De la cuisine éphémère

Marjorie Spart

La Villa Lindenegg ne fermera pas ses portes. Elle ne sera pas non plus vendue à des particuliers. Ce ne sont pourtant pas les demandes qui manquent. «Depuis l’annonce de l’actuelle gérante de quitter les lieux pour fin avril, nous avons reçu un nombre incroyable de demandes de rachat. Et des e-mails de particuliers qui disaient que cet endroit devait rester public», a raconté lundi la directrice des Finances Silvia Steidle, en dévoilant le sort qui attendait la Villa Lindenegg.

Comme il n’était pas question pour la Ville de vendre cette bâtisse, elle s’est approchée de la société Scratch, composée de Patrick Weiss, Olivier Paratte et Reto Bloesch – les instigateurs des First Friday –, pour  lui demander une idée d’utilisation intermédiaire. «La Villa Lindenegg a besoin d’être rénovée: ses façades, ses fenêtres et sa cuisine. Cela aurait été difficile de trouver un repreneur dans ces conditions. Comme nous n’avons pas encore démarré le processus de demande de crédits pour ce faire, et qu’il nous tenait à cœur que la Villa reste ouverte, nous avions besoin d’une idée d’utilisation viable jusqu’aux travaux», a complété Silvia Steidle.

Avec Philippe Berthoud
L’équipe de Reto Bloesch a proposé de créer le premier projet pop-up de Bienne. Entendez un projet éphémère. Epaulée par le cuisinier biennois Philippe Berthoud, l’équipe compte offrir cet espace à quatre jeunes cuisiniers formés pour une période de deux mois chacun. «Les cuisiniers choisis auront l’opportunité de présenter chacun leur vision et leurs créations aux clients», a précisé Reto Bloesch.

Le premier chef prendra les commandes des fourneaux début juin pour deux mois. Les trois autres lui succéderont jusqu’à fin janvier 2019.  «Nous espérons qu’à cette échéance, les travaux de rénovation pourront commencer», a soufflé Silvia Steidle.
Les atouts de ce concept de cuisine éphémère sont son aspect novateur et le changement régulier de carte. «Les chefs proposeront des menus qui sortent de l’ordinaire. Il n’y aura pas de saucisse/frites ici», a poursuivi Philippe Berthoud qui n’a pas encore arrêté son choix parmi les candidats. Une chose est sûre: les cuisiniers devront proposer des produits de la région, car le concept se veut aussi tout local.

L’équipe de Scratch est attachée à l’aspect convivial mais chic des lieux. «Nous voulons que cet endroit soit vivant», a indiqué Reto Bloesch. Bar et détente dans le jardin, chambres à disposition pour la clientèle, les concepteurs du projet désirent que la Villa Lindenegg soit le lieu de rencontre du «tout Bienne», qui pourra venir déguster bières et vins de la région, lors de manifestations musicales et culturelles, organisées ponctuellement.

Etablissement public
Silvia Steidle applaudit des deux mains ce pour son originalité et la possibilité de continuer une exploitation des lieux en attendant les travaux. «C’est un endroit très apprécié par la population!», a-t-elle plaidé.
Après la tenue des travaux de rénovation, la Ville partira en quête de nouveaux gérants. Si le concept de cuisine pop-up marche bien et que l’équipe de Scratch en émet la volonté, l’expérience pourrait se poursuivre. «Si ce n’est pas le cas, nous chercherons d’autres repreneurs», a assuré Silvia Steidle confirmant que la Villa resterait à terme un établissement public.