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Bellelay

Une envie de rendre l’Ours à la région

Sur un coup de cœur pour la beauté et l’histoire du lieu, François Vorpe achète l’hôtel-restaurant.

Le rachat de l’hôtel-restaurant de l’Ours à Bellelay? Le nouveau défi de François Vorpe. Photo: archives

Pierre-Alain Brenzikofer

«C’est à la fois un coup de cœur et un coup de folie et je ne sais pas où cette aventure me mènera, mais j’avais véritablement envie de rendre ce magnifique établissement à la région.»

Il est comme ça, François Vorpe. Alors, quand il a appris que Pat Lerch et Adolf Saurer, ces deux amoureux de l’art et de la gastronomie, avaient choisi de jeter l’éponge après les graves dégâts d’eau qui ont littéralement ravagé l’Ours, il s’est porté acquéreur. Avec succès. A ce stade du récit, on rappellera que les deux propriétaires avaient réhabilité de fond en comble un bâtiment historique, jusqu’ici propriété de l’Etat de Berne. De quoi décrocher le prestigieux label Swiss Historic Hotels.

«Alors oui, j’éprouvais véritablement le souci qu’un tel écrin soit repris par des personnes étrangères à la région, qui n’auraient pas éprouvé la même passion pour le lieu et ce coin de pays au sens large», plaide l’entrepreneur de Sonceboz. L’homme sait parfaitement qu’un travail considérable de réhabilitation des lieux l’attend. Fermé depuis plusieurs mois après le cataclysme précité, l’Ours nécessitera encore de long mois de travaux. Tant et si bien qu’il ne faut pas miser sur une réouverture avant l’été. Qu’à cela ne tienne, l’entrepreneur sait qu’en matière de gastronomie, d’hôtellerie et de culture aussi, l’Ours est appelé à redevenir le joyau qu’il a été depuis 1698.

Une offre impressionnante
Avec ses douze chambres, son dortoir pour 20 personnes, ses deux lounges, son coin fondue dans les écuries et cet incroyable espace sous les voûtes qui se prêtera à divers happenings, il y a évidemment de quoi séduire loin à la ronde.

Surtout qu’en matière de lieux publics, du Fuet à Bellelay en passant par Sornetan et Fornet, c’est plutôt le désert des Tartares.

«Côté lieux sociaux, la région est plutôt en déficit, constate François Vorpe. Cela dit, je compte bien m’approcher des milieux culturels liés à l’abbatiale pour les associer à ce lieu. J’imagine même de créer un groupe d’idées pour que chacun trouve sa place à l’Ours.» A ce propos, il cite aussi la commune, les milieux de la tête-de-moine, les promoteurs du tourisme, et on en oublie.

Pour ce chantier encore en friche, il compte sur son fils Fabien, propriétaire d’une entreprise de menuiserie et futur maire de Tavannes, pour coordonner les travaux et s’entourer uniquement d’artisans de la région. Côté facture, l’assurance payera une partie des frais liés aux dégâts d’eau et le reste sera pris en charge par le nouveau propriétaire. Inéluctablement, il conviendra de tenir compte des recommandations de la Ligue pour la protection du patrimoine, car l’Ours est un bâtiment historique.

«Le grand défi consistera à trouver la personne capable de gérer cet hôtel-restaurant», anticipe le nouveau propriétaire. Lequel va évidemment fixer quelques critères au futur locataire. A cet effet, il cite tout à la fois la présence de produits du terroir, une étroite collaboration avec la région et aussi la nécessité de conserver à l’Ours une dimension villageoise et conviviale, avec une partie bistrot qui devrait profiter à tous.

«Je mise sur une fine cuisine, mais pas élitaire. Sur un établissement où on pourrait renouer avec les truites du vivier de jadis et les mets de chasse...»

Enthousiaste et lucide à la fois, l’homme espère que cette nouvelle quête sera bien perçue par la région. En plus de l’hôtel, il glisse aussi que la partie dortoirs sera revitalisée pour pouvoir accueillir groupes et écoles à un prix très bas: «Etant cavalier et homme de cheval, je compte sur une collaboration étroite avec le Centre équestre. Et à l’attention de mon ami Jean Fell, s’il souhaite organiser à nouveau des matches de hockey sur son étang, nous aurons un local à disposition pour lui», rigole-t-il.

Quête de l’oiseau rare
«Alors, oui, je saurai créer le décor, promet-il. Ne manquent désormais que les acteurs. Encore faudra-t-il trouver les bons. Le croque-mort qui tente de faire revivre un lieu, c’est à la fois amusant et paradoxal, vous ne trouvez pas?»

Jamais à court d’idées, il entend enfin se défoncer pour installer un bancomat à l’Ours. Mais, surtout, et avec l’aide des autorités, il espère même établir un guichet postal.

Pas de doute, le cavalier François Vorpe a toujours le mors aux dents!

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