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François Vorpe

Tout sauf la vie en rose, la vie en roux!

Parce que ses cheveux roux lui ont valu mille tourments, notamment lorsqu’il était enfant, François Vorpe en a écrit un livre. Il mettra aussi sur pied le Festival des roux. Vous avez dit exorcisme?

François Vorpe. Et dire qu’en plus, il ne se trouve pas beau... Archives

Par Pierre-Alain Brenzikofer

Après «Profession croque-mort», récit autobiographique pas piqué des vers, François Vorpe récidive. Avec, cette fois, davantage de pathos quand bien même il s’en défend. Son second livre, intitulé «La vie en roux», paraîtra au printemps. «Qu’on n’y décèle aucune volonté de complainte, avertit cependant l’entrepreneur tavannois. J’ai simplement essayé, à mon échelle et en toute humilité, de retranscrire ce qu’un garçon roux endure depuis l’enfance jusqu’à l’âge adulte. Celui qui n’est pas roux ne peut tout simplement pas l’imaginer.»

Pur racisme
Et pour que ses futurs lecteurs parviennent quand même à se glisser dans la peau d’un rouquin, l’homme a truffé son livre de situations vécues, la majeure du temps par lui, mais par d’autres compagnons d’infortune, aussi. Situations corroborées par des statistiques et des récits glanés sur le Web en fin de livre. «Il n’y a pas que du négatif, prévient l’auteur. Mais chacun pourra déceler une forme bien précise de racisme, accompagnée d’une solide dose de préjugés.»

Statistiques? Parlons-en! Saviez-vous que le plus grand pourcentage de suicides en France concerne les roux? Que le plus grand nombre de célibataires français sont roux? Et que la Banque mondiale exclut les roux?
«Et puis, il y a eu ce pape qui avait fait exterminer 20000 femmes rousses parce qu’elles étaient, selon lui, sous l’influence du diable. Des sorcières, donc!» Décidément, il a l’art d’enfoncer le clou, François Vorpe. Et de nous conforter dans cette évidence voulant qu’il faut se méfier comme de la peste de ceux qui voient le Diable partout. Avec ceux-là, on n’est pas loin des Petits hommes verts ou du complot Illuminati. Mais revenons à nos moutons... noirs! Ou roux, dans le cas précis.
François Vorpe se dit reconnaissant de ne pas avoir vécu à l’époque précitée: «J’ai connu une existence très enthousiasmante, malgré les tranches de vie fort pénibles que j’évoque dans mon livre.»

Un milieu très modeste
Ainsi qu’il le rappelle souvent, il est issu d’une famille d’agriculteurs extrêmement modeste: «En plus de cela, j’étais rouquin et prématuré. J’ai dès lors vite dû prendre acte que mes années d’école seraient très difficiles. Songez que j’étais le seul roux de toute l’école. Mon adolescence a aussi été marquée par cette particularité. Bref, en ayant cette couleur de cheveux et en n’étant pas forcément beau, j’ai pris conscience de faire partie des gens de peu. Et que ma vie serait un défi permanent. Que pour arriver à quelque chose, je devrais travailler plus dur que les autres.» On peut constater le résultat aujourd’hui! Avant, l’homme avait pu voir que la vie d’un ado roux n’était pas des plus aisées, d’un point de vue sentimental et même sur le plan professionnel. L’adulte qu’il est devenu ne se sent toujours pas à l’abri de toute attaque, «d’autant plus que je suis par-dessus tout proche du double mètre!»

A l’armée, figurez-vous qu’il s’était retrouvé unique roux du régiment, ce qui lui a valu quelques expériences pas toujours tristes. Son angoisse? Avoir des enfants roux! Heureusement pour lui, les deux femmes de sa vie lui ont offert une progéniture parée d’une jolie chevelure blonde et châtain. S’il s’en réjouit, c’est parce que dans sa recherche de témoignages, il a constaté avec effroi que les petits rouquins étaient toujours la cible des autres: «J’ai recueilli des faits littéralement terrifiants. Ces gosses qui se faisaient lancer des pierres à l’école. J’y ai eu droit aussi.»

C’est pour ça qu’il a écrit ce livre. Pour qu’il apporte une certaine compréhension envers les roux. Son plus grand espoir.
Mais il ne perd pas son humour pour autant: «Sur Terre, il y a plus de 30% de gens foncés, mais 1% de roux seulement. Et, d’après les spécialistes, le roux serait appelé à disparaître!» Sûr qu’il souhaite qu’il en aille ainsi.

«Si George Clooney était roux, personne ne se soucierait de lui. Mais je parle toujours des hommes. Les femmes rousses sont parmi les plus belles du monde.» Lui, il revendique la citation de Gainsbourg:«La laideur a ceci de supérieur à la beauté qu’elle ne disparaît pas avec le temps.» En tout cas, sa chevelure lui a appris à déchiffrer le regard des gens avec une acuité jamais prise en défaut.

«Le rouge qui pue»
Au fait, saviez-vous que sa maîtresse d’école l’appelait «Le rouge qui pue»? Allusion à sa chevelure et à son statut de fils de paysan, bien sûr. Et dire que ce sont «les sorcières» que l’on brûle!

Alors, «parce que les roux vivent un calvaire», il créera aussi le Festival des roux en 2019 dans un lieu encore à définir. Dans son hôtel de l’Ours rénové à Bellelay, si tout va bien. Forcément, de prestigieux invités rouquins viendront témoigner ou chanter. La population, elle, pourra constater que les hommes roux ne sont pas limités intellectuellement et que les femmes rousses sont fort jolies. François Vorpe, en tout cas, est en contact étroit avec un politicien roux qui a marqué ce siècle et surtout le précédent, lors d’un certain Mai 68, notamment. Là-dessus, dites-vous bien qu’un roux qui mange une carotte n’est pas forcément un cannibale! Connaissant l’humour de François Vorpe, sûr qu’il en rira, de celle-là...

Mots clés: Roux, François Vorpe

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