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«Les finances, ma priorité»

Le 20 octobre prochain, Beatrice Simon espère bien accéder au Conseil des Etats. L’actuelle conseillère d’Etat dispose de solides atouts pour parvenir à ses fins.

L’actuelle directrice des Finances Beatrice Simon compte bien remplacer son collègue Werner Luginbühl à la Chambre haute. Peter Samuel Jaggi

Par Philippe Oudot

Directrice des Finances du canton de Berne depuis 2010, Beatrice Simon veut changer d’air. Elle brigue en effet le fauteuil laissé vacant par son collègue du PBD Werner Luginbühl, qui se retire après trois législatures. Sa charge de grande argentière est-elle trop lourde? «Pas du tout! Je me sens très bien à la tête des Finances et je n’ai jamais eu envie de changer de Direction. Mais après ma réélection, l’an dernier, j’ai informé mon parti que cette législature serait la dernière, et que je me retirerais au plus tard au terme de mon mandat, après 12 ans d’activités.» Le départ de Werner Luginbühl aura donc été la bonne occasion pour réorienter sa carrière politique. (voir ci-dessous)

Défendre les intérêts du canton
Si Beatrice Simon brigue la succession de son collègue, c’est, d’une part, pour permettre à son parti de conserver son siège à la Chambre haute. Une perspective tout à fait réaliste, au vu des excellents scores que la très populaire politicienne a obtenus lors des deux dernières élections cantonales.

Et d’autre part, c’est aussi pour défendre les intérêts du canton. «Aujourd’hui en effet, de très nombreuses décisions se prennent à l’échelon fédéral, et les cantons n’ont d’autre choix que de les appliquer. Or, ces dernières années, la Confédération s’est trop souvent déchargée sur les cantons en leur transférant de nouvelles charges, ce qui a eu un impact financier très lourd. Cela ne peut plus continuer de la sorte», explique-t-elle.

Priorité aux finances
De par son expérience de députée, puis de conseillère d’Etat, Beatrice Simon connaît parfaitement le canton et ses besoins. Et en tant que ministre des Finances depuis bientôt 10ans, elle sait mieux que personne à quel point les décisions fédérales peuvent pénaliser les cantons du point de vue financier. «J’entends donc tout naturellement concentrer en priorité mon action sur les questions financières et fiscales.»

Au cours de la prochaine législature, les 246 parlementaires fédéraux devront prendre de nombreuses décisions lourdes de conséquences pour la population. A commencer par l’élévation de l’âge de la retraite. Une perspective que Beatrice Simon analyse avec sérénité. Ases yeux, l’âge de départ à la retraite doit être identique pour hommes et femmes. «Je suis même favorable à l’indexer à l’augmentation de l’espérance de vie», indique-t-elle.

L’égalité au quotidien
Pour celle qui fut la première femme élue à la mairie de sa commune de Schüpfen, l’égalité entre les sexes coule de source. Notamment en termes de salaire. En tant que directrice des Finances, elle est aussi en quelque sorte la cheffe du personnel. «Au sein de l’administration cantonale, le principe de l’égalité des salaires pour une même tâche est une réalité. Il est temps, désormais, de nous engager pour que ce soit également le cas dans le monde de l’économie privée. C’est une évidence.»

Un des autres gros dossiers qu’elle sera appelée à traiter en cas d’élection est celui des relations bilatérales avec l’Union européenne. Pour la politicienne PBD, l’accord-cadre qui est aujourd’hui sur la table du Conseil fédéral est indispensable et doit être signé. «Nous avons besoin de stabiliser la voie bilatérale, et cet accord institutionnel est le meilleur moyen d’y parvenir. J’estime qu’il est même urgent d’agir dans ce sens!»

«Nous devons mieux exploiter nos forces»
Dans de nombreux domaines, la Suisse souffre d’une pénurie de main-d’œuvre qualifiée. Pour y faire face, Beatrice Simon mise avant tout sur le potentiel qui existe en Suisse. «Nous devons mieux exploiter nos propres forces!D’abord, en renforçant notre système de formation duale, mais aussi par des mesures qui favorisent l’intégration des femmes – des mères en particulier – dans le marché du travail. Et si la pénurie persiste malgré ces mesures, nous devons donner la possibilité à l’économie de recruter les forces vives qui lui manquent dans les pays de l’Union européenne.»

En matière d’immigration, Beatrice Simon juge nécessaire de lutter contre ceux qui débarquent en toute illégalité. «Mais ce problème concerne toute l’Europe et ne peut se régler qu’à l’échelle du continent», observe-t-elle. Cela concerne aussi les réfugiés sauvés de la noyade par des bateaux en Méditerranée. «Cette situation montre qu’il faut revoir de toute urgence le Règlement de Dublin sur l’accueil des demandeurs d’asile.»

Bons pour l’économie
Dans le premier canton agricole de Suisse, les accords de libre-échange inquiètent les paysans bernois, en particulier celui conclu avec les pays du Mercosur (Argentine, Brésil, Colombie, Equateur et Pérou). Les Chambres fédérales doivent-elles le ratifier? Partisane d’une économie libérale, Beatrice Simon défend la ligne de son parti et considère de manière générale que de tels accords sont bénéfiques pour l’économie. Cela dit, elle assure comprendre les craintes des milieux agricoles qui doivent être davantage impliqués dans les processus de négociations. Avant de ratifier ce fameux accord, «il faut aussi mettre dans la balance les agissements de ces pays dans la gestion de la forêt tropicale d’Amazonie», véritable poumon de la planète.

Dans ce contexte, la candidate aux Etats partage les inquiétudes à propos du réchauffement climatique et ne se dit pas opposée à une taxe climatique sur les carburants, «à condition qu’elle soit supportable, en particulier pour les gens qui habitent dans les zones rurales et qui ont besoin de leur voiture pour se rendre au travail».

Alors que BKWs’apprête à débrancher la centrale nucléaire de Mühleberg, en décembre prochain, Beatrice Simon défend la transition énergétique, estimant que la Suisse doit miser sur les énergies renouvelables plutôt que d’importer massivement de l’électricité, issue, entre autres, de centrales nucléaires ou au charbon. «Notre pays doit miser sur l’hydroélectricité, mais également soutenir l’assainissement énergétique des bâtiments, qui offre un gros potentiel d’économies d’énergie.»

Enfin, à propos de l’achat d’un nouvel avion de combat, la candidate PBD y est favorable et rappelle que «l’armée suisse a pour mission d’assurer la défense du pays et de sa population et qu’elle doit disposer des moyens nécessaires.» Que ce soit contre des attaques conventionnelles ou des cyberattaques.

 

Une politicienne engagée et très proche des gens

Agée de bientôt 59ans, Beatrice Simon possède un riche parcours politique. En 1995, elle est en effet élue au Conseil communal de Seedorf sous les couleurs de l’UDC, avant de devenir la première femme maire de ce village seelandais, en 2003. L’appétit venant en mangeant, elle passe alors à l’échelon supérieur et entre au Grand Conseil en 2006. Tout juste deux ans plus tard, elle accède à la vice-présidence du groupe parlementaire UDC. C’était en 2008.

Mais la politicienne ne se reconnaît plus vraiment dans la ligne et les valeurs de sa formation. La même année, elle fait partie des dissidents qui claquent la porte du parti agrarien pour participer à la fondation du PBD, dont elle prend la présidence de la section cantonale bernoise. Un engagement vite reconnu au niveau national et qui lui vaut d’entrer au comité directeur du PBD suisse.

En 2010, quand son collègue de parti Urs Gasche quitte le Conseil exécutif, c’est tout naturellement qu’elle brigue sa succession et qu’elle entre au gouvernement, décrochant la 6eplace. Elle se voit confier la lourde charge des Finances qu’occupait Urs Gasche. Très à l’aise, elle se représente en 2014 et est élue avec le meilleur score, devançant de plus de 9000voix l’UDC Christoph Neuhaus, arrivé 2e. Un exploit que Beatrice Simon réédite au printemps 2018, avec 7450 voix d’avance sur le socialiste Christoph Ammann.

 

Bio express

– Béatrice Simon est née le 21 décembre 1960 à Berne. Au bénéfice d’une formation commerciale, elle a travaillé dans diverses entreprises actives dans des domaines aussi variés que l’architecture d’intérieur, la construction métallique ou les soins. Dans le cadre de ses activités professionnelles, elle s’est en particulier occupée de marketing et de gestion du personnel.

– En 1982, elle épouse Helmut Simon et déménage à Seedorf, où son mari est en-seignant. Le couple aura deux filles, aujourd’hui adultes.

– Lorsque son emploi du temps le lui permet, Beatrice Simon aime se balader avec sa chienne Fuffy autour du village;elle apprécie aussi les excursions dans le Seeland et l’Oberland, ainsi qu’en Valais et dans les régions frontalières des pays voisins comme l’Alsace ou le sud de l’Allemagne. Mais les grands voyages dans des pays lointains jouent aussi un rôle important, car ils lui permettent de se ressourcer.

 

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