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Bienne

Plus qu’une simple conduite

Le service des transports de la Croix-Rouge offre un accompagnement aux seniors dans leurs déplacements. Et ce, grâce à des centaines de bénévoles motivés.

Les bénévoles de la Croix-Rouge sont plus que de simples chauffeurs. Photo: LDD / Croix-Rouge

Julie Gaudio

Ce lundi matin d’octobre, Richard Jäggi, 76ans, est venu d’Ipsach avec sa Suzuki New Vitara. Il a rendez-vous à 9h, rue Franche à Bienne, pour aller chercher Erica Schittli à son domicile afin de l’emmener chez le médecin, sis au quai du Haut. Ces quelques mètres, Madame Schittli ne peut les effectuer seule, encore moins à pied: la dame de 75 ans se déplace péniblement avec deux cannes. Cela ne l’empêche pas de plaisanter gaiement avec son chauffeur bénévole du jour, comme s’ils s’étaient quittés la veille. C’est pourtant la première fois qu’ils se rencontrent.

Voilà onze ans qu’Erica Schittli utilise les services de la Croix-Rouge et cela fait six ans que Richard Jäggi est chauffeur bénévole dans la région. Pour Madame Schittli, ce service lui permet d’assurer ses rendez-vous chez «le médecin, le dentiste, le physiothérapeute, la pédicure, le coiffeur... Je suis super contente! Y’a pas mieux!» s’enthousiasme-t-elle. «Et les chauffeurs sont toujours charmants, très avenants. On rigole souvent!» poursuit-elle. Pour Richard Jäggi, retraité, cette activité permet de «faire quelque chose qui a du sens».

Empathie et distance

Après avoir déposé Madame Schittli à 9h15 à son premier rendez-vous, Richard Jäggi dispose d’une heure avant de la récupérer pour l’emmener au Centre hospitalier de Bienne, pour une autre consultation. Il en profite pour s’arrêter dans un café tout proche. Attablé devant un thé noir fumant, le retraité montre tous les détails de la demande sur son smartphone. Une application de la Croix-Rouge centralise tout et précise ce dont il a besoin: adresses, numéro de téléphone de la cliente, heures des rendez-vous, etc. Toute demande doit passer par la centrale de l’organisation. Celle-ci se charge de contacter les chauffeurs bénévoles ensuite, qui sont libres d’accepter ou non. Parfois, des clients appellent directement les chauffeurs qui leur ont laissé leur numéro au préalable. Ceux-ci doivent de toute façon déclarer leur course à la Croix-Rouge.

Richard Jäggi raconte qu’il a connu cette situation avec une cliente régulière, à peine après avoir commencé son bénévolat. Mais celle-ci est décédée en septembre dernier.  Depuis, il préfère garder une certaine distance avec les seniors: «J’essaie de ne pas trop m’attacher car c’est dur, sinon», confie-t-il avec émotion. Cela ne l’empêche pas d’être attentif et prévenant avec les personnes qu’il accompagne.
Miranda Della Valentina, responsable de section du Service des transports de la Croix-Rouge région Seeland, précise d’ailleurs que la qualité indispensable recherchée chez les chauffeurs bénévoles est l’empathie. «Nous ne proposons pas un service de taxi, mais bien d’accompagnement», insiste-t-elle. «Le chauffeur fait plus que simplement conduire le client d’un point A à un point B. Il doit pouvoir aller le chercher chez lui et le pousser en chaise roulante dans les couloirs de l’hôpital», détaille-t-elle. «En fait, je dis aux bénévoles d’agir comme s’ils conduisaient une personne de leur famille.»

Demande en hausse

Les frais des trajets effectués par les bénévoles sont remboursés par les clients à hauteur de 0.80 ct/km et les chauffeurs sont assurés par la Croix-Rouge. Mais «cela reste du bénévolat et c’est très important», insiste Richard Jäggi. Ce dernier effectue deux à cinq courses par semaine, principalement dans la région. Il lui arrive parfois de devoir emmener des clients consulter des spécialistes à Zoug ou à Lausanne, «mais c’est rare», précise-t-il. En général, les courses (temps d’attente compris) durent une demi-journée au maximum. Rien de trop contraignant et l’assurance d’avoir de bons contacts humains à la clé, pour Richard Jäggi.

La Croix-Rouge recherche toujours des bénévoles pour le service des transports, car la demande est en hausse, selon Miranda Della Valentina. En cause, l’augmentation du nombre de personnes âgées désirant vivre indépendamment chez elles. Ainsi, «toute personne disposant d’un véhicule privé et souhaitant se porter volontaire est encouragée à s’annoncer aux bureaux de la Croix-Rouge à Bienne ou à Tavannes», conclut-elle.

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