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Chronométrage

Un dispositif qui va aider les coureurs à améliorer leurs performances

Longines a développé une innovation technologique majeure qui permet notamment de mesurer en direct et en continu la vitesse de l’athlète en course. Ce dispositif sera introduit à l’occasion des Championnats du monde de ski.

La championne Mikaela Shiffrin est aussi une des ambassadrices de la maison Longines ldd

Philippe Oudot

Un discret petit boîtier d’à peine 12 grammes et de quelques centimètres carrés fixé à la chaussure des coureurs: c’est ainsi que se présente la nouvelle innovation majeure en matière de chronométrage dans le monde du cirque blanc que Longines a officiellement présentée hier à Saint-Moritz, où vont se dérouler les Championnats du monde de ski 2017.

Développé par les ingénieurs de Longines et de la société sœur Swiss Timing (voir «qui est Swiss Timing?), ce nouveau système baptisé Longines Live Alpine Data est un concentré de technologies qui fait entrer le chronométrage des courses de ski dans une nouvelle dimension. «Jusqu’à présent», explique Alain Zobrist, CEO de Swiss Timing, «on disposait des données en temps des coureurs au départ, lors des différents temps intermédiaires, et à l’arrivée. Cette nouvelle technologie fournit une foule de données supplémentaires en temps réel et durant toute la course!»

Concrètement, le boîtier, qui intègre un senseur radar et des capteurs de mouvements, permet de mesurer en direct la vitesse du coureur en continu, son accélération, sa décélération, le temps qu’il met pour atteindre les 100 km/h. Entre autres. A Saint-Moritz par exemple, où le départ est l’un des plus abrupts du monde, «les skieurs mettent à peine plus de 4 secondes pour atteindre cette vitesse!», assure Alain Zobrist. Et ils atteignent les 140 km/h en 6 secondes.

Disséquer la course
Grâce à ce dispositif, «on peut par exemple analyser la technique de propulsion de l’athlète avec ses bâtons sur les premières dizaines de mètres d’une course», poursuit-il. «Et lors de sauts, il est possible de déterminer la vitesse au moment du décollage, le temps passé en l’air, et la vitesse au moment où l’athlète touche à nouveau le sol.»

Ces données enregistrées tout au long du parcours permettent, d’une part, de comparer les performances des athlètes entre eux et, d’autre part, elles offrent aux coureurs et aux entraîneurs des éléments factuels d’analyse de la course. «Cela va donc les aider à corriger certains défauts et à améliorer encore leurs performances!», s’enthousiasme le boss de Swiss Timing.

Aussi pour les spectateurs
Mais coureurs et entraîneurs ne seront pas les seuls à bénéficier de ces données. «Nous allons également les mettre à disposition des spectateurs, qu’ils soient dans l’aire d’arrivée ou derrière leur petit écran. Sur des tronçons dûment sélectionnés en fonction de leur intérêt, ces données seront incrustées graphiquement, de manière ponctuelle, sur l’écran TV.» De quoi offrir aux commentateurs sportifs des données factuelles et précises supplémentaires pour enrichir leurs commentaires, et permettre aux spectateurs de vivre la course encore plus intensément.

Dans un premier temps, cette innovation technologique sera introduite pour les courses de descente et de Super-G. Mais l’objectif est bien sûr de la mettre également à disposition pour les compétitions de slalom et de slalom géant. En slalom par exemple, elle pourra par exemple fournir des indications très précieuses sur les prises de carres de l’athlète.

Si le petit boîtier fera son entrée officielle durant ces Championnats du monde, ses composants sont testés depuis la saison 2015-2016 sur différentes pistes du cirque blanc. Notamment dernièrement, lors des entraînements sur les pentes du Lauberhorn.

«Dans son ADN»
Comme le souligne Alain Zobrist, avec cette innovation technologique, Longines démontre que la marque reste à la pointe en matière de chronométrage, «un domaine qui fait partie de son ADN», notamment dans le monde du ski. La première mention de la marque dans le chronométrage d’une compétition date de 1924, lors d’une course militaire. Mais la véritable implication de la marque au sablier ailé dans la mesure du temps lors d’épreuves de ski alpin se situe en 1933, lors d’une course qui s’était déroulée à Chamonix.

S’agissant de ce système Longines Live Alpine Data, «il a impliqué beaucoup de partenaires et est le fruit de la collaboration entre nos ingénieurs, les instances de la FIS, les athlètes, leurs entraîneurs, ainsi que les partenaires de télévision», note Alain Zobrist.

Conditions extrêmes
Il a par exemple fallu déterminer où installer le petit boîtier intelligent pour qu’il ne perturbe pas les performances des coureurs. «Il est logiquement placé à l’arrière du soulier, mais il a aussi fallu discuter avec les fabricants de chaussures de ski pour qu’on puisse standardiser le système de fixation», relève le CEO de Swiss Timing. Et vu les conditions extrêmes – froid, humidité, chocs, etc. – qu’on peut trouver lors des courses, les ingénieurs ont aussi dû s’assurer de la qualité des batteries, de la résistance des équipements technologiques embarqués, afin de garantir la précision et la fiabilité des données transmises en simultané.

Comme le souligne Alain Zobrist, ce dispositif de transmission de données en temps réel constitue en fait une évolution d’une technologie introduite par Longines dans les courses d’hippisme, la toute première fois en avril 2016 lors des Longines Queen Elisabeth Stakes de Sydney. Il permet de visualiser très précisément le positionnement de chaque cheval lancé au galop. «Le système développé pour le ski n’est toutefois pas vraiment comparable. Disons plutôt que nous avons personnalisé cette technologie pour l’adapter au monde du cirque blanc», explique Alain Zobrist.

Et de préciser que ce système n’a rien à voir avec ce qui existe en Formule 1 par exemple, qui utilise la technologie GPS. «Avec ce dernier, le degré de précision est d’un ou deux mètres, alors qu’avec le nôtre, il est de l’ordre d’un ou deux centimètres», souligne-t-il. Une précision déterminante dans une course de ski, où la victoire se joue parfois au centième de seconde.

Mais justement, pourquoi mesurer le temps seulement au centième, alors que la technologie permet d’être bien plus précis? «Nous sommes effectivement capables de mesurer le temps au millionième de seconde, mais ce sont les fédérations sportives qui déterminent le degré de précision souhaité. Ensuite, nous calibrons nos équipements en fonction de leur règlement. En l’occurrence au centième pour le ski.» Mais quand deux coureurs terminent dans le même centième, la FIS aurait-elle la possibilité de déterminer malgré tout lequel des deux est devant? «Non, c’est impossible puisque les instruments sont étalonnés au centième.»

 

Engagement sportif de longue date

Philippe Oudot

Pour Longines, les activités de chronométrage font partie de son ADN. «Qu’est-ce que le chronométrage, sinon la mesure du temps? Or, nous fabriquons du temps depuis 1832», souligne Juan-Carlos Capelli, vice-président de la maison imérienne. La première mention comme chronométreur est presque aussi ancienne que son histoire et remonte à 1878. Cette année-là, la marque au sablier ailé avait envoyé à New York ses premiers chronographes précis à la seconde pour y chronométrer une course de chevaux. Aujourd’hui encore, les compétitions hippiques, suivies du ski, restent le principal engagement de Longines dans le chronométrage.

Le ski, naturellement
Mais de par son environnement dans l’Arc jurassien, où les hivers étaient autrefois bien plus rigoureux, Longines s’est tout naturellement impliquée dans le chronométrage de compétitions de ski, et cela dès 1933. Quatre ans plus tard, en 1937, la maison horlogère mettait au point un système de chronométrage photoélectrique, qui remplaçait celui dit du fil coupé. «Pour nous, le ski a toujours été une activité très importante. C’est d’ailleurs pour des courses de ski que Longines a développé la toute première horloge à quartz, en 1954», indique Juan-Carlos Capelli. C’est sur la base de cette horloge que cette technologie a été miniaturisée à la fin des années 60 pour être ensuite introduite dans la montre en 1969.

L’engagement de Longines dans le chronométrage du ski s’est poursuivi et a permis d’apporter des améliorations au fil des ans. Et comme le relève le vice-président, «ce type de chronométrage représente un défi assez extraordinaire en raison des conditions parfois extrêmes dans lesquelles les épreuves se déroulent. Or, aussi terribles soient-elles, nous devons garantir la mesure du temps avec exactitude, tout comme l’exploitation des données en temps réel. Nous n’avons pas droit à l’erreur!» Et depuis 2006, la maison imérienne est le partenaire et le chronométreur officiel de toutes les courses du cirque blanc organisées par la FIS.

Tous de la même famille
Si, autrefois, Longines était entièrement autonome dans le domaine du chronométrage, la marque s’appuie désormais sur Swiss Timing, sa société sœur au sein du Swatch Group. Comme le souligne Juan-Carlos Capelli, «les gars de Swiss Timing font partie de la famille. D’ailleurs, beaucoup viennent de chez nous! Il n’y a finalement que quelques kilomètres de distance entre Saint-Imier et Corgémont!»

Il souligne en tout cas que le monde du chronométrage n’est pas à la portée de chacun et qu’il nécessite un gros engagement. Les courses de ski démarrent en effet en octobre à Sölden, en Autriche, et se terminent au printemps. «Rien que pour le chronométrage des courses de ski, cela signifie que nos chronométreurs passent six mois par année aux quatre coins du monde!»

Mais sachant que ces courses intéressent surtout l’Europe, ne vaudrait-il pas mieux miser sur un sport plus global? Non, rétorque le vice-président. D’abord, parce que les choses changent. Si les compétitions de ski passionnaient surtout l’Europe il y a 20 ou 30 ans, l’intérêt pour ce sport va croissant dans le monde.

Boom en Chine
Aux Etats-Unis notamment, grâce aux exploits d’athlètes comme Mikaela Shiffrin ou Lindsey Vonn, mais aussi en Asie, depuis que des épreuves de Coupe du monde s’y déroulent. En Corée, au Japon et plus récemment en Chine. Le vice-président de Longines souligne par ailleurs que l’Empire du Milieu recèle un fort potentiel, les stations de ski s’y multipliant comme des petits pains.

Et si Longines continue de s’investir à fond dans le ski, c’est aussi «parce que ce sport symbolise parfaitement les valeurs de notre marque: précision, mais aussi élégance. De plus, c’est un sport pratiqué autant par les hommes que par les femmes. N’oubliez pas que la moitié de nos montres sont des modèles féminins!» Ce n’est donc pas par hasard si les stars du ski que sont Mikaela Shiffrin ou Aksel Lund Svindal figurent parmi les ambassadeurs de la marque.

En point d’orgue
S’agissant de ces Championnats du monde, Juan-Carlos Capelli souligne qu’ils sont le point d’orgue de la saison, car chaque coureur rêve de gagner. C’est donc un rendez-vous très important, pour Longines aussi. «Voilà pourquoi nous avons mis en place une grosse opération à Saint-Moritz. D’abord, avec l’introduction de cette nouvelle technologie.»

Par ailleurs, la marque est partenaire d’autres événements et animations qui se dérouleront pendant ces Championnats du monde. A commencer par la fameuse White Turf, cette course de chevaux pur-sang qui se déroule sur le lac gelé de Saint-Moritz. C’est également là que la marque horlogère va organiser la 4e édition des Longines Future Ski Champions, compétition qui permet aux meilleurs jeunes skieurs internationaux de moins de 16 ans de participer à une course d’envergure internationale sur les pistes officielles de la Coupe du monde FIS.

Mais ce n’est pas tout, ajoute Juan-Carlos Capelli. «Longines entretient des liens avec Saint-Moritz depuis 1894 et est le Partenaire officiel de la station depuis 2015. Cette année, nous allons organiser au centre du village une exposition qui retrace l’histoire qui lie notre marque à ce haut lieu.» Pour célébrer ce partenariat, Longines a lancé la Conquest Saint-Moritz, un chronographe en série limitée qui se décline en modèle homme et dame.

Enfin, pour les amateurs de sensations fortes, Longines leur propose de se faire quelques frayeurs en s’élançant sur la piste de descente des Championnats du monde, mais… virtuellement, grâce à un simulateur!

 

Qui est Swiss Timing?
Unir les forces  La société Swiss Timing, qui s’appelait à l’origine Société suisse de chronométrage SA, a été fondée en 1972 par Longines et Omega. Jusque-là, les deux maisons horlogères étaient concurrentes sur le marché du chronométrage sportif et disposaient chacune de leur propre équipe. Mais face à la concurrence étrangère, japonaise en particulier, les deux marques décidèrent d’unir leurs forces en créant cette société commune.

100 disciplines  Aujourd’hui, Swiss Timing compte parmi les leaders mondiaux de la transmission d’information lors d’épreuves sportives. Cette société du Swatch Group travaille en étroite collaboration avec plusieurs marques du géant horloger, en particulier avec Longines (ski, hippisme, gymnastique, tir à l’arc, tournoi de Roland-Garros) et Omega (Jeux Olympiques, athlétisme, natation, golf), Tissot (basketball, hockey sur glace, cyclisme, escrime) et Swatch (beach volley). Elle assure non seulement le chronométrage, mais aussi toute la gestion et la transmission de données dans une centaine de disciplines sportives différentes.

Progrès constants  Avec l’évolution technologique, le chronométrage a évolué de manière exponentielle. Lors des Jeux Olympiques de Los Angeles, en 1932, Omega avait livré 30 chronomètres rattrapants. Aujourd’hui, pour assurer le chronométrage des Jeux Olympiques d’été, cela représente plus de 450 tonnes de matériel, plus de 170 km de câbles et de fibres optiques, et une septantaine de tableaux d’affichage. Quant au personnel nécessaire, il faut compter près de 450techniciens, épaulés par 800 volontaires.

 

Courses de ski en chiffres
86 Nombre d’épreuves de la Coupe du monde de ski de la FIS durant toute la saison.

31 Nombre de stations où se déroulent ces compétitions.

13 Nombre de pays dans lesquels ont lieu ces épreuves.

10 Poids (en tonnes) du matériel déployé le long des pistes et à l’arrivée pour le chronométrage des épreuves des Championnats du monde, à Saint-Moritz.

20 Nombre de chronométreurs engagés à Saint-Moritz.

2 Nombre de chronométreurs en charge de la gestion du Longines Live Alpin Data.

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