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Bienne

Une correction sous forme d'exposition

L’exposition itinérante «Régions entreLACées» consacrée aux 150 ans de la première correction des eaux du Jura a été inaugurée vendredi. Elle restera à Bienne jusqu’à dimanche.

L'exposition est présenté dans deux conteneurs maritimes (Copyright Stefan Leimer / Journal du Jura)

Christian Kobi

Il fut une époque où le Seeland était la proie de crues régulières qui inondaient les maisons et les étables, anéantissaient les récoltes et mettaient en danger le bétail. Pauvreté, fièvre des marais (malaria) et exode forcé étaient autant de signes d’une situation économique catastrophique. Du coup, les appels à l’aide de la population se sont faits de plus en plus pressants: il devenait nécessaire de corriger les eaux du Jura, grâce à des opérations de curages, d’assainissement et de détournement des cours d’eau.

Des plans existaient certes déjà dans les années 1830, mais les cinq cantons concernés (Berne, Fribourg, Neuchâtel, Soleure et Vaud) ne parvenaient pas à s’entendre sur la répartition des coûts. C’est finalement la Confédération, créée en 1848, qui a ouvert la voie au projet en votant en 1867 un arrêté assurant le financement de la première correction des eaux du Jura. Coût des travaux? Quinze millions de francs, dont cinq à la charge de la Confédération. Un montant colossal pour l’époque.

«Sans ce projet pionnier, nous ne serions probablement pas là aujourd’hui», a rappelé le maire de Bienne Erich Fehr vendredi lors de l’inauguration de l’exposition itinérante «Régions entreLACées», sur la place du Joran au débarcadère.

Dévier l’Aar dans le lac
Cette exposition, qui consacre donc les 150 ans de la première correction des eaux du Jura, est visible jusqu’à demain soir à Bienne. Elle se compose de deux parties. La première revient sur le passé à travers des images et des commentaires qui montrent la voie jusqu’à l’arrêté fédéral de 1867 et la réalisation successive de la plus grande entreprise d’aménagement fluvial jamais réalisée en Suisse.

Un hommage est rendu à deux personnages clés de l’époque: Johann Rudolf Schneider, le médecin qui a imaginé créer des canaux et dévier l’Aar dans le lac de Bienne, ce qui devait permettre d’assécher les plaines. Mais aussi Richard La Nicca, l’ingénieur en chef du canton des Grisons qui a créé les plans de la première correction des eaux du Jura. Des plans qui incluaient la déviation de l’Aar dans le lac de Bienne via le canal de Hagneck, la construction d’un canal entre Nidau et Büren, mais aussi un réseau de canaux secondaires qui a permis d’assécher les marais.

Mais ces travaux n’ont pas suffi. Il a fallu attendre la deuxième correction des eaux du Jura (1962-1972) pour dompter les flots. Grâce au barrage de Port, il était désormais possible de maîtriser le niveau des trois lacs et de l’Aar. «Tous ces travaux ont permis de transformer les plaines marécageuses du Seeland en plus grand potager de Suisse », s’est félicité Erich Fehr.

Réflexion sur l’avenir
L’exposition ne se limite pas à un voyage dans le passé. Elle propose aussi une réflexion sur l’avenir à travers plusieurs questions: que faire pour qu’en 2067, soit 200ans après le début de la première correction, le Seeland soit protégé contre des crues de grande ampleur? Que se passera-t-il en cas de longues périodes de sécheresse? Et comment faire face au phénomène d’affaissement du sol? Plusieurs spécialistes présentent leur solution dans des vidéos. Quant aux visiteurs, ils sont invités à formuler par écrit leur souhait pour le Seeland du futur.

Car les défis ne manquent pas, comme l’a rappelé la conseillère d’Etat Barbara Egger-Jenzer. «Nous avons prouvé, le long du canal de Hagneck, de quelle manière l’on peut intervenir dans un paysage, assurer la protection contre les crues et dans le même temps produire de l’électricité. Et tout ceci sans détruire la nature, et même en lui laissant davantage de place», a-t-elle déclaré.

A l’extérieur des deux conteneurs accueillant l’exposition, des colonnes remplies de divers objets ou de liquide permettent de visualiser différents niveaux des eaux avant et après les corrections. Après Bienne ce week-end, l’exposition fera halte à Yverdon, Estavayer, Neuchâtel, Morat, La Neuveville, Büren, Hagneck, Soleure et Olten, du 4 juillet au 22 octobre.

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