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Horlogerie

Révolution signée Swatch

Le Swatch Group a développé un nouvel alliage amagnétique pour le spiral, organe régulateur de toute montre mécanique. Cette innovation a été dévoilée hier dans le nouveau siège de Swatch et équipe la Flymagic, montre d’ores et déjà iconique déclinée en trois modèles et produite en édition très limitée.

Dotée du fameux spiral, la toute nouvelle Swatch Flymagic se décline en trois modèles, chacun étant limité à 500 exemplaires. Nico Kobel

Par Philippe Oudot / photos Nico Kobel


C’est une innovation majeure – une de plus – qui va assurément marquer l’histoire de l’horlogerie mécanique: hier, dans le tout nouveau bâtiment qui abritera le siège de Swatch (voir ci-dessous), Nick Hayek, CEOdu Swatch Group, et son staff ont dévoilé le dernier-né des développements concoctés dans les laboratoires de recherche du géant horloger.

Il s’agit d’un nouvel alliage dans lequel est fabriqué le spiral qui, avec le balancier, constitue l’organe réglant de toute montre mécanique. Un alliage à base de titane et qui a les mêmes caractéristiques amagnétiques que le silicium. En raison de son prix, ce dernier matériau est réservé aux garde-temps haut de gamme.

L’ennemi, c’est le magnétisme
Comme l’a rappelé hier Nick Hayek, «le magnétisme est l’ennemi des montres mécaniques, car il dérègle le bon fonctionnement du mouvement, et donc sa précision jusqu’à plusieurs minutes. Or, dans notre vie quotidienne, nous sommes toujours plus entourés de champs magnétiques.» Pour que la montre retrouve sa précision d’origine, elle doit être envoyée au service après-vente pour être démagnétisée.

C’est la marque Swatch qui a été choisie pour le lancement de cet alliage révolutionnaire. Et pour marquer les esprits, Swatch a sorti une pièce d’exception, baptisée Flymagic. Un choix qui ne doit rien au hasard, a souligné Nick Hayek, la marque ayant toujours été à l’avant-garde.

Sens dessus dessous
Comme l’a expliqué Thierry Conus, responsable du développement et de la production des montres mécaniques de la manufacture ETA, la Flymagic est dotée du mouvement automatique Sistem51 qui équipe les Swatch mécaniques et dont la masse oscillante est visible grâce au fonds transparent de la montre. Mais pour cette pièce d’exception, les ingénieurs ont mis le mouvement sens dessus dessous!

Concrètement, le nouveau spiral, les modules finement travaillés et le train d’engrenage squelettique apparaissent sur le cadran de la montre et sont visibles à travers le rotor transparent du mouvement automatique. Mais en inversant ainsi ce dernier, les aiguilles tournent… à l’envers! «Nous avons donc développé un mécanisme d’inversion pour les aiguilles des heures et des minutes, constitué de 15 composants.» En revanche, les ingénieurs ont laissé l’aiguille des secondes tourner à l’envers, ce qui lui donne un petit côté fascinant.

Haute performance
Thierry Conus a donné quelques précisions à propos de ce nouveau matériau, baptisé Nivachron. Contrairement à un spiral traditionnel en acier-nickel, il s’agit d’un alliage à base de titane, qui a fait l’objet de deux brevets. «Il a la particularité d’être amagnétique, antichoc et insensible aux variations de température, ce qui améliore ses performances chronométriques. Le Nivachron réduit jusqu’à 20 fois l’influence des champs magnétiques et a les mêmes performances que le silicium. Il s’agit de la première solution économique en matière de résistance aux champs magnétiques», a-t-il expliqué.

Directeur de la création chez Swatch, Carlo Giordanetti a quant à lui souligné qu’avec la Flymagic, «il n’est plus nécessaire de retourner sa montre pour en voir le mouvement, puisqu’on le découvre à travers le rotor transparent». Un rotor en plastique injecté dont la partie extérieure contient du tungstène, ce qui lui donne une masse suffisante pour remonter le mouvement, qui dispose d’une autonomie de marche de 90heures.

La Flymagic fait ses débuts avec trois modèles dotés d’un boîtier en acier, chacun limité à 500 exemplaires, le numéro figurait au centre de la montre, sur la vis centrale du mouvement Sistem51. La collection sera lancée le 30 avril, jour de naissance de Carl Friedrich Gauss, le scientifique allemand né au 18e siècle qui a donné son nom à l’unité de mesure des champs magnétiques. Elle sera vendue au prix de 1500fr.

Dans toutes les montres
Comme l’a souligné Nick Hayek, à partir de septembre prochain, tous les modèles Sistem51 seront équipés du ressort en Nivachron, et leur prix restera le même. A terme, toutes les montres mécaniques du groupe seront également équipées d’un spiral en Nivachron. Un alliage développé en partenariat avec Audemars Piguet, qui va également l’utiliser dans ses garde-temps, a encore précisé Nick Hayek. Et s’il a choisi la marque Swatch pour lancer cet alliage révolutionnaire, «c’est pour montrer que l’innovation n’a rien à voir avec le prix». Et d’ajouter que pour un composant fabriqué de manière industrielle, «il est important d’avoir un volume de production important pour garantir la régularité de la qualité du produit».

 

Une construction exceptionnelle, qui symbolise bien l’audace et l’esthétique que véhicule la marque Swatch

Conçu par la star de l’architecture japonaise Shigeru Ban, le bâtiment qui va abriter le siège de Swatch, attenant à celui d’Omega, est en voie d’achèvement. Les alentours sont encore en chantier, mais l’intérieur est déjà en grande partie aménagé. Hier, les journalistes qui ont assisté à la conférence de presse présentant la toute nouvelle Swatch Flymagic ont eu le privilège de visiter une partie de cette construction à ossature de bois (près de 2000m³) située entre le parc de l’île de la Suze et l’ancien stade de la Gurzelen.

 L’architecte a donné à cet édifice allongé une forme de serpent constitué d’une charpente entrecroisée en bois tout en courbes. La toiture enjambe la rue de Gottstatt, la gueule du reptile semblant mordre l’immeuble construit juste de l’autre côté de la rue.

Comme l’a souligné le CEOdu Swatch Group Nick Hayek, «c’est la première fois que nous accueillons ici des visiteurs». En fait, cette construction reliée au siège d’Omega constitue tout un symbole. Il a en effet rappelé qu’au tournant des années 80, quand l’industrie horlogère suisse battait de l’aile et avait failli disparaître, le lancement de la Swatch avait en quelque sorte sauvé l’industrie horlogère, dont Omega. Et dans la foulée, c’est grâce à son père Nicolas Hayek, fondateur du Swatch Group, que des fleurons comme Nivarox, qui fabrique l’organe réglant au cœur de la montre, ont été sauvés alors que la montre mécanique ne semblait plus avoir d’avenir. Et d’ajouter que le lancement de la Sistem51, en 2014, avait aussi contribué à la pérennité de la montre mécanique grâce à son volume de production.

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