Laurent Kleisl
Des engins qui rugissent sur l’onde tranquille du lac de Neuchâtel, des motos qui s’envolent, déchirant le ciel de figures artistiques dans un vrombissement assourdissant, des stars planétaires, c’est Free4Style, savant croisement entre compétition et sensations fortes. La 23e édition de l’incontournable rendez-vous des passionnés de sports motorisés version fun est la première avec, à sa tête, le Biennois Francesco Nicotra (42 ans).
«J’ai succédé à Hubert Monod à la présidence après l’édition 2014», note-t-il. «Il se retirait après 16ans au comité. Il faut dire que dans l’organisation, nous sommes tous bénévoles.»
Deux années ont passé. Au milieu, un trou béant. En 2015, Free4Style n’a pas existé, la faute au désistement de son sponsor principal. Amenant 100 000 fr. aux 700 000 fr. de budget, Swatch s’est retiré, la manifestation ne cadrant plus avec ses plans promotionnels.
Employé au service marketing d’Omega, autre marque du Swatch Group, Nicotra a vécu l’affaire entre deux sentiments. «Oui, pour moi, c’était très bizarre, mais j’ai su faire la part des choses», confie-t-il. «Je sais comment ça marche, je connais parfaitement la ligne marketing du groupe. La boîte s’est tenue à sa stratégie. C’est le business.»
Aujourd’hui, les organisateurs travaillent avec une enveloppe de 850 000 fr. Un miracle? Jésus distribuant les pains? «Au lieu de nous appuyer sur un gros sponsor, nous avons cherché plusieurs partenaires plus petits et renégocié les prix avec nos fournisseurs», explique le boss. «Notre équipe a cravaché et opéré un véritable travail de fourmis pour réunir ce budget, car dans l’événementiel, c’est difficile.»
Jet-ski et sécurité
En poste depuis deux ans, le président peut enfin officiellement étrenner son «titre». Sa position à la tête de l’organigramme suit une certaine logique. «J’ai rejoint le comité d’organisation il y a neuf ans. J’ai un peu porté toutes les casquettes, mais j’étais surtout responsable de la sécurité de tout ce qui se passe sur l’eau, c’est-à-dire le jet-ski et le wakeboard.»
Car son truc à lui, c’est le jet-ski, c’est la vitesse et ces fous furieux défiant l’élément liquide à tombeau ouvert. «J’ai un peu tâté à la compétition avant de me spécialiser dans la sécurité, ce qui m’a permis de prendre part à deux reprises aux championnats du monde, aux Etats-Unis, dans l’équipe de sauveteurs. C’est la Mecque du jet-ski. Une expérience extraordinaire.»
Si le jet-ski est désormais présenté à Estavayer-le-Lac, le Biennois y est pour quelque chose. Cet apport naît des racines qui le lient au Free4Style. Il raconte: «À la base, Free4Style, c’est une bande de copains qui se retrouvaient pour prendre du fun avant de vider quelques packs de bière. Ce noyau de base, c’était tous des potes de longue date, des Fribourgeois avec lesquels j’ai souvent voyagé. Au début, je n’étais que spectateur, je me rendais à la manifestation pour voir des gars rider et, aussi, pour un peu faire la fête. Etant donné que je pratiquais le jet-ski, je leur ai dit qu’ils devraient essayer de l’introduire à leur programmation. Cela a été fait en 2006. Depuis, je suis membre de l’organisation et le jet-ski est monté en puissance.»
Comme la manifestation, un must pour les amateurs de sports mécaniques déjantés. «L’événement a grandi petit à petit, à son propre rythme. Pour ce faire, chacun a utilisé ses contacts dans le milieu.»
Avec Mat Rebeaud
Entre aujourd’hui et dimanche, les rives fribourgeoises du lac de Neuchâtel vont sortir de leur douce torpeur estivale par la faute de Nicotra et sa bande. Avec au programme, notamment, Mat Rebeaud, superstar mondiale de FMX (freestyle moto-cross). «On est dans son jardin!», coupe le Biennois. «Il doit habiter à 100 m du lieu de la manifestation. Mat est une référence mondiale et, pour nous, un ambassadeur de premier ordre. Il est assez impliqué, il nous conseille toujours très volontiers.»
Gronder moteurs et volez jeunesse. Et, si possible, atterrissez en un seul morceau.
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