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Formation

Se réinventer en ligne et dans l’urgence

Crise du Covid-19 oblige, les apprentis dans le social et la santé ont vécu une année de formation riche, à l’épreuve du terrain. Côté théorie, un maximum de cours ont été dispensés en ligne pour éviter les risques de contagion. Etat des lieux et des enjeux.

La pandémie actuelle impacte les formations dans les soins et le social, confrontées à l’urgence du terrain et à l’évolution des pratiques d’enseignement avec la digitalisation d’une partie des cours. Photo: ceff/ldd

Par Nicole Hager

La situation sanitaire actuelle frappe de plein fouet les professionnels des milieux de la santé et du social, mais également leurs futurs collègues. Depuis bientôt une année, les apprentis et étudiants du ceff santé-social à Saint-Imier, le Centre de formation professionnel Berne francophone, alternent les périodes d’enseignement, le plus souvent à distance, et les engagements sur le terrain.

Apprentis engagés
A l’heure de la première vague déjà, dans leur grande majorité, les apprentis assistants socio-éducatif (ASE), assistants en soins et santé communautaire (ASSC) et les étudiants en soins infirmiers ont répondu présents pour soutenir les patients et le système de santé. Certains se sont même mis à disposition pendant leurs semaines de vacances pour renforcer des unités hospitalières en mal de personnel. Directeur du ceff santé-social, Daniel Roulin loue l’implication de ses étudiants et se veut rassurant: la mobilisation sur le terrain ne se fait pas au détriment de la formation théorique, mise entre parenthèses par période. Dès l’annonce du confinement, à la mi-mars et jusqu’à fin avril, les apprentis affiliés au ceff ont été totalement libérés de l’école pour être à disposition des institutions de soins de la région.
Les cours théoriques n’ont repris qu’après les vacances de printemps. Il a alors fallu rattraper le temps perdu tout en s’adaptant à l’enseignement entièrement repensé pour être suivi à distance.
Après un été plutôt calme, la rentrée s’est déroulée dans des conditions presque habituelles, c’est-à-dire en présentiel et avec la mise en place d’un concept sanitaire béton. Mais, sur la demande expresse du monde du travail, les formations en soins et santé sont rapidement repassées à l’enseignement à distance jusqu’à début décembre. L’objectif était d’éviter que les étudiants et apprentis ne multiplient les contacts et donc les risques de transmission de virus. Malgré les aléas de la pandémie qui impacte directement leur formation, «les jeunes gèrent plutôt bien cette situation», selon Daniel Roulin. «Ils font preuve de solidarité entre eux».

En perte d’attractivité?
Si tout est mis en œuvre pour assurer la qualité de la formation des futurs praticiens de la santé, le questionnement dans les milieux de la formation se porte sur l’après-Covid-19. Dans quelles mesures, la situation actuelle dans les soins, avec des conditions de travail tendues, va-t-elle influencer l’intérêt pour les professions de la santé? Les jeunes vont-ils craindre de se lancer dans ces métiers?
Après plusieurs rentrées marquées par un engouement croissant pour ses filières, le ceff santé-social a enregistré une baisse de ses effectifs en 2020. Effet Covid? Il est trop tôt pour le confirmer. L’échéance des premiers dépôts de candidature pour la rentrée à venir laisse même présager l’inverse. Près de 70 dossiers d’inscription ont été déposés pour la formation ASSC en école à plein temps, soit 20% de plus qu’une année auparavant. Avant de crier victoire, Daniel Roulin attend de connaître le nombre d’inscriptions pour les formations en dual. «Le résultat dépendra de la motivation des jeunes, mais aussi du nombre de places d’apprentissage mises à disposition par nos partenaires de formation.»
Du côté de l’antenne francophone bernoise de l’OrTra santé-social, organisation du monde du travail s’engageant dans la formation des apprentis en mode dual, tout a également été mis en œuvre pour continuer à former les futurs professionnels, même pendant la crise, explique sa directrice Joëlle Rahim. «Notre but est de pouvoir présenter aux examens des apprentis avec des bases solides.» Une nécessité pour faire face à la pénurie chronique de personnel dans les soins.

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