Lever le pied en hiver pour bien passer l’été

Christian Kobi

Souvenez-vous, c’était il y a un peu moins d’une année: le 21février 2021, à Macolin, Joceline Wind devenait championne de Suisse en salle sur 1500m. Son premier titre chez les élites, suivi quelques mois plus tard par un deuxième, en extérieur cette fois-ci, à Langenthal. En fin d’été, elle pulvérisait son record sur la distance (4’16’’22) et prenait une très belle 10eplace lors des championnats d’Europe M23, à Tallinn. Une saison remarquable, qui marquait de fort belle manière son entrée dans la cour des grandes.

Avec le recul, l’athlète de Sonceboz et membre de Bienne Athletics estime que rien de tout cela n’était vraiment dû au hasard. «Comme toute mon année 2020 avait été tronquée par mon retour après un semestre épuisant à Boston et la blessure que j’avais contractée, j’avais pu effectuer un vrai travail de fond pour préparer 2021», rappelle-t-elle. L’intensité, la force, le mental aussi, elle avait profité de cette longue période sans compétition pour passer plusieurs fondamentaux en revue. Avec le succès que l’on connaît.

Chengdu et Kinshasa
Aujourd’hui, Joceline Wind se trouve peu ou prou dans la même situation qu’en 2020. Touchée par le Covid en début d’année alors qu’elle s’apprêtait à partir pour un camp d’entraînement au Portugal, elle a dû prendre son mal en patience avant de pouvoir rechausser ses baskets. Le Portugal, finalement, elle ne l’a vu que quelques jours sur la fin. «Au niveau du souffle, ça allait encore bien. Mais j’ai payé les 10jours passés à ne rien faire au niveau musculaire. Et je suis revenue avec une blessure à un tendon.»

Rien de grave a priori. Quelques jours de pause et la Jurassienne bernoise pourra repartir de plus belle. En consultation avec son staff, elle a cependant décidé de tirer un trait sur la saison en salle, bien qu’elle laisse encore la porte ouverte pour les championnats de Suisse, prévus fin février à Macolin. «Je n’avais de toute façon pas d’objectifs précis ni rien à aller chercher», affirme-t-elle. Ainsi, elle laissera les entraînements spécifiques pour la salle de côté afin de se concentrer pleinement sur des objectifs plus lointains, en plein air.

Comme en 2020, elle ambitionne d’effectuer un sérieux vrai travail de fond. Le plan? Etre au top de sa forme pour les Universiades d’été qui auront lieu à Chengdu, en Chine, du 26juin au 7juillet et pour lesquelles elle est déjà qualifiée. Plus tard, fin août, elle participera aux Jeux de la francophonie qui se dérouleront à Kinshasa, en République démocratique du Congo. A moins que... «Bien sûr, si j’arrive à me qualifier pour les championnats d’Europe élites de Munich qui ont lieu quasi en même temps, j’irai à Munich. Mais comme la qualification ne se joue plus au temps mais selon le World Ranking, je préfère ne pas trop miser là-dessus.»

Les choses dans l’ordre
Derrière ses propos, il y a la volonté de ne pas courir à tout prix après les grands événements, au risque de se brûler. Joceline Wind veut prendre le temps de faire les choses dans l’ordre. A 21ans, elle sait que sa marge de progression est encore grande. «C’est une saison un peu différente qui se présente, sans grand événement international chez les M23», analyse-t-elle. «Je souhaite profiter de cette période pour mettre l’accent sur les aspects techniques et tactiques de mes courses.»

Une mission qu’elle accompira avec Benoît Babey, son coach chez Bienne Athletics avec qui elle travaille à nouveau après une brève séparation et après avoir mis «beaucoup de choses à plat». «C’est un cadre qui me convient bien», convient l’étudiante en deuxième année à l’Université de Fribourg, qui envisage de baisser le rythme de ses études dès cet été pour se consacrer davantage à son sport.

Une évolution logique, annonciatrice de futurs nouveaux coups d’éclat. De ceux dont Joceline Wind est devenue habituée. Et friande.

Avec Ajla Del Ponte et Rachel Pellaud pour lancer la série de meetings à Macolin

Réservé aux cadres nationaux l’an dernier en raison des mesures sanitaires alors en vigueur, le meeting de Bienne Athletics retrouve un format plus traditionnel ce week-end à Macolin. A une exception près, puisque les athlètes étrangers ne sont pas autorisés à y prendre part afin de ne pas surcharger la salle de la Fin du Monde, qui accueillera près de 700 athlètes demain et 600 dimanche. Un chiffre comparable aux années précédentes, selon Manuela Fahrni, présidente du comité d’organisation.

La tête d’affiche principale du meeting est de toute évidence Ajla Del Ponte, laquelle s’élancera samedi en fin de matinée sur 60 m. Une distance que la Tessinoise de 25 ans apprécie particulièrement, elle qui avait conquis le titre de championne d’Europe l’an dernier en Pologne avec un chrono canon de 7’’03, meilleur temps mondial de l’année. D’autres pointures ou espoirs sont annoncés, à l’image de Riccarda Dietsche (60 m), Melissa Gutschmidt (60 m), Léonie Pointet (60 m, 200 m), Noemi Zbären (60 m, 60 m haies) ou encore Charles Devantay, Lionel Spitz et Julien Bonvin sur 60 m et 200 m.

D’un point de vue régional, on suivra avec attention le retour sur ses terres de Rachel Pellaud. La Biennoise de 26ans, qui avait vécu une dernière faste avec notamment sa participation aux Jeux olympiques de Toyko avec le relais 4 x 400 m, s’élancera samedi sur sa distance favorite du 400m, avant de prendre part le lendemain au 600 m. L’occasion pour elle d’étrenner pour la première fois les couleurs de son nouveau club, le Stade Genève, qu’elle a rejoint il y a quelques mois après son départ de la FSG Bassecourt.

Trois autres rendez-vous
Le meeting de Bienne Athletics est le premier d’une longue série ces prochaines semaines à Macolin. S’ensuivront le Q-Meeting du Centre national de performance de Berne le 5 février, le meeting de la LA Berne les 12 et 13 février, lors duquel auront également lieu les championnats de Suisse de concours multiples, puis les championnats de Suisse élites, les 26 et 27 février. Pour les pointures nationales, la saison indoor connaîtra son épilogue du 18 au 20 mars à l’occasion des Mondiaux en salle qui auront lieu à Belgrade, en Serbie.