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Région des Trois-Lacs

Le canton gère bien les défis de la production agricole

Par voie de motion, quatre députés alémaniques demandaient à Berne de s’impliquer plus dans la préservation et l’amélioration d’une agriculture durable.

Les besoins en eau dans l’agriculture nécessitent un entretien approprié et des assainissements partiels des ouvrages des corrections des eaux du Jura, admet le gouvernement. archives

Par Philippe Oudot
Grâce aux deux corrections des eaux du Jura, la région des Trois-Lacs, autrefois très marécageuse, est devenue la plus grande et la plus fertile du canton. «Aujourd’hui, il faut toutefois procéder à des travaux de maintenance et de remise en état des infrastructures hydrauliques et de revalorisation des sols», relevaient quatre députés alémaniques dans une motion déposée l’automne dernier.
Ils constataient en effet que ces infrastructures arrivaient en fin de durée d’exploitation et que le réchauffement climatique entraînait des phénomènes météorologiques extrêmes. Qui plus est, ils soulignaient qu’en raison de la croissance démographique et économique, la surface agricole utile par habitant avait diminué d’un tiers ces 30 dernières années. Dans ce contexte, ils demandaient au gouvernement de «renforcer la capacité de production agricole par l’utilisation durable des ressources naturelles que sont le sol et l’eau».
Ils le priaient aussi de favoriser la planification et la coordination pour garantir une production agricole moderne de denrées alimentaires à haute valeur ajoutée. Et pour y parvenir, ils sommaient gouvernement de déposer une initiative cantonale en se basant sur le nouvel article constitutionnel qui définit la sécurité alimentaire comme tâche nationale.
Rôle moteur
Pour les quatre élus, «le canton de Berne doit jouer un rôle moteur et s’impliquer activement dans la coordination et la planification de l’entretien et de l’optimisation des ouvrages existants». D’autant qu’il serait le premier bénéficiaire si les bases de production étaient garanties à long terme.
Sur le fond, le Conseil exécutif juge lui aussi nécessaire d’agir pour une utilisation durable des ressources naturelles dans la région du Grand Marais. Mais il relève qu’il y a des conflits d’intérêts entre les tenants d’une agriculture intensive liée aux impératifs de rentabilité grandissante, la protection des sols, l’exploitation de centrales hydro-électriques ou encore la protection de la nature.
Aujourd’hui, l’Office de l’agriculture et de la nature (OAN) cofinance la réalisation d’une planification agricole du Seeland ouest. Un compte rendu sur l’état de la planification et de l’avancement des projets est réalisé tous les quatre ans. Par ailleurs, l’OANet la Haute Ecole des sciences agronomiques, forestières et alimentaires (HAFL) œuvrent pour garantir la fertilité des sols et améliorer le régime hydrique.
Le gouvernement note en outre que les besoins croissant en eau de l’agriculture nécessitent un entretien approprié et des assainissements partiels des ouvrages des corrections des eaux du Jura. Des travaux qui doivent toutefois se faire en tenant compte des ressources limitées du canton et des communes. Il propose donc d’adopter ce point sous forme de postulat et de la classer.
Anticiper les besoins
S’agissant de la planification et de la coordination pour garantir la production de denrées alimentaires à haute valeur ajoutée, le gouvernement indique avoir cofinancé divers projets. L’un d’eux a notamment permis de mettre au point un outil en ligne pour anticiper les besoins en irrigation. Par ailleurs, à l’initiative de l’OAN, les Offices d’agriculture de Berne, Vaud et Fribourg, ainsi que l’Office fédéral de l’agriculture, se sont retrouvés l’an dernier en vue d’améliorer les sols et systèmes d’irrigation du Seeland et de la région de la Broye.
Le Conseil exécutif assure s’engager en faveur d’une planification et d’une coordination optimale afin de garantir une agriculture durable, fondée sur l’utilisation efficace des ressources. Il propose donc l’adoption de ce deuxième point de la motion sous forme de postulat.
Quant à la demande de déposer une initiative cantonale auprès de la Confédération, le Conseil exécutif juge cette requête inutile. Il estime en effet qu’après l’approbation du contreprojet à l’initiative sur la sécurité alimentaire, en septembre 2017, «ce nouvel article soutient l’orientation de la politique agricole de la Confédération», et que «la mise en œuvre ne nécessite pas de procédure législative explicite à court terme». Il ajoute qu’«en vue de relever les défis esquissés dans le Seeland, il n’existe pas non plus de besoin manifeste d’agir au niveau législatif.» Enfin, avec la récente modification de sa loi sur les constructions, le canton a renforcé la protection des terres cultivables. Dans ce contexte, il propose de rejeter ce point de la motion.

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