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Interpellation

«Un sacrifice de la culture biennoise»

Les partis politiques craignent que la restructuration de l’Office cantonal de la culture prétérite la culture biennoise et bilingue. Le CAF monte lui aussi au créneau

Organisée début septembre, la Schubertiade a été soutenue financièrement par l’Office cantonal de la culture. Archives

Didier Nieto

La réorganisation de l’Office cantonal de la culture inquiète les partis biennois. Dans une interpellation urgente déposée la semaine passée, l’ensemble des formations politiques – de l’UDC au PS – accusent le canton de «sacrifier la culture biennoise et bilingue».

Selon elles, la restructuration de l’office – qui devrait entrer en vigueur le 1er janvier 2016 – entraînera la disparition de la Section francophone des activités culturelles. Conséquences de ce changement: le budget attribué à la culture biennoise serait remis en question et la Ville perdrait un interlocuteur direct.

«Rien n’est encore décidé. Mais selon nos informations, c’est la variante qui est privilégiée», précise Pascal Bord (UDC), coauteur de l’interpellation. Les partis demandent au Conseil municipal de s’engager activement dans ce dossier, car «il n’est pas admissible que la culture francophone et bilingue de l’agglomération biennoise sorte prétéritée de cette réforme, non seulement par une perte financière potentielle, mais surtout une perte d’influence sur la vie culturelle».

Deux délégués à la place

De son côté, le canton préfère calmer le jeu. «Oui, un nouvel organigramme est envisagé pour l’Office de la culture. Mais l’idée n’est en aucun cas de porter préjudice à la culture francophone. Au contraire, nous cherchons à la renforcer», affirme Guy Lévy, secrétaire général adjoint de la Direction de l’instruction publique (DIP). Il rappelle d’ailleurs que «le processus est encore en discussion à l’interne comme à l’externe».

La DIP consulte notamment le Conseil du Jura bernois (CJB) et le Conseil des affaires francophones du district bilingue de Bienne (CAF).

La réorganisation de l’Office de la culture prévoit cependant bel et bien la suppression de la Section francophone. Elle serait «remplacée» par deux postes de délégués à la culture francophone: un pour le Jura bernois (prévu dans le projet sur le statu quo+) et un autre pour le reste du canton. «Ce dernier sera aussi au service de Bienne. C’est une nouvelle dynamique donnée à la culture francophone», détaille Guy Lévy, qui assure que «l’intention du canton n’est pas de diminuer le budget alloué à la culture biennoise».

Le CAF est inquiet

Les partis biennois ne sont pas les seuls à s’alarmer de la réorganisation de l’office. Le CAF redoute aussi la disparition de la Section francophone. «Le modèle actuel fonctionne bien. Le changement proposé par le canton ne représente aucune amélioration. Au contraire, nous risquons de perdre nos acquis», prévient David Gaffino, secrétaire général du CAF.

Et pour cause: le budget de la Section francophone est utilisé pour soutenir des projets culturels à Bienne, comme par exemple la Schubertiade organisée début septembre. Ce budget n’est pas garanti par la loi, contrairement à la somme allouée au Jura bernois qui est inscrite dans la Loi sur le statut particulier. «Si la section disparaissait, son budget serait dilué dans celui de l’office. Nous ne savons donc pas ce qu’il resterait pour Bienne», redoute David Gaffino.

«Il est positif que le Jura bernois sorte renforcé de la réforme de l’office de la culture, mais cela ne doit pas se faire au détriment de Bienne», ajoute Pascal Bord.

A noter que les neuf institutions biennoises reconnues d’importance régionale (les Spectacles français, le Centre PasquArt ou le FFFH entre autres) ne sont pas en danger. La réorganisation de l’office de la culture ne remettrait pas en question les subventions cantonales qu’elles perçoivent.

Bernhard Pulver interpellé

Le CAF craint également de perdre la vue d’ensemble qu’il exerce sur les demandes de subventions émanant de Bienne, qu’elles soient en français ou en allemand. Contrairement au CJB, le CAF ne dispose d’aucune compétence décisionnelle dans l’attribution des subsides. Il émet des recommandations, mais les décisions sont prises par la Section francophone ou par l’Office de la culture.

Au sein de la nouvelle structure, le CAF pourrait n’être consulté que sur les dossiers francophones. «Or, certains projets alémaniques ou bilingues, comme les festivités liées au 250e anniversaire de la Bibliothèque de la Ville, sont destinés aux deux communautés linguistiques. C’est une particularité biennoise qui nécessite un traitement à part», explique David Gaffino.

Le CAF a fait part cette semaine de son opposition au projet directement à Bernhard Pulver, directeur de l’Instruction publique cantonale. Le gouvernement doit également répondre à une interpellation déposée mi-août par Maxime Zuber (PSA). Le député-maire de Moutier estime que la réorganisation de l’office de la culture défavorisera les francophones, le terme bilingue étant selon lui souvent synonyme «d’alémanique avec maîtrise rudimentaire du français» (notre édition du 14 août).

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