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Arc jurassien: La Chaux-de-Fonds

Logis nomade en panne de sol

Valérie Glardon prend sa petite maison partout où elle va

La maison nomade offre en théorie la possibilité de vivre là où la fantaisie mène son propriétaire. Dans la pratique, les acquéreurs n’ont pas d’autre choix que de vivre en camping, comme les possesseurs de caravane. sp

Sandra Hildebrandt

«Je voulais une vie plus simple, plus modeste», explique la Chaux-de-Fonnière Virginie Glardon. Pour s’alléger du trop-plein matériel qu’elle ressentait, elle a acheté une tiny house. En bois, cette minimaison mesure 6m sur 2,5m de largeur,  soit le maximum pour pouvoir emprunter le réseau routier suisse. Elle entend y vivre avec son fils de 11 ans.

Son maître mot? Moins. «Je souhaitais être davantage dans le minimalisme et l’écologie. Nous consommerons moins d’électricité, moins d’eau, moins de tout...»

Avec un bon aménagement, chacun disposera de son coin dans cet espace restreint. «Le but est de beaucoup sortir. Nous serons près de la forêt et aurons un jardin où nous installerons un trampoline», explique la future propriétaire. C’est cela «l’esprit tiny», comme le décrit Pascal Cornu, fondateur de Swiss Tiny House Sàrl, l’unique entreprise suisse qui produit ces maisons: «Le désir de vivre dans la nature, au calme.»

Une production locale

Le concept, né en 2008 aux Etats-Unis, connaît un succès grandissant dans le monde entier. Virginie Glardon l’a découvert sur internet. Lorsqu’elle débarque en Suisse, à la fin de l’année dernière, la jeune femme se décide. «Cela m’avait toujours plu. Le fait de pouvoir en disposer ici a été l’occasion». Une visite de tiny houses lors des portes ouvertes de l’entreprise qui les construit, un crédit sur plusieurs années et le tour était joué.

Virginie Glardon recevra sa maison miniformat en septembre. Environ six semaines sont nécessaires aux deux menuisiers de l’entreprise pour venir à bout de la construction d’un petit modèle, entièrement produit près d’Yverdon-les-Bains, à Ependes (VD).
L’entreprise, dont le siège social est à Cheyres (FR), sur la rive sud du lac de Neuchâtel, est la seule de Suisse sur ce créneau. Elle a déjà vendu 29 de ces minimaisons depuis sa création en novembre dernier. Et elle compte doubler, voire tripler, la production dans les prochains mois.

Ces demeures sont produites sur commande et selon les envies des clients, avec des matériaux principalement suisses. «Les personnes qui choisissent une tiny house sont sensibles à l’écologie», affirme Pascal Cornu. «Nous travaillons donc beaucoup sur la qualité: du cèdre rouge à l’intérieur, un bois résistant qui dure des années.» Variant entre cinq et huit mètres de longueur, elles peuvent accueillir jusqu’à quatre personnes. Le prix? Entre 35000 et 70000 francs, selon la taille et l’aménagement intérieur choisis.

S’épargner des loyers

Pour l’entrepreneur, il s’agit surtout d’un phénomène social. «Les gens ont en marre de cette vie à 300 km/h», observe-t-il. Les clients se séparent  alors de certains de leurs biens et créent leur propre petit cocon. «Impossible de tout prendre avec, nous stockerons les habits d’hiver, par exemple dans un local. Nous ferons des caisses et irons de temps en temps changer nos affaires», prévoit la Chaux-de-Fonnière.

Pour beaucoup, c’est également l’occasion de ne plus avoir de loyer à payer et la possibilité de partir plus facilement. «Je crois que le rêve de tous les acheteurs est de vivre plusieurs mois dans sa tiny et d’être en vacances le reste du temps», note Pascal Cornu.
Mais le rêve a ses limites. Il reste difficile en Suisse de trouver un emplacement pour poser sa minimaison (voir ci-dessous).

Virginie Glardon a donc opté pour le camping. Elle compte y demeurer plusieurs années, tant que son fils sera à l’école. Le fondateur de l’entreprise ira lui aussi installer sa tiny house au camping. Qui sait, ce sera peut-être le début du village Tiny House dont a souvent rêvé Virginie Glardon...

Maisons particulières

Les tiny houses ne sont ni des caravanes, ni des mobiles homes. Les premières ne sont pas faites pour être habitées et les secondes, volumineuses, sont difficiles à déplacer.

Combinant les avantages des deux, la tiny house est une petite maison entièrement équipée, créée pour être mobile et habitable à l’année, de par son isolement et son système de chauffage.

Autonomes en électricité et en eau, elles sont toutefois inconnues dans la législation suisse et doivent être expertisées.

 

Où donc vais-je poser ma maison?

Interdit  La législation suisse ne prévoit rien sur les tiny houses, fraîchement débarquées en Suisse. Il est donc difficile de trouver un emplacement. A La Chaux-de-Fonds, comme dans pratiquement toutes les villes, «le règlement de police est très clair, il est interdit à tout véhicule habitable de stationner sur la voie publique», rappelle le commandant de la Sécurité publique, Baptiste Develey.

Permis  Et s’installer sur un terrain privé, c’est compliqué aussi. La législation en vigueur exige un permis de construire pour  «l’établissement de résidences mobiles, de caravanes habitables, de tentes, etc., à l’extérieur d’un terrain de camping autorisé, pour autant qu’elles soient installées au même endroit pour plus de deux mois par année civile». Le permis exigé est certes simplifié, mais c’est un permis quand même.

De nombreuses personnes choisissent donc de s’établir dans un camping en attendant que les règlements s’assouplissent.

Parmi les autorités contactées, peu ont déjà entendu parler des tiny houses. «Pour l’instant, nous ramons. Je pense que cela viendra, on nous offrira des zones où les placer. Mais il faudra lutter», anticipe  Pascal Cornu, fondateur de la société productrice. £

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