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Ski alpin

L’Arc jurassien sur la carte du monde

Grâce à ses exploits internationaux, Amélie Klopfenstein contribue à faire rayonner la région au-delà des frontières. C’est tout bénéfique pour le Giron jurassien, qui a le sourire au moment du bilan de fin de saison.

Grande fierté du Giron jurassien, Amélie Klopfenstein a glané trois médailles cet hiver lors des Jeux olympiques de la jeunesse (photo Matthias Vauthier)

Christian Kobi

Il serait exagéré d’écrire qu’il n’y en a eu que pour elle. Mais son nom était sur toutes les lèvres, ses exploits dans toutes les prises de parole. Mercredi, la conférence de presse – en ligne – de fin de saison du Giron jurassien (GJ) des clubs de sports de neige a en grande partie été consacrée aux prouesses d’Amélie Klopfenstein. «Elle a tout simplement replacé l’Arc jurassien sur la carte du ski mondial», s’est enthousiasmé le président du GJ Dimitri Gianoli à propos de La Neuvevilloise, triple médaillée des Jeux olympiques de la jeunesse (JOJ) de Lausanne et titrée autant en super-G qu’en géant.

Du haut de ses 17 ans, la sociétaire du SC Romand Bienne a joué un indéniable rôle de fer de lance. Pour les plus jeunes notamment. «Ils constatent que la structure dans laquelle ils se trouvent leur permet de réaliser des choses extraordinaires, d’aller en Coupe d’Europe, aux JOJ, peut-être plus loin encore», déclare Jérôme Ducommun, le directeur du Centre régional de performance (CRP) et chef de la section ski alpin. «Pour eux, ça devient concret et c’est une grosse source de motivation.»

Une image qui s’améliore
Le premier titre d’Amélie Klopfenstein aux JOJ, Jérôme Ducommun se souvient l’avoir vécu sur la route. En sa compagnie, une ribambelle de jeunes skieurs avec qui il se rendait à une compétition. «On suivait la course en direct sur un site internet qui affichait les résultats au fur et à mesure», relate-t-il. «Quand on a vu qu’Amélie était en tête et qu’elle allait devenir championne olympique juniors, on a appelé quelqu’un sur place pour être sûr qu’elle n’avait pas manqué une porte.» La confirmation tombée, la joie a pu s’exprimer sous ses diverses formes, entre cris, émotion et fierté. 

Et cela ne fait que commencer. Après ses exploits aux JOJ, où elle n’était à la base que réserviste, après sa première participation aux Mondiaux juniors, en mars en Norvège, Amélie Klopfenstein intégrera la saison prochaine le cadreC de Swiss-Ski. Une première pour un skieur de l’Arc jurassien depuis le départ à la retraite de Didier Cuche, en 2012! «Pouvoir replacer des jeunes dans les cadres de Swiss-Ski était l’un de nos objectifs», avoue Jérôme Ducommun, qui se félicite que le travail fourni ces dernières années dans le Centre régional de performance «porte ses fruits».    

Cette réussite est aussi bonne pour l’image des skieurs de l’Arc jurassien. «Aujourd’hui, nos athlètes sont pris au sérieux au niveau national», constate Jérôme Ducommun. Mais le chemin pour atteindre les sommets, et en particulier les départs en Coupe du monde, est encore long. Ce n’est pas Didier Cuche, ancien skieur à succès aujourd’hui membre du comité du GJ, qui dira le contraire. «Amélie a passé un cap cette saison, mais c’est maintenant que ça devient sérieux», prévient-il. «Plus on va de l’avant, moins il y a d’oxygène, moins il y a de places disponibles. Désormais, il va falloir veiller à rester focalisé sur l’essentiel, sur l’entraînement, sur les performances, et à ne pas trop s’éparpiller.»   

Deux nouveaux membres
En dehors des exploits porteurs de son ambassadrice neuvevilloise, le Giron jurassien peut se targuer d’un exercice 2019/20 réussi, avec plusieurs athlètes qui ont occupé le devant de l’affiche. Ce fut notamment le cas de Pauline Schindelholz, de La Heutte, qui a effectué ses grands débuts en Coupe d’Europe en décembre. Las, en début de semaine, la membre du SC Saint-Imier a annoncé aux entraîneurs et dirigeants du Centre national de performance (CNP) de Brigue qu’elle arrêtait sa carrière. Une surprise pour une skieuse que l’on disait promis à un bel avenir.

Si Pauline Schindelholz tourne le dos au CNP, deux autres jeunes athlètes régionaux ont rempli les critères pour y faire leur entrée la saison prochaine: il s’agit d’Owen Fischer (SC Chasseral-Dombresson), habitant de Corcelles, et de Cheryl Sunier (SC Bienne), elle aussi de La Heutte. «On est désormais à six jeunes skieurs régionaux au centre national, en plus d’Amélie qui sera toujours à Brigue mais qui s’entraînera dans un groupe de Swiss-Ski. C’est vraiment exceptionnel pour notre région», s’exclame Jérôme Ducommun. Un directeur qui a décidément bien des raisons d’être heureux.


A 20 ans, Pauline Schindelholz range ses lattes
Elle fréquentait le Centre national de performance (CNP) de Brigue depuis quatre ans et aurait dû y effectuer sa dernière saison l’hiver prochain. Mais en ce début de semaine,Pauline Schindelholz a dit stop: à tout juste 20ans, la skieuse de La Heutte a décidé de mettre sa carrière de haut niveau de côté, elle qui avait fait ses débuts en Coupe d’Europe en décembre dernier à Saint-Moritz (elle avait pris la 44e place du premier super-G au programme, avant de connaître l’élimination lors du second).

Dans un message posté sur Facebook, Pauline Schindelholz explique avoir pris cette décision pour deux raisons. La première est une douleur récurrente à un genou qui l’empêche de déployer son plein potentiel. «On a recherché les causes depuis plus d’une année sans grande amélioration et sans connaître encore les véritables raisons», écrit la membre du SC Saint-Imier. Dans la suite de son message, elle remet en cause la procédure des sélections supérieures des années précédentes et de cette année, qu’elle juge «discutables». «Il ne m’est actuellement plus possible de trouver suffisamment de motivation afin de rempiler pour une nouvelle année au CNP, en sachant que les sélections finales au niveau des cadres nationaux ont été et resteront pour moi trop aléatoires et variables d’année en année», avoue-t-elle.

Pauline Schindelholz avait rejoint le Centre régional de performance du Giron jurassien à l’âge de 12 ans, avant de gravir un à un tous les échelons jusqu’à la Coupe d’Europe.
 

Un hiver compliqué à cause du manque d’enneigement
Le phénomène du manque de neige dans la région n’est pas nouveau, mais jamais il n’avait frappé si fortement les manifestations organisées par le Giron jurassien. C’est bien simple: cet hiver, tant la Coupe Didier Cuche, la Ragusa Ski Cup que les championnats jurassiens de ski alpin ont dû être délocalisés dans les Alpes, bernoises ou valaisannes. Les fondeurs, qui exercent eux principalement leur art sur les pistes du Centre nordique de LaVue-des-Alpes - Tête-de-Ran qui ont été ouvertes presque sans discontinuer de mi-décembre à mi-mars, ont été moins impactés.

Malgré ces délocalisations, les dirigeants du Giron jurassien se montrent satisfaits. «Il était important pour nous de pouvoir mettre sur pied la Coupe Didier Cuche, qui est un incroyable incubateur de talents», indique Jérôme Ducommun, le directeur du Centre régional de performance (CRP). Début mars, lors d’un «super week-end» à Anzère, quatre courses ont ainsi été organisées par le SC Saint-Imier. «Il est réjouissant de constater que la participation a été quasiment aussi élevée que si les courses avaient eu lieu dans l’Arc jurassien. Cela démontre un gros engouement des clubs et des jeunes de la région, qui n’ont pas peur de se déplacer assez loin pour participer à ces courses», analyse Jérôme Ducommun.

Le constat est identique pour la Ragusa Ski Cup, qui s’adresse aux skieurs licenciés. Trois compétitions ont été organisées par le SC Bienne à Lenk, trois autres à Zinal par le SC Chasseral Dombresson, alors que les finales se sont disputées à Anzère sous l’égide du SC Saint-Imier.

Au final, malgré le manque d’enneigement et la pandémie de coronavirus, quasiment tous les événements prévus par le Giron jurassien ont pu avoir lieu. Il faudra en revanche patienter pour la «Fête du ski 2020» organisée par le SC Romand Bienne: prévue le 20 juin à Orvin, elle a été déplacée au 24 octobre.

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