’expérience l’année prochaine, alors nous voulions faire la meilleure impression possible», avoue-t-elle.

Dure vie de délégué

Parmi les 15 membres de la délégation biennoise, trois ont tenu un exposé préparé en classe.

«Ils ont été complètement indépendants dans le choix de leur thématique tout comme dans l’élaboration de leur discours», assure Eva Nouri.

Patrick Ziemer et Niklas Prescher ont choisi de sensibiliser leur auditoire au travail des enfants: «Ce mal frappe 85'000 enfant dans le monde. Si la Suisse n’est pas touchée directement, certaines de nos grandes entreprises  contribuent à la prolifération de ce problème à l’étranger. Leurs filiales en Asie et en Inde utilisent des enfants dans des conditions parfois dramatiques.» A titre de solution, ils ont créé un compte Twitter sur lequel ils relaient leurs informations et opinions.

Ils comptent également prendre contact avec les entreprises qu’ils estiment concernées. «Exiger d’elles l’arrêt de telles pratiques ne servira peut-être à rien, mais nous devons quand même essayer, pour leur montrer que cela préoccupe la jeunesse suisse», assure Niklas Prescher.
Les élèves d’Ipsach se disent comblés par cette longue journée de débats à Genève. Ils en relèvent également quelques aspects moins plaisants. «Nous avons dû passer de nombreux contrôles de sécurité et nous tenir à carreau tout le temps, car on nous surveillait», se rappelle Patrick Ziemer. Eva Nouri note avoir frôlé l’incident diplomatique à la pause de midi, lorsque ses élèves se sont mis en tête d’escalader une statue du Palais des Nations.

Quant à Niklas Prescher, il s’est dit ravi de pouvoir enfin oter son  costard à la fin: «J’avais trop chaud et il me grattait. Etre délégué est fatiguant. Mais l’effort en vaut la peine quand on peut améliorer la vie des autres.»

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