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Votations du 4 mars

Les profs disent deux fois non

Le syndicat des enseignants s’engage résolument contre l’initiative sur les plans d’études, jugée préjudiciable à l’école. Il s’oppose aussi à No Billag, qui menace la qualité de l’information.

Josy Stolz et Peter Gasser, coprésidents du SEFB, et Alain Jobé, secrétaire syndical, ont exposé les raisons de voter deux fois non. Stéphane Gerber

par Philippe Oudot

Directement concernés, les profs se mobilisent contre l’initiative cantonale «Pour un débat démocratique – Votons sur les plans d’études!», soumise en votation le 4mars prochain. Hier, Gaby Stolz, Peter Gasser et Alain Jobé, respectivement coprésidents et secrétaire du Syndicat des enseignants francophones bernois (SEFB, ex-SEJB), ont dévoilé leurs arguments contre cet objet.

Une initiative au nom trompeur, a asséné Peter Gasser, car «sous prétexte de débat démocratique, ses auteurs, revanchards parce qu’ils ont perdu la votation sur le concordat Harmos, s’opposent à une harmonisation des plans d’études». En cas de oui, le plan d’études (Lehrplan21), adopté par les 21cantons alémaniques et valable dans la partie germanophone du canton, serait soumis au Grand Conseil, voire au peuple en cas de référendum.

Ouvrage pédagogique
«Ce Lehrplan21 est en fait l’équivalent du plan d’études romand (PER) adopté il y a déjà dix ans. C’est un ouvrage pédagogique à caractère hautement technique destiné aux enseignants, qui définit les compétences que les élèves doivent atteindre aux différents cycles», a souligné Peter Gasser. Aujourd’hui, c’est la Direction de l’instruction publique (DIP) qui édicte les plans d’études par ordonnance.

Or, si l’initiative devait être adoptée, cette compétence reviendrait au Grand Conseil. Le rôle des députés se limiterait certes à accepter ou refuser le plan, et ils n’en définiraient pas le contenu. «Mais pour pouvoir se prononcer en connaissance de cause, ils devraient en débattre. Ces discussions engendreraient incer-titude et confusion et le plan d’études deviendrait le jouet de la politique, alors que c’est l’aspect pédagogique qui prime et que l’école a besoin de sérénité», a-t-il dénoncé.

Qui plus est, les initiants font miroiter le droit de regard du peuple qui, en cas de référendum, aurait le dernier mot. Or, comment imaginer les citoyens étudier le plan d’études de plus de 400 pages que le canton devrait leur envoyer avec le matériel de vote?

Bien accueilli
Par ailleurs, a poursuivi Peter Gasser, les auteurs invoquent la démocratie pour justifier leur requête. Mais ils oublient qu’à l’instar du PER, le Lehrplan 21 est la traduction concrète de la volonté du peuple suisse qui avait plébiscité l’harmonisation de la scolarité obligatoire, notamment pour faciliter la mobilité intercantonale. Qui plus est, ce document a fait l’objet d’une large consultation et a été très bien accueilli, tant par les enseignants – les principaux concernés – que par la plupart des partis politiques.

En outre, un oui à l’initiative ouvrirait une période de chaos car le Grand Conseil, voire le peuple, devrait se prononcer, sans doute en 2019 ou 2020, alors que ce Lehrplan 21 entre en vigueur cet été déjà. En cas de rejet du plan, l’Ancien Canton se retrouverait isolé du reste de la Suisse alémanique qui a adopté l’harmonisation des objectifs de formation.

Et si ce scrutin touche surtout les germanophones, les Romands sont aussi concernés. Un oui à l’initiative ne remettrait certes pas en cause le PER, en vigueur dans la partie francophone du canton, mais il aurait néanmoins un impact. En particulier sur la dotation de leçons. En raison du Lehrplan 21, il est en effet prévu d’augmenter le nombre de leçons dans certains domaines dans les classes romandes: les MITIC (technologies de l’information et de la communication), la 2elangue et les arts visuels. Elles seraient remises en cause en cas de oui.

 

No Billag? Une supercherie!

Le SEFBs’oppose à l’initiative fédérale No Billag. Son secrétaire syndical Alain Jobé en a détaillé les raisons. Ce texte remet en cause la cohésion nationale et la démocratie. Il entraîne un appauvrissement qualitatif et quantitatif des programmes et conduit à la perte d’une information digne de ce nom dans les régions périphériques comme le Jura bernois. C’est aussi une supercherie de faire croire aux consommateurs que sans redevance, ils feront des économies alors qu’ils paieront plus cher pour des abonnements à des médias privés. Cette initiative menace aussi l’objectivité de l’information, les investisseurs privés cherchant avant tout le profit. Sans compter les risques de dérive démagogique.

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