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Bienne

Des parures haute couture et sur mesure

Rachel Ghazarian ne se laisse pas abattre par la pandémie. Elle a décidé de prendre le pli et de créer des masques de luxe pour égayer l’atmosphère actuelle.

Rachel Ghazarian tient sa boutique au Quai du Bas, à Bienne. Mattia Coda

Maeva Pleines

Son virus à elle, c’est celui de la créativité. «En ces temps plutôt tristes, je voulais proposer des accessoires qui apportent un peu de joie et d’élégance», lance Rachel Ghazarian. Dans la vitrine de cette couturière biennoise, au Quai du bas 78, on trouve des masques bariolés, avec des pompons ou même des éléments un peu coquins, comme une fermeture éclaire «pour se faire des bisous malgré tout».
En dépit de leur fantaisie, ces masques sont tout à fait pratiques. «Je les fais sur mesure, pour qu’ils épousent parfaitement la forme du visage», précise la Biennoise.
Il existe aujourd’hui de nombreux tutoriels pour créer son propre masque en quelques minutes, en coupant simplement un carré de tissu. Mais ceux-ci présentent généralement un espace qui baille entre les joues et les oreilles. «Mais ce n’est pas esthétique ni très efficace pour se protéger», note-elle. «Quant aux masques jetables, c’est tout sauf écologique... Les miens sont durables et possèdent un filtre protecteur à l’intérieur qui peut être changé si nécessaire.»
Pour s’offrir le luxe de l’élégance sanitaire, il faudra toutefois compter un budget d’environ 80 à 100francs. Normal, pour de la haute couture, comme l’explique la créatrice: «Le prix peut surprendre certaines personnes, mais il s’agit d’un objet unique, qui me prend entre une et deux heures de travail selon les modèles. Et en cas de besoin, je propose encore d’éventuelles retouches plus tard.»
Pour l’instant, Rachel Ghazarian a vendu une poignée de ses masques. Inspirée par la variété des tissus exploitables, elle en produit désormais un par jour. «Aujourd’hui je travaille sur un modèle en jeans, sobre, avec une jolie bouche toute rouge au milieu», glisse-t-elle avec malice. Elle précise également qu’il est possible de lui faire une commande complètement personnalisée.
Avec la crise sanitaire, les masques sont carrément devenus un accessoire de mode. Et c’est bien compréhensible, selon Rachel Ghazarian: «Etant donné que l’on cache une partie très expressive de notre visage, il est désormais possible d’affirmer notre identité à travers le tissu et le design que l’on choisit.» La couturière propose ainsi d’assortir sa robe avec son masque. Elle prédit aussi une tendance un peu spéciale pour cet été: le trikini, un bikini assorti à son masque.


Boost de créativité
Lorsqu’on lui demande comment la crise a affecté le domaine de la mode, la Biennoise reste positive. «Certes, la demande n’est plus la même et il est plus compliqué de se procurer de nouveaux tissus... mais, d’un autre côté, cela nous force à nous renouveler.» Elle cite ainsi une de ses récentes créations: «Une cliente m’a apporté une longue jupe en soie dont elle ne voulait plus... Finalement, je lui ai fait une blouse qui l’a ravie!»
Elle ajoute qu’il faut savoir se diversifier. «Je donne par exemple des cours de couture à la demande dans mon atelier: on peut notamment y créer son propre masque. J’enseigne également deux fois par semaine à l’Ecole de design de Bâle. Et puis, je reste active en ligne pour trouver des clients, je contribue à des mariages et je vends aussi des tissus.»
En tout cas, il n’est pas question d’abandonner sa jolie boutique pour la fille du célèbre magicien biennois, Raspoutine. «Cela fait 25 ans que j’exerce ici. J’y ai réalisé mon rêve d’enfant: posséder mon magasin avec un tapis rouge!»

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