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La Neuveville

Nonante minutes dans la peau d'un réfugié

Les 170 élèves du collège ont participé au jeu de rôle de l’OSAR. Une simulation utilisée depuis 20 ans, toujours aussi prenante.

Photo mba

Michael Bassin

Julie, 12 ans, n’oubliera pas de sitôt la matinée vécue hier à l’école: «J’avais déjà entendu parler du parcours des réfugiés, mais je ne pensais pas que c’était si compliqué...» Avec ses camarades du collège du district de La Neuveville, elle a participé au fameux jeu de rôle Passages, mis sur pied par l’Organisation suisse d’aide aux réfugiés (OSAR).

A l’heure où tout se démode en quelques mois, cette simulation utilisée en Suisse romande depuis près de 20ans traverse, elle, le temps en conservant le même impact. «Le fait que les élèves entrent dans la peau de réfugiés crée un lien d’empathie différent avec les personnes qui ont vraiment vécu cela», explique Katy François, chargée de projet et formatrice à l’OSAR. «Participer à un jeu de rôle, c’est autre chose qu’entendre des chiffres ou des explications. Pour comprendre, il faut parfois sortir de sa zone de confort.»

Embarqués dans le jeu

Hier matin, les jeunes participants ont quitté leur terrain connu lorsque, les yeux bandés, ils ont été attaqués par des hommes en treillis, et aux bruits des pétards, des sirènes et des cris. Les réfugiés d’un jour ont ensuite dû tenter de retrouver les membres de leur famille, prendre rapidement quelques affaires et s’enfuir. Emmenés dans les sous-sols de l’école, ils ont ensuite subi la loi de ravisseurs, avant de payer un passeur pour rejoindre la frontière. Après avoir traversé un champ de mines, ils ont achevé leur périple dans un camp humanitaire, synonyme de départ vers une terre d’accueil pour les uns, de terminal pour d’autres.

Après 1h30 de jeu, les participants ont débriefé chaque étape de la simulation en compagnie des accompagnants de l’OSAR. L’occasion, entre autres, de mettre des mots sur des émotions.

En chair et en os

La matinée s’est achevée avec le témoignage de Mikile, un réfugié érythréen qui est réellement passé par les atrocités de la prison, l’avidité des passeurs, les dangers de la Méditerranée, la séparation d’avec ses proches et les nombreuses démarches administratives. Durant l’après-midi, les élèves ont poursuivi la réflexion en participant à deux ateliers consacrés à l’intégration des réfugiés et les règles prévalant en Suisse.

Entre lundi et hier, les 170 élèves du collège (9H à 11H) ont pris part à ces différentes activités. «Ces journées font presque partie de la culture de l’école, puisque nous les organisons tous les trois ans», explique Jacques Diacon, vice-directeur. «Plusieurs thématiques abordées durant ces journées font partie des objectifs du plan d’étude. Notre but, c’est que les élèves prennent conscience de la complexité du sujet», poursuit l’enseignant.

Ce dernier confie par ailleurs que le vivre-ensemble dans l’école se trouve à chaque fois amélioré après de telles sensibilisations.

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