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Parti socialiste autonome

«On a un côté Don Quichotte!»

En tant que député autonomiste de gauche dans un Parlement bernois de droite, Peter Gasser se retrouve souvent minorisé. Mais il conserve la flamme. Rencontre en vue du 25 mars.

Peter Gasser siège au Grand Conseil bernois pour le PSA en compagnie de ses collègues prévôtois Pierre Sauvain et Patrizio Robbiani. En outre, il est aussi élu au Conseil du Jura bernois. Photo: Stéphane Gerber

Par Michael Bassin

Enseignant, coprésident du syndicat des profs francophones bernois, député et membre du CJB: Peter Gasser s’active sur tous les fronts. Et il compte bien contribuer au maintien des acquis de son parti, le PSA, en vue des élections du 25mars. Soit trois sièges aux Grand Conseil et quatre au Conseil du Jura bernois.

Mais le citoyen de Bévilard reconnaît que la tâche n’est pas gagnée d’avance, sachant que les réflexes projurassiens et probernois pourraient toujours être d’actualité chez les électeurs. «Mais je crois avoir pu démontrer durant cette législature que je travaille pour la région! C’est peut-être un message difficilement audible pour certains, mais c’est malgré tout mon message.»

Pour Peter Gasser, le PSA présente «vraiment des candidatures de qualité» avec, notamment, une belle jeunesse représentée. «Les jeunes ont un rôle important à jouer, on l’a vu à Moutier.» Le PSA a donc pour objectif d’intéresser cet électorat et de ne pas laisser ce terrain à l’UDC. Selon Peter Gasser, la candidate PSA au Conseil exécutif, Maurane Riesen, est en ce sens une excellente ambassadrice.

Peter Gasser et ses camarades du PSA défendent évidemment une politique de gauche. Pas facile, toutefois, de le faire au sein du parlement majoritairement de droite. Qu’à cela ne tienne! Peter Gasser conserve toute sa motivation. «Effectivement, on a un côté Don Quichotte. Mais je suis sûr qu’en insistant, on arrivera à faire passer nos idées», dit-il. «Je crois fermement en l’éducabilité des citoyens. Il faut certes expliquer et argumenter, mais au bout d’un moment, il y aura une prise de conscience et le bon sens va triompher.»

Ambitieux pour la région
Triompher, pour le PSA, ce serait réussir à faire comprendre aux électeurs qu’il est illogique pour un canton alignant les exercices comptables excédentaires de procéder à un démantèlement de ses prestations en votant des coupes à tout-va et en réclamant moins d’Etat. «La droite prône cette prétendue responsabilité individuelle. Mais il me semble qu’il s’agit plutôt de tauper les plus faibles.» A ce propos, Peter Gasser tire à boulets rouges contre la politique de l’UDC, «qui dit vouloir être proche du peuple dans ses slogans, mais qui fait le contraire en réduisant des prestations justement utiles au peuple».

Parmi les priorités du programme du PSA figure ainsi la défense des plus faibles, avec cette conviction que l’Etat sert à corriger les inégalités sociales.

En matière de politique régionale, le PSA s’engage pour une région forte. «La pyramide se construit par le bas. Pour avoir un canton fort, il faut que ses régions le soient aussi», explique notre interlocuteur. En ce qui concerne le Jura bernois, «cela passe par la défense constante de nos spécificités francophones». Le PSA compte donc être dans la réaction chaque fois que ces spécificités sont menacées. Mais il veut aussi jouer dans le registre des propositions. «Il faut être ambitieux et oser revendiquer. Certains probernois ont l’impression que s’ils en demandent trop à Berne, ils ne sont pas loyaux. Mais je peux vous dire que d’autres régions du canton n’hésitent pas à revendiquer!»

Dans cette optique de faire entendre la voix du Jura bernois, Peter Gasser estime que le CJB a un rôle à jouer. «Utilisons cette parcelle d’autonomie, même si elle n’est pas la panacée. Cet organe est quand même la voix représentative de la population de la région, et ses membres sont élus. Le CJB ne doit pas avoir peur de réclamer davantage!» A ce propos, le développement du bilinguisme constitue une priorité, selon lui.

Veiller au transfert
Enfin, il importe au PSA (qui compte deux députés prévôtois dans ses rangs)de veiller à ce que le transfert de Moutier dans le canton du Jura se passe dans les meilleures conditions. Le parti compte ainsi assumer le rôle d’aiguillon dans ce dossier qui n’est pas encore clos. En cas de rejet des recours, il faudra ensuite passer au Concordat intercantonal.

Toujours concernant Moutier, Peter Gasser juge qu’il faudrait parfois évacuer l’aspect politique au profit de considérations pragmatiques. «S’agissant par exemple du ceff à Moutier, qui jouit d’une position géographique extrêmement favorable, il serait plus logique qu’il reste à sa place. Ayons le courage de trouver des solutions innovantes! Et celles-ci sont parfois intercantonales.»

 

Pour une gauche unie dans quatre ans:
Selon Peter Gasser, les barrières qui font que PSA et PSJB sont aujourd’hui séparés vont tomber à l’avenir. «Et je m’en réjouis!» L’élu de Bévilard a bon espoir que les frères ennemis puissent se présenter sur une même liste portant un nouveau nom lors des prochaines élections cantonales. «Une absorption de l’un des partis par l’autre est difficilement concevable. Mieux vaut repartir avec du neuf en présence de ceux qui veulent une politique de gauche francophone forte.» L’élu PSA estime qu’il était encore trop tôt pour le faire cette année. «On ne peut pas se défaire du passé si vite.» Et tant que le transfert de Moutier n’est pas réglé, PSA et PSJB auront encore quelques spécificités propres...

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