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Eschert

Au chevet des blessés de Mossoul

Infirmière de 27 ans domiciliée à Eschert, Maude Gsteiger se trouve depuis un mois en Irak dans un hôpital de Médecins Sans Frontières situé près de Mossoul, ville où la guerre fait rage. Cette unité prend notamment en charge les «cas rouges», ceux avec un risque vital engagé.

Photo MSF

Michael Bassin

«Avant, je voyais de terribles images à la télévision mais je ne percevais pas clairement tous les enjeux de cette guerre. Maintenant, je la vis au quotidien et je partage la souffrance de ces gens.» Depuis un mois, Maude Gsteiger est active en Irak, près de Mossoul, en tant qu’infirmière pour le compte de Médecins Sans Frontières (MSF). «Je pense que je suis plus compréhensive qu’auparavant. Je suis contente de pouvoir m’impliquer d’une manière ou d’une autre dans la dure réalité de ce conflit», confie la jeune citoyenne d’Eschert.

Ce profond désir de s’engager professionnellement pour les plus démunis et les plus meurtris remonte à ses études. «Durant mon école d’infirmière à Lausanne, j’ai eu la chance de faire un stage en Inde dans un dispensaire. Cette expérience m’a ouvert les yeux sur les besoins de chacun à travers le monde», explique-t-elle.

Engagée depuis 2016 pour l’ONG humanitaire MSF, l’infirmière a déjà œuvré au Congo et à Haïti. Place désormais à l’Irak. «Je suis arrivée sur le projet à Hammam al-Alil le 27 mars. Ma mission va durer trois mois», indique-t-elle. «Ma responsable de carrière du bureau de MSF en Belgique m’avait contactée quelques jours avant mon départ pour me proposer cette mission. Elle m’a expliqué brièvement le contexte du projet, tant au niveau professionnel qu’au niveau sécuritaire. J’avais bien évidemment le choix de l’accepter ou non. Mais je devais prendre ma décision très rapidement.»

«Situations très intenses»
Maude Gsteiger se trouve donc à Hammam al-Alil, une ville située à 20 km au sud de Mossoul, sur l’axe reliant Mossoul à Bagdad. Médecins Sans Frontières y a ouvert un hôpital de chirurgie de guerre au mois de février, lorsque l’offensive a commencé à Mossoul ouest. «Ici, nous traitons tous les traumatismes graves, les cas rouges: avec un risque vital engagé. Dernièrement, nous avons étendu nos activités aux cas moins graves, les cas jaunes et aux cas dit ‹non traumatiques›». L’unité spécialisée est composée de deux salles opératoires et d’une capacité d’hospitalisation d’environ 30 lits. «Les situations que je rencontre quotidiennement sont très intenses, nous soignons principalement des civils qui ont tout perdu dans ce conflit. Ils ont fui leur ville, leur maison et bien souvent leur famille est décimée», relate-t-elle.

La semaine dernière, l’hôpital a par exemple reçu les membres de deux familles qui souffraient de graves brûlures suite à l’explosion d’une voiture piégée dans leur quartier. Certains membres de la famille n’ont même pas survécu. «C’est ce genre de situations qui est très difficile à gérer émotionnellement. Particulièrement lorsque des enfants ont de graves blessures.»

Maude Gsteiger assume des tâches variées. «Je suis responsable infirmière pour les unités d’hospitalisation. Je m’occupe du recrutement du staff national, de leur formation mais aussi de toute la partie organisationnelle et administrative. De plus,  je soutiens aussi les activités aux urgences lors de grand afflux de patients et je suis de garde quelques nuits par semaine», explique-t-elle.

Interrogée sur les risques inhérents à la mission, l’infirmière explique que son travail au quotidien lui fait oublier le contexte. «Je prends soin de mes patients comme je l’ai toujours fait en Suisse auparavant. Il est évident que parfois le bruit des tirs et des explosions les plus proches me renvoie tristement à la réalité», répond-elle avant de conclure: «Je me sens en sécurité ici, car j’ai confiance en MSF et je sais que l’aspect sécuritaire est une priorité.»

 

 

Déjà engagée au Congo et à Haïti

Aujourd’hui âgée de 27 ans, Maude Gsteiger a grandi à Perrefitte et vit désormais (lorsqu’elle n’est pas sur le terrain) à Eschert. C’est à la Haute Ecole de Santé La Source, à Lausanne, qu’elle a effectué ses études d’infirmière. Elle a ensuite travaillé durant trois ans au Centre Hospitalier de Bienne dans une unité de chirurgie générale. Puis, elle a entrepris un postgraduat en médecine tropicale à l’Institut de médecine tropicale d’Anvers, en Belgique. Son engagement avec Médecins Sans Frontières remonte à janvier 2016. Avant l’Irak, elle comptait deux missions à son actif, la première au Congo pour une campagne de vaccination contre la fièvre jaune, la deuxième à Haïti dans un centre de référence de traumatologie et de chirurgie d’urgence.

La bataille de Mossoul

Après avoir repris le contrôle de Mossoul-Est face au groupe Etat islamique, les forces de sécurité irakiennes, épaulées par une coalition internationale, ont lancé en février dernier une offensive sur l’ouest de la ville. On estime que 400 000 personnes sont bloquées dans Mossoul-Ouest.Dans l’unité spécialisée en traumatologie ouverte à Hammam al-Alil, l’équipe de MSF prend en charge des personnes blessées par des tirs, bombes et éclats d’obus. «En général, les patients arrivent après avoir été stabilisés dans des postes médicaux proches de la ligne de front, installés par des militaires. Durant ses six premières semaines d’activités, l’hôpital a admis 1400 patients. La moitié d’entre eux étaient des femmes et des enfants», apprend-on sur le site de MSF. Les patients arrivent généralement par vague. Dans la même journée, l’hôpital peut recevoir jusqu’à 50 blessés, parfois en une heure.

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