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Journée internationale des handicapés

C'est déjà mieux, mais pas encore parfait

Sebastiano Carfora, de Corgémont, est le vice-président de l’Association Suisse des Paralysés et le président régional. A son domicile, derrière lui, un ascenseur qui lui offre davantage de liberté.

Matthieu Hofmann

«Il faut reconnaître qu’il y a eu beaucoup d’améliorations, mais il reste encore beaucoup à faire.» Sebastiano Carfora, président de la Section Jura/Neuchâtel/Jura bernois/Bienne romande   de l’Association Suisse des Paralysés (ASPr), a accepté de profiter de cette Journée mondiale des handicapés décrétée par l’ONU en 1992 pour faire le point sur la situation des accès à mobilité réduite dans le Jura bernois.


Du dialogue, surtout
Soucieux de n’incriminer personne, cet habitant de Corgémont lui-même en chaise roulante explique, toujours avec le sourire, qu’il a vécu bon nombre de situations qui, à l’entendre, provoquent l’étonnement.  
Comme cet employé d’une commune de la région qui justifiait ces tas de neige sur la seule place handicapée à la ronde parce qu’il ne savait pas à quel autre endroit il pouvait les mettre. «Il y avait une vingtaine de places, une seule était pour les personnes en situation de handicap», s’amuse Sebastiano Carfora. «Nous avons discuté et depuis, il n’y a plus jamais eu de neige sur cette place».
Un exemple qui démontre la technique Carfora. Ne pas s’offusquer, ne pas brusquer, mais simplement dialoguer. «Les gens sont presque étonnés de me voir leur parler aussi tranquillement», relate-t-il encore. «C’est aussi une preuve de mon acceptation du handicap.» Et d’ajouter que d’instaurer le dialogue en évoquant une maman et sa poussette ou une personne âgée avec un déambulateur a davantage d’impact que de faire part des obstacles que rencontre une personne en situation de handicap. «Ce sont des situations imaginables», glisse-t-il. «On ne se dit pas qu’on sera un jour en fauteuil roulant.»
Et quand bien même places spécifiques il y a, encore faut-il qu’elles soient adaptées. «Une barrière mal placée, une simple poubelle ou un trottoir trop haut peut nous contraindre à renoncer et à devoir aller nous garer ailleurs», détaille celui qui, outre son poste de président de section, est également vice-président de l’ASPr au niveau suisse. «Sur certains véhicules, l’élévateur de fauteuils est à l’arrière alors que sur d’autres il est latéral.» Des considérations d’importance  à prendre en compte donc.


Qu’elles soient consultées
D’où ce regret de Sebastiano Carfora: «Les personnes handicapées devraient être davantage consultées quand une structure doit être adaptée ou mise sur pied.» Ne remettant pas du tout en cause la compétence des ingénieurs ou architectes, il entend simplement qu’une personne valide ne peut pas se rendre compte de tous les besoins d’une personne en chaise. Exemple concret dans un commerce de la région où une marche l’empêche d’entrer.  «Les employés ont voulu me porter à l’intérieur, avec mon fauteuil.» Et le solide bonhomme de leur lancer avec un accent italien qu’on ne se risquera pas à retranscrire:«Mais qu’est-ce que vous faites?» Suite à ses conseils, une planche en carbone est désormais prévue si besoin. Et une sonnette a été installée. Altruiste, Sebastiano Carfora rappelle que malvoyants, sourds ou muets, notamment, doivent tout autant être considérés.


Mieux vaut avant qu’après
L’association Procap, par la voix de Sabrina Salupo, responsable de la section formation et sensibilisation au secrétariat romand à Bienne et du portail www.accessibilite.ch, explique que leurs architectes sont spécifiquement formés pour les besoins des personnes en situation de handicap. «Certaines communes et cantons, lors de projets de construction, nous demandent automatiquement conseil», assure-t-elle. «Et certains bureaux d’architectes font pareil.» Sabrina Salupo ajoute qu’il est souvent bénéfique, notamment au niveau financier, qu’un architecte spécialisé soit consulté. «Des adaptations après construction sont plus onéreuses.»
Selon Sabrina Salupo, le Jura bernois, au sujet de l’accessibilité aux personnes à mobilité réduite n’est ni en avance ni en retard par rapport aux autres régions du pays. Ce que confirme Sebastiano Carfora. Ce dernier apporte tout de même une nuance. «Les villes sont plus adaptées que les régions périphériques», note-t-il.
Autant Sabrina Salupo que Sebastiano Carfora admettent que la Loi fédérale sur l’élimination des inégalités frappant les personnes handicapées, entrée en vigueur au 1er janvier 2004 et qui oblige les nouvelles contructions et les rénovations à être adaptées, a permis d’accélérer les choses.

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