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Bienne

L’art en réalité augmentée

L’application iazzu, conçue pour les smartphones, permet d’imaginer une œuvre d’art dans son propre lieu de résidence, grâce à la réalité augmentée. Le Biennois Nico Kunz en est le cofondateur.

L’application iazzu permet d’imaginer une œuvre d’art dans son intérieur, grâce à la réalité augmentée. Photo LDD

Julie Gaudio

Durant cette période où il est fortement déconseillé de sortir de sa maison ou de son appartement, l’application iazzu paraît idéale. Celle-ci permet en effet de consulter les œuvres d’un artiste ou d’une galerie d’art depuis son smartphone et de les imaginer ensuite dans son propre intérieur. Quitte à passer du temps chez soi, pourquoi ne pas en profiter pour repenser sa décoration d’intérieur?

Le nom iazzu sonne exotique et il l’est. En dialecte sarde, «iazzu» signifie «voyager». C’est justement lors d’un voyage en Sardaigne que Nico Kunz, l’un des cofondateurs et codirigeants de la société, a entendu ce mot et a décidé de nommer son nouveau produit développé ainsi. «Avec l’application et grâce à la réalité augmentée, les œuvres voyagent entre les galeries et notre lieu de résidence», explique Nico Kunz.

Virtuelle, mais réaliste

L’avantage de iazzu est justement celui de pouvoir se figurer chez soi des œuvres exposées dans une galerie d’art ou dans l’atelier d’un artiste. En prenant en photo un mur de sa pièce et en donnant ses dimensions, le tableau apparaît en photo sur son smartphone, en respectant l’échelle de la pièce. On peut même bouger son smartphone et le tableau suit, son ombre également. Tout ceci, permis grâce à la réalité augmentée, est impressionnant de réalisme. Outre cette fonctionnalité innovante, iazzu permet également d’être mis en relation directement avec un galeriste ou un artiste, grâce à un service de tchat intégré. 

A ceux qui craignent que le public déserte les galeries d’art à cause de iazzu, Nico Kunz précise: «iazzu est un autre moyen, pour les artistes et les galeristes, de se faire connaître. L’app ne remplace pas une exposition physique mais la complémente.» Les mesures prises pour enrayer le Covid-19 montrent en outre que galeries et grands musées sont obligés de se réinventer, en proposant par exemple des visites virtuelles. «Le monde de l’art est un peu conservateur, mais il est bien obligé de se moderniser et cela passe par la digitalisation», juge le cofondateur de iazzu. L’installation est rapide, sur mesure et bon marché pour les institutions artistiques et les artistes qui bénéficient en outre d’un prix préférentiel.

Au cœur de la Suisse

Nico Kunz a imaginé iazzu en partie pour satisfaire un besoin personnel de collectionneur d’art. «Avant d’acheter un tableau, on veut savoir s’il s’adapte à notre intérieur», détaille-t-il. «Les galeries peuvent prêter les tableaux mais cela a un coût, notamment en assurances et en transport. Or, iazzu permet de se figurer l’œuvre dans son intérieur, sans toutes ces contraintes pécuniaires et logistiques», complète-t-il.

Le Biennois d’origine a travaillé dans l’informatique et le secteur bancaire et a vécu aux Etats-Unis, en Allemagne ou encore à Zurich. Mais il a toujours été un passionné d’art, influencé par un père artiste et une mère ayant travaillé dans différentes galeries en Suisse romande. «J’ai toujours aimé me rendre dans les galeries et je collectionne des œuvres d’art depuis plus de 20 ans», avoue Nico Kunz.

Lancée à Zurich en avril 2019, la société iazzu est implantée à Bienne depuis janvier, grâce notamment à la Fondation pour l’innovation technologique et la Promotion économique du canton de Berne qui soutiennent iazzu depuis le début de l’année. Mais c’est aussi un «retour aux sources» bienvenu pour Nico Kunz, dans une «ville bilingue, située au centre de la Suisse, au centre de l’Europe». Le Biennois estime en outre qu’il est plus facile, pour une start-up comme iazzu, de recruter les personnes aux compétences requises dans la cité seelandaise. «A Zurich, les grands groupes informatiques aspirent tous les talents donc il est plus compliqué pour nous de recruter les bonnes personnes», complète Nico Kunz. Et il se réjouit de la venue prochaine du Switzerland Innovation Park Biel/Bienne.

Après quasiment un an de fonctionnement, Nico Kunz juge le bilan de iazzu plutôt positif, notamment grâce aux retours qu’il a des artistes et des galeristes. «Grâce à eux, nous proposons des mises à jour régulières de l’application sur iOS et Android, avec de nouvelles fonctionnalités.» Les dirigeants veulent développer encore plus l’application et pourraient recruter des talents de la région et/ou collaborer avec les Hautes écoles du canton.

Avant cela, «nous allons prochainement lancer une levée de fonds», détaille Nico Kunz. «Nous cherchons un partenaire avec de bonnes connaissances dans le domaine de l’art, pour qu’il apporte une plus-value», conclut-il.

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