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Bienne

«Je veux partir la tête haute»

Pierre Ogi n’a pas été réélu dimanche dernier au Conseil de ville. Après plus de 30 ans au parlement, le socialiste romand devra laisser sa place à la relève en décembre.

Pierre Ogi dira au revoir au Conseil de ville en décembre, mais pas à la politique. Peter Samuel Jaggi

Julie Gaudio

«Un choc. Une déception ensuite. Un soulagement enfin.» Au lendemain des élections biennoises qui ne lui ont pas permis de garder son siège au Conseil de ville, Pierre Ogi (PSR) résume l’annonce de ce résultat par les trois mots précités. «J’ai été d’autant plus surpris que j’avais réalisé mon meilleur score il y a quatre ans», poursuit-il. Malgré tout, le conseiller de ville socialiste accepte tout à fait sa défaite. «Je ne cherche même pas à la comprendre ou à l’expliquer», assure Pierre Ogi. «Et je remercie tous les électeurs qui ont voté pour moi pendant 36ans.»

Entré au parlement biennois le 1er janvier 1984, Pierre Ogi achèvera son neuvième mandat en décembre. Le socialiste romand dira au revoir à la salle du Bourg, mais sa passion pour la politique biennoise ne le quittera pas. «Je vais toujours au Conseil de ville avec le plus grand des plaisirs», sourit-il.

Un ouvrier politisé

Si une pointe de nostalgie peut transparaître dans sa voix, Pierre Ogi affirme pourtant n’avoir aucun regret. Il éprouve même un certain soulagement à l’idée de quitter le parlement. «J’aurai moins de pression. Quand je défends un sujet qui me tient à cœur, je me prépare des semaines à l’avance et j’y pense tout le temps, dans mon jardin notamment», témoigne-t-il.

Horticulteur retraité de 73 ans, Pierre Ogi représente l’une des dernières figures du monde ouvrier à siéger au Conseil de ville. C’est d’ailleurs pour cette raison qu’adhérer au parti socialiste semblait une évidence pour lui dans sa jeunesse. «Le parti socialiste défendait les intérêts des ouvriers. Nous ne sommes pas en lutte, mais nous devons nous défendre», explique-t-il. Il ne comprend d’ailleurs pas qu’aujourd’hui, les ouvriers ne se politisent plus. «Je suis en colère contre eux. Ils doivent se réveiller et s’engager politiquement! On ne peut pas défendre le monde ouvrier quand on n’en a pas fait partie.»

Fidèle membre du Parti socialiste, Pierre Ogi n’a jamais songé à le quitter, même s’il «regrette» la scission du PS biennois entre Romands et Alémaniques.«Le PS est malgré tout le seul parti à défendre les intérêts pour toute la population», affirme-t-il.
Avec 36 ans de séances de Conseil de ville à son actif, Pierre Ogi a de quoi écrire un livre d’histoire. «Quand j’ai commencé, il n’y avait que deux groupes politiques: gauche et droite. Les séances étaient plus rapides car seuls deux partis s’exprimaient», raconte-t-il. De même, le parlement biennois avait plus de prérogatives, se rappelle Pierre Ogi. «Nous avions le pouvoir de faire baisser les prix des transports pour les moins aisés», cite-t-il par exemple. «Les citoyens s’adressaient à nous car nous avions de l’influence.»

Parmi les gros dossiers traités, Pierre Ogi se souvient du nouveau règlement pour le personnel de la Ville de Bienne, établi avec succès. «Grâce à cela, tous les employés ont pu bénéficier d’un revenu décent pour vivre», se réjouit-il. En revanche, la privatisation de la plage de Bienne reste, pour lui, l’un des plus gros échecs du Conseil de ville de ces dernières années. «A deux voix près, nous pouvions retirer la gestion de la plage au CTS», se remémore Pierre Ogi, avec regret. «Cette décision est inadmissible.»

Ce n’est qu’un au revoir

Pour la suite, Pierre Ogi est persuadé qu’il ne s’ennuiera pas. Entre son jardin, sa famille, ses nombreuses lectures mais aussi ses activités au sein du Conseil des affaires francophones, de la caisse de pension de la Ville de Bienne ou comme juge laïc, le retraité a de quoi s’occuper. Et la politique ne sera jamais tout à fait loin. «Je continuerai de participer aux séances du PSR», promet Pierre Ogi.

Hier, «pauvre en perspective d’avenir, comme tous les ouvriers», Pierre Ogi est désormais riche d’un passé parlementaire. Pour «partir la tête haute», il jure d’assister à toutes les séances du Conseil de ville d’ici la fin de l’année.

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