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Lutte suisse

En manque de sciure

Blessé à une épaule il y a un an à Péry, Lukas Renfer avait dû faire l’impasse sur l’ensemble de la saison dernière. Le lutteur de Corgémont pourrait devoir en faire de même cette saison en raison du coronavirus.

Lukas Renfer ne rêve que d’une chose: revivre des émotions comme celles-ci, lors de la Fête de lutte du Jura bernois 2018 à Orvin (archives Stéphane Gerber)

Christian Kobi

Il n’y a pas de bons moments pour se blesser, mais il y en a assurément de plus mauvais que d’autres. Ce n’est pas Lukas Renfer qui prétendra le contraire, lui qui s’était fracturé l’épaule droite un sombre dimanche de mai 2019. Dans les ronds de sciure du Centre communal de Péry, ce jour-là, le Curgismondain avait longtemps fait tout juste. Sur un nuage, il s’était débarrassé de ses quatre premiers adversaires avec une facilité déconcertante et avait déjà en mains son billet pour la passe finale de la 92e Fête du Jura bernois.

Le feu d’artifice final face à Kilian Wenger promettait d’être grandiose. Il n’aura jamais lieu, la faute à une mauvaise chute lors d’une cinquième passe au caractère anecdotique face à Thomas Sempach. «Rien que d’y repenser aujourd’hui, cela me fait mal», grimace le lutteur de 24 ans. Une douleur autant physique que moral, puisque ses rêves de couronne à la Fête fédérale de Zoug, trois mois plus tard, venaient de voler en éclats. Le sacre fédéral du Seelandais Christian Stucki, il le vivra depuis les tribunes. «Une des rares fêtes auquel j’ai eu le courage d’assister comme spectateur», avoue-t-il.

Un homme tout neuf
Opéré à Berne quelques jours après cette chute qui hante encore ses nuits, Lukas Renfer a senti le besoin de remonter rapidement en selle. Pour évacuer sa légitime frustration, lui qui avait tout misé sur la Fête fédérale zougoise, le fromager établi à Riggisberg, entre Berne et Thoune, a enchaîné les séances de vélo et de course à pied. «J’ai beaucoup transpiré, j’avais besoin de sortir des choses», souffle celui qui avait déjà dû subir une opération à une épaule, la gauche alors, en 2017. «Désormais, avec deux épaules refaites, je suis comme neuf», plaisante-t-il.

Quatre mois après sa mésaventure, il reprend les entraînements de lutte avec son pote Fabian Staudenmann et quelques-uns des meilleurs lutteurs du canton, à Berne et Schwarzenburg. Tout se passe au mieux, les douleurs ne sont plus qu’un lointain souvenir. «J’ai travaillé aussi durement l’hiver dernier comme lors du précédent. Je me sentais bien, j’avais l’impression d’avoir déjà retrouvé une bonne partie de mes sensations.» En février, il participe au Hallenschwinget de Büren et termine son pensum au rang 6a, avec un bilan de trois victoires et trois nuls. Un retour encourageant.

Regard tourné vers 2021
La saison 2020, celle des 125 ans de l’Association suisse de lutte, avec une fête de haut vol prévu fin août en Appenzell, n’attend alors que de démarrer. Lukas Renfler a le moral gonflé à bloc, d’autant que la Fête du Jura bernois est agendée les 13 et 14 juin à Corgémont, le village de son enfance. «C’est toujours beau de lutter chez soi. Je me réjouissais beaucoup.» Mais le coronavirus vient tout gâcher. «Moralement, c’est très dur de ne pas pouvoir lutter en ce moment. Pour moi qui n’ai plus participé à une fête en extérieur depuis plus d’une année, ça commence à devenir long...»

Et Lukas Renfer devra encore patienter avant de revivre les émotions d’une fête en plein air. Car si les entraînements de lutte sont autorisés en petits groupes depuis samedi dernier, toutes les manifestations ont été annulées jusqu’à fin août. Ne figurent encore au calendrier que quelques événements, la plupart mineurs, en septembre et octobre. «Au stade où on en est, cela ne me dérangerait pas qu’on tire un trait définitif sur cette saison 2020. J’ai un peu peur qu’il y ait beaucoup de blessés si on reprend en septembre, car tout le monde ne se sera pas entraîné de manière optimale», fait remarquer le Jurassien bernois.

Un lutteur qui n’exclut pas de participer à l’un ou l’autre événement cet automne, s’ils ont lieu, mais dont le regard est déjà tourné vers 2021. Une grosse année en perspective, qui démarrera avec la Fête du Jura bernois les 24 et 25avril chez lui, à Corgémont. «Je viserai une couronne à chaque fête à laquelle je participerai», annonce-t-il. Prometteur, déjà.

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