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Bilinguisme renforcé

Berne annonce des mesures pour promouvoir le bilinguisme. Les échanges scolaires sont mis en avant, de même que le renforcement de la mixité linguistique au sein de l’administration cantonale.

Le Conseil d’Etat aimerait suivre l’exemple du Forum du bilinguisme en renforçant la pratique des deux langes dans le canton. Par exemple en créant un prix du bilinguisme. Photo: Julie Lovens/a

Par Vincent Nicolet

Le canton de Berne veut valoriser son bilinguisme et renforcer son rôle de pont entre la Suisse germanophone et francophone. Pour y parvenir, le Conseil exécutif a défini des mesures stratégiques et prend ainsi le virage prôné par la commission d’experts sur le bilinguisme dans son rapport publié en novembre 2018. Selon le canton de Berne, la présence de deux communautés linguistiques et de deux langues nationales sur le territoire cantonal est une chance à saisir pour l’ensemble de la population. Il veut en faire un atout.

300000 francs
Pour se donner les moyens de renforcer le bilinguisme, le gouvernement cantonal prévoit une enveloppe de 100000 francs l’an prochain, qui doublera en 2021 pour passer ensuite à 300000 francs par an dès 2022. Ces moyens supplémentaires entreront dans les budgets des Directions et à la Chancellerie d’Etat. Elles pourront ensuite promouvoir le bilinguisme selon leurs appréciations. «Ces montants seront à disposition pour soutenir des projets comme des tandems professionnels ou des manifestations qui mettent en jeu les deux cultures», précise le conseiller d’Etat Pierre Alain Schnegg, délégué aux affaires francophones. «Ces fonds ne sont pas là pour soutenir les dépenses de l’administration.»

De l’école au travail
Sous la houlette de la Direction   de l’instruction publique (DIP), les échanges entre élèves francophones et germanophones devraient être développés à tous les degrés de la scolarité. «Le Valais l’a fait avec succès. Et en termes de temps, un séjour de deux semaines dans une autre région linguistique compense bien plus que les heures d’enseignement derrière un pupitre et un cahier», renchérit l’élu. Une des mesures concrètes également examinée par le DIP est d’instaurer, une fois l’apprentissage terminé, une année facultative de stage en immersion en entreprise dans l’autre langue officielle. «Au-delà de la pratique d’une langue, il est important de rencontrer une autre culture et de savoir qu’elle existe», poursuit Pierre Alain Schnegg.
L’administration veut également renforcer la mixité linguistique en son sein. «Je pense qu’aujourd’hui, on pourrait se permettre d’engager plus de francophones», explique le magistrat. «C’est une mesure qui peut rapidement amener une amélioration et qui ne coûte pas un franc de plus». Le canton de Berne va aussi faire sa part en tant qu’employeur. Sa stratégie du personnel intégrera des principes visant à améliorer les compétences linguistiques à l’interne. Chaque année, il publiera des statistiques sur la répartition du personnel dans les classes de traitement par langue. La Direction des finances présentera, elle aussi, un catalogue de mesures concrètes.

Législation
Une loi sur les langues officielles devrait voir le jour. Elaborée par la chancellerie d’Etat, elle devrait optimiser le cadre légal pour la promotion du bilinguisme. Il s’agira aussi d’améliorer la prise en compte des langues dans les contrats de prestations concernant les régions ou institutions dans lesquelles le français et l’allemand sont utilisés. «Il faut que les fournisseurs de prestations puissent participer aux appels d’offres, sans discrimination linguistique. Mais cela implique aussi que les personnes qui bénéficient de ces prestations puissent les avoir dans la langue qui est la leur», explique Pierre Alain Schnegg.

Enfin, le travail se poursuivra sur le long terme. La coordination des mesures de soutien aux projets et la sensibilisation au bilinguisme à l’intérieur et à l’extérieur de l’administration cantonale seront du ressort de la Chancellerie d’Etat, en collaboration avec les Directions et différents partenaires. La Chancellerie d’Etat entend donner davantage de visibilité au bilinguisme cantonal et souligner ses bienfaits pour le canton. Un prix culturel du bilinguisme pourrait être décerné en parallèle au prix de la culture du canton de Berne.

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