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Coronavirus

Les personnes âgées ont payé un lourd tribut au Covid

En 2020, le canton a enregistré 9946 décès. C’est 4,7% de plus que la moyenne des cinq dernières années. C’est toutefois nettement moins que le nombre de décès en Suisse ou dans les cantons voisins. Mais la mortalité a été forte lors de la 2e vague.

Ce graphique montre l’évolution de la mortalité au cours des semaines. On voit que la hausse des décès en décembre est étroitement liée à l’évolution de la pandémie.

Par Philippe Oudot

L’an dernier, 9946 personnes sont décédées dans le canton de Berne. C’est ce qui ressort des chiffres publiés la semaine dernière par l’Office fédéral de la statistique concernant la mortalité en 2020. En comparaison avec les 9497 décès enregistrés en moyenne au cours des cinq dernières années (de 2015 à 2019), la hausse est d’environ 4,7%. Sans surprise, elle s’explique en partie en raison de la pandémie de coronavirus.

Le chiffre bernois est toutefois nettement inférieur à l’augmentation de 9,45% enregistrée au niveau national:  73694 décès ont en effet été comptabilisés en 2020, contre 67308 en moyenne pour ces cinq dernières années. Mais la hausse de la mortalité est également bien moindre que dans les cantons voisins: durant la même période, elle s’est élevée à 10,1% à Neuchâtel, et même de 22,3%dans le canton du Jura.

La faute au Covid
Depuis le début de la pandémie, le canton établit chaque jour une statistique détaillée comprenant le nombre de tests réalisés, les cas positifs, les personnes hospitalisées (y compris en unités de soins intensifs et sous assistance respiratoire), ainsi que le nombre de personnes décédées des suites du Covid. Afin décembre, le virus avait ainsi entraîné la mort de 691patients.

En examinant les chiffres durant la première vague, soit entre mi-mars et fin avril, on constate que la mortalité globale n’a que légèrement augmenté l’an dernier. On n’a dénombré que 22 décès de plus que la moyenne des cinq dernières années. Les décès dus au Covid n’ont donc pas eu une grande influence.

Forte hausse
En revanche, comme le montre le graphique ci-dessus, la situation a été tout autre lors de la deuxième vague, soit à partir de fin octobre. En effet, jusqu’à la fin de l’année, le nombre total de décès s’est élevé à 2349, contre 1676 en moyenne entre 2015 et 2019. Une différence de 673, ce qui correspond à une augmentation de la mortalité de 40%. Une hausse liée directement liée aux ravages du coronavirus.

Cette deuxième vague a été particulièrement meurtrière chez les personnes de 80 ans et plus: pas moins de 1615 sont décédées durants cette période, contre 1065 en moyenne sur les cinq dernières années, soit une hausse de plus de 51%. Le pic a été enregistré au cours des trois premières semaines de décembre, avec respectivement 198, 194 et 192 décès. Anoter que près de trois quarts des décès liés au Covid ont été enregistrés dans cette classe d’âge.

De manière certes moins marquée, la catégorie des 65 à 79ans a elle aussi payé un lourd tribut au Covid. On y a en effet dénombré un quart des décès, soit 541, contre une moyenne de 418 entre 2015 et 2019. Cela correspond à une augmentation de 29%. Le plus grand nombre de décès a été comptabilisé lors des deux dernières semaines de décembre, respectivement 78 et 68.

La surmortalité parmi les personnes âgées s’explique notamment du fait que beaucoup d’entre elles souffraient déjà de diverses pathologies et étaient particulièrement vulnérables. Une fois que la pandémie sera maîtrisée, on peut donc s’attendre à voir le taux de mortalité diminuer sensiblement, par effet de rattrapage.

Traitements assurés
Cette surmortalité pourrait-elle aussi en partie s’expliquer en raison de la saturation des hôpitaux, et donc du report de certains traitements?On se souvient en effet qu’au printemps dernier, les hôpitaux avaient dû reporter les interventions non urgentes pour accueillir les patients Covid. «Non», assure Gundekar Giebel, responsable de la communication de la Direction de la santé. «Nos hôpitaux ont certes dû faire face à une hausse importante de patients, mais ils n’ont jamais été submergés. D’ailleurs, pour éviter un tel scénario, nous avons un dispositif qui, en cas de saturation, nous permet de transférer des patients Covid dans un hôpital d’un autre canton pour prendre en charge des malades chroniques graves ou en situation de détresse. Mais ça n’a jamais été le cas.»

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