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Infrastructures sportives

Inciter et non contraindre

Présenté lors de la récente assemblée de Jura bernois.Bienne, cet état des lieux doit permettre une gestion régionale pérenne.

La carte synthétique ci-dessus, réalisée par la commission Réseau de centres de l’associationJb.B, concerne le Jura bernois mais inclut La Chaux-de-Fonds, Neuchâtel, Bienne et Delémont (d’ouest en est). Carte: Jura bernois.Bienne

Par Dan Steiner

Les coûts sont énormes mais les moyens des collectivités sont différents d’une localité du Jura bernois à l’autre. Les intérêts sont variés et la tentation est grande à certains endroits d’insister sur le fait que c’est à la commune où a été construite une infrastructure sportive d’en assurer le gros de l’entretien ainsi que, corollaire, de sa pérennité.

En quelque sorte, c’est ce que veut éviter la commission Réseau de centres de l’association Jura bernois.Bienne (Jb.B), dont le rapport sur les infrastructures sportives d’importance régionale a été présenté mi-juin aux maires de Jb.B. «La Clientis Arena n’est plus la patinoire de Saint-Imier, mais celle des dix communes actionnaires.» Président de la commission, le maire de Saint-Imier, Patrick Tanner, n’hésite pas à prendre l’exemple de la piste de glace locale pour étayer le propos général.

Ce qui est tout à faire compréhensible étant donné le succès de sa mutualisation et de sa rénovation. «J’ai envie de croire que les communes sont prêtes à participer à des projets de ce genre avec leurs voisines. Cette patinoire est un bel exemple démontrant que c’est possible, ce qui ne veut pas dire que c’est ‹la› solution», tient-il à préciser.

Lignes directrices pas figées
Comme lui et le rapport de sa commission le rappellent, le domaine du sport ne bénéficie pas d’une législation cantonale, au contraire de la culture, qui dépend de la loi sur l’encouragement des activités culturelles, la LEAC. Ce dossier de Jb.B n’est finalement qu’un état des lieux des installations sportives régionales. «Il se base sur une première réflexion entreprise à l’époque par l’ARJB (réd: l’Association régionale Jura-Bienne, dont Jb.B a repris les tâches le 1er janvier 2019)», indique Patrick Tanner.

Son but n’est donc pas de contraindre qui que ce soit de rénover sa piste d’athlétisme, son téléski ou son terrain de foot, ni de forcer Sorvilier à participer à la couverture de déficit de la piscine couverte de Bévilard, par exemple (lire ci-dessous), mais de proposer des solutions ou des conseils. «Ce rapport, qui a retenu 16 infrastructures qui ont une valeur régionale (lire ci-dessous également), donne des lignes directrices. Il n’est toutefois pas figé», assure le maire de Saint-Imier. «Mais une installation bénéficie plus largement qu’à la seule commune qui l’héberge. Bien sûr, plus on s’en éloigne, plus la question se pose.»

Rôle social et formateur
Le canton peut tout de même participer en partie. Il a par exemple subventionné, grâce au Fonds du sport, environ 500'000 fr. sur les 6 millions qu’a coûtés la patinoire du Vallon. Il met la main à la poche pour la partie dite sportive de l’objet, explique Patrick Tanner. «A voir s’il n’est pas possible d’obtenir un taux plus élevé. C’est une piste à explorer.» Cela devrait inciter les communes à s’entraider.

Et même les régions. Si le rapport concerne le Jura bernois, il ne faut pas perdre de vue la proximité avec Bienne. «On ne va pas créer quelque chose de particulier chez nous si cela existe déjà là-bas.» Evidemment, la cité seelandaise, qui abrite plusieurs infrastructures d’élite, ne milite pas dans la même catégorie que les communes centre du Jura bernois voire la région entière. Le modèle de financement est d’ailleurs différent. «La loi sur la péréquation financière (réd: et la compensation des charges, la LPFC) prévoit que la Ville touche un certain montant puisqu’elle est désignée comme ‹centre urbain›.»

Finalement, ce document émet différents axes stratégiques et recommandations. Les stations de ski ou les piscines souffrent par exemple d’un manque de neige de plus en plus criant, respectivement de l’évaporation de l’eau pour celles en plein air ou d’une machinerie complexe pour celles couvertes. «Mais ces installations jouent un rôle capital, notamment au niveau scolaire», détaille Patrick Tanner. Nos téléskis, eux, permettent à toutes les bourses de s’amuser dans l’or blanc. Sinon, il y a également la solution Magic Pass (Le JdJ d'hier), dont la manne issue des abonnements permet justement de venir en aide aux installations de basse altitude.

Le rapport retient ainsi que le sport doit être accessible à tous. Que ce soit au niveau de l’âge, d’un handicap ou de la desserte en transports, idéalement publics. Des installations de qualité peuvent également permettre de faire rayonner la région grâce à ses (jeunes) sportifs ou à l’organisation, pourquoi pas, d’événements d’envergure nationale, à titre exceptionnel.

Travailler en sous-région permet également de ne pas se perdre ou diluer le message. A noter encore que les réseaux (pédestres, équestres, VTT ou encore de ski de fond) ont également été étudiés et nécessitent une coordination similaire (choix des tracés, entretien, balisage). D’autant qu’ils promeuvent la mobilité douce.

Les 16 installations sportives d’importance régionale
* La Neuveville Au Bordu
* Orvin Téléski
* Plateau de Diesse Centre sportif du Plateau
* Saint-Imier Piscines couverte et en plein air, patinoire couverte, piste d’athlétisme et téléski
* Tramelan Piscine en plein air, patinoire couverte et téléski
* Valbirse Piscine couverte
* Moutier Piscine en plein air, patinoire et halle polysport

La piscine couverte «de l’Orval», vraiment?
Dans la région, seules deux piscines couvertes permettent de nager quand les beaux jours s’en vont. Celle de Saint-Imier est exiguë et les horaires d’ouverture restreints. Reste celle de Bévilard, mise en exploitation en 1981. Outre l’idée de mutualiser les abonnements des piscines régionales, celle de la création d’une SA pour l’installation de Valbirse n’est pas nouvelle.

«Ça avance. Nous avons présenté le projet aux communes il y a peu», explique Jacques-Henri Jufer, le maire de Valbirse. «Mais ça fait une décennie que ça dure. Il faut désormais se décider!» Il rappelle une nouvelle fois le caractère régional de l’installation, bien au-delà de l’Orval, alors que ce sont les habitant(e)s de sa commune qui supportent le plus gros des charges. Ainsi, un achat d’actions et une dépense périodique pour la couverture du déficit doivent être soumis en fin d’année aux Assemblées communales.

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