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Lutte suisse

Un concentré de «suissitude»

Comme prévu, la Fête fédérale a fait la part belle aux traditions.

Le drapeau rouge à croix blanche était omniprésent ce week-end du côté de Payerne. Keystone

Payerne
Emile Perrin

Il est 16h57 à Payerne, Matthias Glarner met un point final à la 44e édition de la Fête fédérale de lutte et des jeux alpestres en s’adjugeant le titre suprême de roi de la lutte aux dépens d’Armon Orlik. Les tribunes bondées de l’arène érigée sur l’aérodrome militaire de Payerne explosent après avoir retenu leur souffle pendant près d’un quart d’heure qu’a duré cette passe finale. Une dernière empoignade en guise de feu d’artifice final d’un week-end où la Suisse s’est mise en vitrine pour elle-même.

Car une Fête fédérale de lutte, c’est une ode à tout un pays et ce qu’il regorge de traditions, mais aussi de savoir-faire et de savoir-vivre. Le tout, même en pays romand, avec une organisation minutieuse que ne reniaient pas les nombreux Alémaniques venus célébrer une discipline culte de leur côté de la Sarine.

«On est bien en Suisse romande, tout est bien organisé. Peu importe où elle se déroule, une Fête fédérale reste un événement incontournable», soufflaient la totalité des habitués que nous avons croisés, forcément pas dépaysés entre les innombrables cors des Alpes flanqués de leurs acolytes lanceurs de drapeaux.

Ceux qui venaient pour la première fois n’étaient pas moins enthousiastes et décidés à profiter du spectacle dans l’arène. «Les installations sont impressionnantes. Les lutteurs sont de vrais athlètes qui méritent d’évoluer dans une telle ambiance et un si beau stade», jubile Raymond, une chemise edelweiss sur le dos, bien sûr.

Car la lutte, c’est aussi l’identification aux traditions. «Le sport en lui-même est ancré dans notre pays. Mais il faut aussi souligner l’esprit remarquable des lutteurs. Ils doivent certes épousseter le dos de leur vaincu, mais ils s’attardent aussi auprès de leur adversaire s’il est blessé, on l’a vu plusieurs fois. On sent un vrai respect qui n’est pas feint», souligne Marcel, content d’avoir vécu cette expérience.

Si le respect est toujours remarquable sur les ronds de sciure, il n’est pas moins redoutable aux alentours. «Personne ne joue des coudes, tout le monde est tranquille. Les cantines peuvent servir des bières dans des bouteilles en verre, il n’y aura pas le moindre problème», constatait, l’une d’elle à la main, Nicolas, avant d’aller, comme tous les autres, déposer sa «topette» dans les caisses prévues à cet effet au coin de ramassage des déchets.

Si les piles se sont accumulées au fil de la journée d’hier, personne n’a cherché, ni même pensé, à les faire tomber.

«Oui, tout cela est bien Suisse. Mais je ne vois pas où est le problème puisque tout se passe bien, que les gens sont respectueux et de bonne humeur», relevait Arnold, accoudé à une table d’un stand Swiss Milk, pris en sandwich entre Rivella et Ramseier. «Nous nous battrons toujours dans la sciure, mais pas pour le blé», a lancé le président du comité d’organisation de la prochaine édition, à Zoug, dans trois ans.

Et si c’était ça le secret?

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