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Baoshida Swissmetal

Personne n’a intérêt à entraver ce dossier

Malgré la pression, la China Development Bank campe sur ses positions. Mais le dialogue se poursuit et le commissaire va demander une prolongation du sursis concordataire.

Même en cas de faillite, le commissaire fera tout pour assurer la poursuite des activités. Stéphane Gerber

Par Philippe Oudot

Une semaine après la conférence de presse organisée dans l’usine de Reconvilier, la situation reste bloquée, la China Development Bank (CDB) refusant toujours de lever les gages immobiliers qu’elle détient sur les immeubles et les terrains de l’usine. «Je n’ai rien entendu de concret, ni de la banque, ni de son avocat genevois. Il semble toutefois que l’établissement ait pris conscience qu’il y a urgence, et que personne n’a intérêt à tergiverser dans cette affaire», indique André Rezzonico, président de Swiss Team, la société qui a fait l’offre de rachat.

En tout cas, les discussions continuent entre l’avocat de la CDB et le commissaire au sursis Andreas Bättig. Ce dernier s’apprête d’ailleurs à demander au juge du Tribunal régional une prolongation du sursis d’environ un mois, «afin d’évaluer des scénarios alternatifs axés sur la continuation de la société». Il précise n’avoir fait aucune nouvelle offre à la CDB.

Plutôt positif
André Rezzonico considère cette demande de prolongation du sursis comme un signe positif, mais il attend du commissaire qu’il soit ferme et intransigeant sur les délais. D’autant qu’aujourd’hui, au vu de la situation de Baoshida Swissmetal, l’opération de sauvetage est aussi dans l’intérêt de la CDB.«Mais encore faut-il qu’elle accepte de lever ces fameux gages qui ont été accordés illégalement», rappelle André Rezzonico. En contrepartie, le commissaire avait proposé le rachat d’une partie de sa créance, pour environ deux millions de francs, sur un total de 16 mios.

Comme le souligne le précité, c’est toujours mieux que de tout perdre, car en cas de faillite, les créances de la CDBseraient colloquées en 3eclasse. D’autant que, le cas échéant, la banque s’expose au risque de faire l’objet de demandes de dommages-intérêts de la part des autres créanciers qui, eux, ont tous accepté la proposition de rachat de Swiss Team.

Quoi qu’il en soit, le commissaire continue d’examiner toutes les solutions, en particulier les modalités pour une poursuite des activités sans interruption s’il y a faillite. Quant à l’action révocatoire contre la mise en gage des actifs immobiliers de Baoshida Swissmetal à Reconvilier, «elle ne peut être introduite, pour des raisons juridiques, qu’au stade de la liquidation ultérieure ou en cas de faillite», précise Andreas Bättig.

«Pour nos membres»
S’agissant de la démarche de l’AFDT (Association des fabricants de décolletage et de taillage), qui a écrit à l’ambassade de Chine en Suisse, et à celle de Suisse en Chine, son porte-parole Francis Koller indique que cette dernière lui a confirmé avoir bien reçu ce courrier. «Elle l’a transmis à la délégation commerciale qui a connaissance du dossier». Quant à l’ambassade de Chine à Berne, elle ne s’est pas encore manifestée.

Francis Koller souligne que la démarche est certes symbolique, «mais nous devons bien cela à nos membres, car si cette entreprise venait à disparaître, beaucoup auraient de grosses difficultés d’approvisionnement. En effet, comme c’était déjà le cas à l’époque de la Boillat, la qualité des produits reste sans pareil.»

Le fait que ce soit un gros client qui reprenne l’entreprise a-t-il suscité des craintes parmi les membres de l’AFDT? «Pas à ma connaissance. Vous savez, comme Walter Fust chez Tornos, c’est un professionnel qui connaît le domaine et qui saura faire la distinction entre sa propre entreprise et Swissmetal», estime Francis Koller.

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