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Réseau égalité Berne francophone

A la recherche d’une solidarité féminine

Des candidates aux élections cantonales ont débattu sur les stratégies de promotion et sur le rôle des femmes en politique.

La Biennoise Samantha Dunning a insisté sur l’importance du soutien apporté aux femmes par les partis politiques. Photo: Susanne Goldschimd

Par Aude Zuber

Aujourd’hui, près d’un demi-siècle après l’introduction du suffrage féminin, la parité entre les femmes et les hommes n’est toujours pas atteinte. Au Grand Conseil, les femmes occupent moins d’un tiers des sièges.  Ne pouvant se résigner à une telle situation, le Réseau égalité Berne francophone a organisé, à l’approche des élections du 25 mars, une table-ronde, hier matin, à l’Hôtel du gouvernement, à Berne. Plusieurs candidates au Conseil exécutif, au Grand Conseil, au Conseil du Jura bernois (CJB) et au Conseil des affaires francophones du district bilingue de Bienne (CAF) ont été invitées à échanger leurs réflexions sur les stratégies de promotion et sur le rôle des femmes en politique. «Nous avons souhaité leur offrir un espace pour se présenter et exprimer leur avis. L’un des objectifs était qu’elles prennent davantage confiance en leurs capacités», a expliqué Agnès von Beust, co-présidente du Réseau égalité Berne francophone.

Toutes les personnalités invitées ont répondu présent, malgré quelques retards dus au trafic perturbé par les importantes chutes de neige: Denise Bloch-Bertoli, Samantha Dunning, Monique Esseiva, Anne-Caroline Graber, Virginie Heyer, Valérie Oppliger, Maurane Riesen, Béatrice Sermet-Nicolet et Moussia de Watteville.

Les quotas divisent
Animée par la journaliste de Canal 3 Aleksandra Planinic, les débats ont été passionnants et parfois houleux, notamment sur la question des quotas. La socialiste Maurane Riesen a défendu cette mesure contraignante: «Il s’agit d’un bon moyen pour corriger rapidement ces inégalités flagrantes. Je rappelle qu’elles ne se sont pas encore estompées d’elles-mêmes.» La députée UDC Anne-Caroline Graber a accusé la gauche de vouloir sculpter la société selon ses idéologies. «Mon parti et moi, nous nous opposons aux quotas. Nous défendons le libre choix. C’est aux femmes, et à elles seules, de choisir si elles veulent s’investir en politique.» Moussia de Watteville, du parti Les Verts, y était aussi plutôt défavorable: «Je trouve que ce système ne met pas assez en avant les qualités des femmes. Nous devrions plutôt mettre notre énergie dans l’encadrement, notamment en proposant des places de crèche.»

Partageant l’avis de sa camarade, la Biennoise Samantha Dunning a relevé que l’Etat doit s’impliquer, tout comme les partis politiques. «Le PS propose par exemple une liste hommes et femmes séparée et,  lors de manifestations, les femmes sont mises en avant.»
Anne-Caroline Graber a appelé ses adversaires à une prise de distance. «La situation a évolué rapidement et de manière positive. Je rappelle que nous sommes passés de 5% de femmes en 1974 au Grand Conseil à 28% aujourd’hui.»

Le combat continue
Béatrice Sermet-Nicolet, membre du CAF, n’a pas partagé cet avis. Elle a estimé que l’égalité entre les sexes, au niveau politique ou salarial, était encore loin d’être acquise. «Je suis fâchée et en colère, qu’au 21esiècle, on puisse encore rejeter une transparence salariale imposée aux entreprises comme l’a fait mercredi le Conseil des Etats.»

Pour parvenir à une parité entre les sexes, la candidate a appelé ses camarades à coordonner leurs efforts pour promouvoir les femmes en politique. «Mais la question qui se pose est la suivante: voulons-nous vraiment une solidarité féminine?», a lancé Béatrice Sermet-Nicolet.

Pessimiste, Monique Esseiva a estimé qu’il sera difficile de mettre en place une telle coopération. «Nous venons toutes de partis différents, et donc représentons des sensibilités diverses.»

En guise de conclusion, la présidente du Grand Conseil Ursula Zybach a rappelé que la politique avait besoin d’une représentation équitable des femmes. «De par leur formation, généralement différente, mais aussi leur parcours de vie, elles ont beaucoup à offrir. Le progrès social n’est possible que si les femmes et les hommes conjuguent leurs efforts.»

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