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Bienne-Seeland, région technique qui forme peu d’apprentis

Une étude s’est penchée sur les particularités de la formation professionnelle dans la région de Bienne et du Seeland. Il en ressort que la proportion d’apprentis y est inférieure au reste du canton.

En 2017, 175 jeunes suivaient une formation dans un métier technique, plus que dans tout autre secteur d’activités. archives

Par Didier Nieto

La région Bienne-Seeland est loin d’être un bastion de la formation professionnelle. Sur 100 habitants, seuls 2,61 décident d’y effectuer un apprentissage. C’est nettement moins que dans les autres parties du canton. Le Jura bernois, qui signe le meilleur score, affiche par exemple un taux de 4,74, alors que la moyenne cantonale s’élève à 3,62.
Ces statistiques ressortent d’une étude – la première du genre – commandée par l’association seeland.biel/bienne et la Chambre économique Bienne-Seeland (CEBS). «Nous avions besoin de connaître les forces et les faiblesses de la formation professionnelle dans la région pour pouvoir la renforcer», a expliqué devant les médias Madeleine Deckert. La maire d’Evilard est la présidente du groupe de travail «Pour la formation professionnelle» créé par seeland.biel/bienne dans le but d’éviter un «démantèlement» des offres d’apprentissage dans la région. Au cours de la dernière décennie, plusieurs filières – maçonnerie, peinture, informatique – ont déserté la cité seelandaise. Et Bienne a failli perdre la formation de polymécanicien en 2016. «Le nombre de places d’apprentissage a davantage reculé dans la région que dans le reste du canton. Nous devions connaître les raisons de cette baisse pour pouvoir agir», a poursuivi Madeleine Deckert.

La technique est reine
Réalisée par le bureau biennois Thahabi & Partners, l’étude a pris en compte les contrats d’apprentissage en vigueur durant la période 2014-2017. Cette analyse quantitative confirme l’identité technique de la région, puisque le groupe de métiers «Construction de machines et métallurgie» est le plus prisé des apprentis. «Ce n’est pas une surprise étant donné le caractère industriel de Bienne», a relativisé Gilbert Hürsch, directeur de la CEBS.
L’enseignement principal livré par le rapport reste ce faible nombre d’apprentis dans la région, puisque seuls 4,8% des places de travail sont occupées par des jeunes en formation, contre 6,46% en moyenne dans le canton.
Pour tenter d’expliquer ce résultat, Thahabi & Parners a enquêté auprès de différents acteurs économiques (PME, associations professionnelles, centres de formation...). La spécialisation trop poussée des entreprises, les exigences trop élevées pour devenir formateur ou des ressources temporelles limitées apparaissent comme les obstacles principaux à la formation professionnelle. «Mais cette analyse n’est pas représentative en raison du nombre restreint de participants», a tempéré Gilbert Hürsch. «Une étude approfondie est nécessaire pour savoir pourquoi les entreprises ne forment pas davantage d’apprentis.»

Pas assez pour les Romands
Souvent présenté comme une force, le bilinguisme peut également être un handicap dans le monde professionnel, puisque les apprentis francophones ont tendance à quitter la région pour aller suivre leur cursus dans le Jura bernois ou ailleurs en Suisse romande, a pour sa part rappelé Pierre-Yves Grivel, membre du groupe de travail. «En matière de formation, les entreprises n’en font pas assez pour les Romands. Coop ou Migros, par exemple, ne forment quasiment aucun francophone.» Pour le député PLR, la proximité entre les milieux professionnels et scolaires  n’est en outre pas aussi grande à Bienne qu’elle ne l’est dans le Jura bernois.
Paradoxalement, l’étude montre aussi que de nombreuses places d’apprentissage restent vacantes dans la région, en particulier dans le domaine de la santé. Le rapport n’indique cependant pas les raisons de cette inoccupation. «Seraient-elles moins nombreuses si elles s’adressaient davantage aux francophones? C’est une question à creuser», a convenu Gilbert Hürsch. 

Coacher les entreprises
L’étude émet une série de recommandations pour renforcer l’apprentissage. Il s’agit notamment de soutenir les entreprises formatrices en leur proposant un service de coaching ou en encourageant des alliances qui verraient plusieurs sociétés se partager un apprenti. «Nous allons discuter avec les entreprises pour mieux identifier leurs besoins», indique Madeleine Deckert. Pour mieux faire connaître la formation duale, il est également prévu de distribuer des brochures informatives dans les écoles en août.
Le groupe de travail veut aussi sensibiliser les entreprises à la formation informatique, étant donné que l’offre dans ce domaine, considéré comme «une étoile montante» en Suisse, est très en retrait dans la région. Autre objectif: esquiver les effets de la révolution numérique sur la profession d’employé de commerce en enrichissant la formation avec des compétences qui ne peuvent pas être automatisées à long terme.

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