Vous êtes ici

Abo

Moutier

Peu d’entrain pour la filière bilingue

Les conseillers de ville ont accepté hier soir que les écoliers rejoignent les classes gymnasiales bilingues au terme de la 10e année obligatoire. Les avis étaient toutefois partagés.

Dès la rentrée scolaire 2017, les écoliers prévôtois qui le souhaitent auront la possibilité de quitter l’école obligatoire à la fin de la 10e année pour suivre une filière gymnasiale bilingue de quatre ans à Bienne. Key Archives

Catherine Bürki

Quitter les bancs de l’école obligatoire en fin de 10e année pour suivre une filière gymnasiale bilingue de quatre ans à Bienne: jusqu’à présent impossible, cette option sera accessible aux écoliers prévôtois dès la rentrée d’août 2017. A l’instar des autres communes du Jura bernois, la Municipalité de Moutier était appelée à dire si elle rendait cette alternative possible. Hier soir, les conseillers de ville de la cité prévôtoise lui ont ainsi donné leur feu vert. Sans grand entrain toutefois, puisque seuls 23 des 38 élus présents ont opté pour le oui.

Quatorze abstentions
En bref, et comme nous l’avons déjà amplement expliqué dans ces colonnes (JdJ du 23 juin), la proposition faite hier soir aux conseillers de ville avait pour objectif de parer à un décalage de timing entre les systèmes scolaires romands et alémaniques du canton de Berne. Le oui délivré permettra ainsi aux élèves de Moutier de rallier le cursus bilingue en même temps et pour une durée identique que leurs camarades alémaniques, lesquels sont déjà tenus de suivre une formation gymnasiale sur quatre ans, dès la 11e année.

Si, au nom de l’exécutif prévôtois, la conseillère municipale Irma Hirschi a de vive voix enjoint le plénum à plébisciter cette nouvelle option de formation hier, la qualifiant notamment de grande chance pour les écoliers francophones, force est de constater que l’enthousiasme était plus modéré du côté du législatif. En témoigne le refus net d’un élu et les quatorze abstentions enregistrées (surtout dans les rangs autonomistes) lors du vote.

Si personne ne s’est alors aventuré à remettre en cause les bienfaits d’une filière bilingue, soulignons que certains ont tenu à signifier leur scepticisme quant au modèle proposé.

«J’ai l’impression que le canton utilise cette filière bilingue pour ouvrir une brèche dans le plan d’étude romand et imposer sa conception alémanique de l’école, laquelle est très élitiste, à la partie francophone du canton», a notamment indiqué la PSA Francine Richon, enseignante retraitée, faisant notamment allusion au fait que seuls les meilleurs élèves seront autorisés à rejoindre la filière bilingue au terme de la 10e année obligatoire.

Soulignant s’être elle-même battue, en tant que collaboratrice francophone de la Direction de l’Instruction publique du canton de Berne, contre l’imposition du modèle de la Quarta (formation gymnasiale sur quatre ans) dans le plan d’étude romand, elle a dit aspirer à défendre la vision francophone de l’école. «Une école qui rassemble tous les élèves sous un même toit, qui ne sépare pas les écoliers faibles des plus forts», a-t-elle précisé, avant d’annoncer son intention de voter blanc.

Le Rauraque, Alain Piquerez, a alors également appelé le plénum à s’abstenir de voter. «A l’heure où beaucoup d’entreprises se plaignent du manque d’apprentis disponible sur le marché, il n’y pas forcément de sens à transformer la 11e année obligatoire en une première année de gymnase», a-t-il relevé.

Valentin Zuber, membre du PSA comme Francine Richon a quant à lui pris la parole pour prôner le oui. «Même s’il faut regretter que c’est une nouvelle fois pour s’adapter à une réorganisation de la formation germanophone que les Romands doivent s’aligner, ce serait commettre une erreur que de faire payer le prix de cette subordination à nos jeunes», a-t-il relevé.

Dernier à vouloir s’exprimer, l’UDC Patrick Tobler a quant à lui franchement appelé à soutenir la filière bilingue. «Les industriels de la région ont besoin de jeunes qui savent parler allemand», a-t-il assuré.

Articles correspondant: Région »