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Bienne

"Peu convaincants"

Les trois candidats du Jura bernois aux élections cantonales ont participé à leur premier débat commun. C’était devant des gymnasiens tout juste majeurs.

Photo Matthias Käser

Marjorie Spart

Pour leur toute première joute oratoire les mettant aux prises, Pierre Alain Schnegg (UDC), Christophe Gagnebin (PSJB) et Maurane Riesen (PSA) faisaient face mardi après-midi à des gymnasiens. Les trois candidats briguant le siège dévolu au Jura bernois du Conseil exécutif se sont prêtés de bonne grâce au jeu des questions-réponses préparé par les classes terminales OS économie et droit du Gymnase français de Bienne.

Sous la houlette de leurs professeurs Frank Bassi et Gauthier de Salis, la vingtaine d’élèves a pu interpeller les politiciens sur des sujets tant nationaux que cantonaux (lire ci-dessous).
L’obligation de faire l’armée, l’utilisation de glyphosates dans l’agriculture en Suisse, les assurances maladies, le mariage pour tous, le départ de Moutier dans le canton du Jura ou encore le soutien à la minorité francophone dans le canton de Berne sont autant de thématiques abordées par les gymnasiens, particulièrement bien préparés pour l’occasion.

«Dans le cadre d’un cours alliant philosophie et économie, nous avons choisi d’aborder les droits civiques», explique Frank Bassi. Après avoir participé au concours CinéCivic et utilisé le site smartvote, l’idée est venue d’inviter les trois candidats francophones à un podium de discussion.

Le choix de la jeunesse
A tour de rôle, les élèves ont pu poser leurs questions et ont obtenu des réponses «honnêtes», selon l’avis d’une étudiante. «Les politiciens ont bien défendu leurs idées. Leurs discours tenaient la route», estime un gymnasien. Pourtant, à l’issue de cette heure de discussion, les étudiants n’ont pas vraiment changé d’avis par rapport à leur candidat favori. «Non, je n’ai pas changé d’avis», déclare une élève qui a trouvé que les candidats étaient «peu convaincants».
Une jeune fille a remarqué que l’actuel directeur de la Santé publique et de la prévoyance sociale était le plus rôdé à l’exercice. «On voit qu’il a l’habitude de parler devant le public et qu’il fait attention à ce qu’il dit, pour ne pas choquer. Mais, de ce fait, il est resté trop en surface à mon goût, surtout sur la question du mariage pour tous et de l’adoption par des couples homosexuels.»

Dans la classe, seuls trois étudiants n’ont pas encore le droit de vote. Les autres comptent bien l’utiliser. Pour qui comptent-ils voter? A main levée, et en usant également de leur droit à l’abstention, les étudiants se sont plutôt tournés vers Maurane Riesen. Aurait-elle été plus percutante que ses adversaires? «Elle est jeune et a présenté des idées plus progressistes que les deux autres», a avancé un jeune homme.

Durant le débat, Christophe Gagnebin et Maurane Riese ont été interpellés sur leur double candidature socialiste. Ne constitue-t-elle pas un risque de dispersion des voix de la gauche? «Nous avons pris contact avec le PSJB qui n’a pas voulu d’une alliance», a avancé Maurane Riesen. Des faits contestés par Christophe Gagnebin. Lui a évoqué un rapprochement entre les deux branches du parti socialiste «étape par étape». Une réponse qui n’a pas vraiment satisfait les élèves. Pour eux, la Question jurassienne n’a plus lieu d’être.

Interrogé sur ce que lui avait apporté cette discussion avec les trois politiciens, un gymnasien a apprécié de pouvoir les renconter. «Les voir de près les rend bien plus humains. De plus, ils ont pris la peine de répondre à toutes nos questions sans trop botter en touche. Nous avons de la chance, dans notre pays, d’avoir une démocratie directe.»

 

La défense des Romands du canton, seul point commun entre les trois candidats

Interrogé sur la pertinence de maintenir l’armée obligatoire, Pierre Alain Schnegg (UDC) a maintenu que le pays en avait besoin. «Par contre, on peut se questionner sur sa forme et son contingent.» Maurane Riesen (PSA) la juge obsolète à l’heure de la cybercriminalité. «Elle est absurde, tant sur la forme que sur le fond.» Un avis partagé par Christophe Gagnebin (PSJB).

Evoquant le mariage pour tous et l’adoption d’enfants par des couples du même sexe, les candidats sont restés sur leurs positions: ouverture pour la gauche et refus catégorique pour l’agrarien. «Le mariage est une institution pour protéger la famille: un homme, une femme et des enfants», a-t-il insisté en mettant en garde la société contre les dérives telles que le recours à des mères porteuses.

Revenant sur l’avenir de Moutier dans le canton du Jura, Maurane Riesen verrait bien la cité «jouer un rôle de pont entre les deux cantons». Christophe Gagnebin a espéré que «le partage des biens se fera dans un état d’esprit constructif». Se voulant rassurant, Pierre Alain Schnegg, l’actuel directeur de la Santé publique, a promis que ce transfert se ferait «dans le respect des citoyens et de la région. Nous procéderons avec diligence.»

Le fait d’avoir en face d’eux deux candidats issus du parti socialiste, les élèves ont demandé à Maurane Riesen si elle n’estimait pas que sa candidature allait diviser les voix de la gauche. «Pas du tout! J’invite tous les électeurs à inscrire sur leur liste les noms des sept candidats issus de la gauche, même celui de Monsieur Gagnebin.»

Seul vrai point de convergence entre les politiciens: la défense des francophones du canton de Berne. Maurane Riesen a plaidé pour davantage de cohésion entre tous les Romands, mais n’a pas donné de pistes pour sa matérialisation. «Ils doivent être pris en compte à tous les niveaux.» Les gymnasiens ont d’ailleurs souligné que le futur Campus de la Haute école spécialisée bernoise (HESB) serait surtout germanophone. Un fait qu’a regretté Pierre Alain Schnegg. Et de rappeler qu’il y a quelques années, «le Jura bernois a choisi de se rapprocher de la HE-Arc et non de la HESB, ce qui est dommage.» Mais de souligner la volonté de la HE-Arc de collaborer avec la HESB, et de développer des filières bilingues.

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