Par Sébastien Goetschmann
Lorsqu’ils ont commencé à brasser, il y a de cela six ans, dans la cuisine de la maison familiale à Bienne, les frangins Balz, Arthur et Guillaume de leurs prénoms, en rêvaient déjà: utiliser un maximum de matière première locale.
«Nous avons toujours eu des valeurs écologiques marquées, c’est une question de cohérence», confirme le premier cité. «Au départ, nous avons commencé à brasser uniquement par curiosité, pour comprendre comment on fabrique de la bière. Sans penser à la commercialiser.»
Aujourd’hui, la brasserie BLZ-Company compte huit employés pour un taux total d’occupation d’un peu plus de 500%.
Travailler avec les producteurs et les transformateurs de la région trotte donc depuis longtemps dans la tête des deux frères, qui ont emménagé dans leurs locaux à Orvin à la fin de l’année 2017. Une étape importante avait été franchie en 2018, lors de la création de la coopérative Malticulture, dans laquelle la BLZ est fortement impliquée et qui exploite une malterie à Delémont.
Le lieu de production jurassien s’est d’ailleurs récemment doté de nouvelles infrastructures, qui permettront de malter jusqu’à 100tonnes de céréales par an.
La coopérative compte une soixantaine de membres et réunit brasseurs, agriculteurs, transformateurs et amateurs de boisson maltée. Mais l’orge qui y est malté provenait, jusqu’ici, essentiellement du Jura. Avec ces huit premières tonnes de céréales produites par l’agriculteur d’Orvin Thomas Léchot, la BLZ-Company aura environ six tonnes de malt à disposition pour brasser quelque 30000 litres de bière.
Belle carte de visite
«Le résultat final devrait sortir au printemps prochain», estime celui qui est responsable administratif au sein de la SA. «Il s’agira très certainement d’une bière blanche, un produit que nous ne proposons pas encore à la brasserie. C’est donc une bonne occasion de tester une nouvelle bière. Avec la quantité de malt à disposition, nous pourrons d’ailleurs expérimenter plusieurs sortes différentes.»
Le fait de produire une bière avec de la matière première issue du territoire du Parc naturel régional Chasseral permettra aussi à la brasserie orvinoise d’entamer une collaboration bénéfique. «Cela nous assurera d’avoir le label du Parc Chasseral pour cette bière brassée avec de l’orge local et ouvrira des débouchés intéressants, comme la possibilité de mettre nos produits en avant lors de manifestations du Parc», assure Arthur Balz.
«Mais c’est avant tout une très belle reconnaissance de nos efforts pour participer activement aux activités de la région et pour amener de la cohérence dans notre manière de produire.»
Alors, à quand une bière 100% locale? «Ici, il est pour l’instant impossible de cultiver du houblon», relève Arthur Balz. «On trouve par contre du très bon houblon bio produit en Suisse.»
Cultiver la plante herbacée n’est donc pas encore à l’ordre du jour, mais l’idée est tout de même déjà présente. Il faudra cependant attendre quelques années, à l’instar de la récolte d’orge, qui a pris plus de cinq ans pour passer du rêve à la réalité. «Il faut savoir que pour pouvoir cultiver du houblon, on peut compter environ 15000 francs d’investissement par hectare», relève encore notre brasseur passionné.
Quant au nom de cette future nouvelle bière, bien qu’il n’ait pour l’instant pas encore été arrêté, il va tout naturellement tourner autour du village d’Orvin. Et pourquoi pas la petite Orvine?
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