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Athlétisme

Un casse-tête pour passer l’hiver

La saison indoor se termine ce week-end sur le plan national avec les championnats de Suisse à Macolin. Pour Swiss Athletics, l’organisation des meetings en salle a représenté un véritable défi logistique.

Caroline Agnou(au centre) et les autres athlètes se produiront à nouveau dans une salle qui sonnera creux ce week-end à Macolin (photo athletix.ch)

Christian Kobi

Les incertitudes ont longtemps été de mise. La crise sanitaire permettra-t-elle une saison en salle? Si oui, sous quelle forme? Avec quels athlètes? Dans quelles conditions? «En décembre, nous ne savions pas ce que nous serions autorisés à faire en janvier et en février», rappelle Beat Freihofer, chef de la communication chez Swiss Athletics. Depuis, quatre meetings – un à Saint-Gall, trois à Macolin – ont été organisés. Le point final sur le plan national sera posé ce week-end avec les championnats de Suisse, toujours à Macolin.   

Des meetings en petit comité, réservés à la crème de la crème d’aujourd’hui et à celle de demain. «L’ordonnance actuelle du Conseil fédéral prévoit que seuls les membres des cadres nationaux peuvent participer à des compétitions. En athlétisme, cela correspond aux Swiss Starters, Swiss Starters Future et membres d’un cadre de relais», détaille le Biennois de 44 ans. A cela s’ajoutent certains athlètes que Swiss Athletics considère comme pouvant participer aux Européens par équipes de juin prochain à Cluj, en Roumanie, une compétition jugée «importante» pour l’équipe de Suisse.  

Par amour de l’athlétisme
Dans ces conditions, sans public, sans possibilité de faire quelques rentrées d’argent avec une buvette, qu’est-ce qui a bien pu pousser les différents organisateurs (LCBrühl, Bienne Athletics, LABerne et le Centre national de performance Berne/Macolin) à proposer ces meetings? «Leur amour pour l’athlétisme», répond Beat Freihofer. «Tous sont conscients qu’on vit une période particulière, et aucun n’a hésité à se lancer malgré les contraintes. Pour eux comme pour nous, il était important d’offrir aux athlètes de pointe un moyen de se préparer pour les Européens en salle (réd: du 4 au 7 mars à Torun, en Pologne) et pour les grands rendez-vous internationaux de l’été.»  

Pour s’y faire, des concepts de protection stricts ont été mis en place. Ainsi, les horaires ont été façonnés de sorte que les groupes de disciplines ne se mélangent pas et qu’il n’y ait jamais trop de monde en même temps dans la salle. Les athlètes doivent arriver changés sur le lieu de compétition, qu’ils doivent quitter au plus tard 20 minutes après leur effort. «Notre idée est d’organiser des petits meetings à l’intérieur d’un meeting afin d’éviter les contacts», souligne Beat Freihofer, qui se félicite qu’aucun cas de Covid n’ait été recensé jusqu’à présent.

Des médaillés absents
Ce concept sanitaire sera reconduit samedi et dimanche à l’occasion des championnats de Suisse. Une compétition forcément particulière puisque plusieurs médaillés de 2020 qui ne font pas partie du cadre national ne pourront pas y participer – il y a en tout 139 inscrits «autorisés», contre près de 300 en moyenne ces dernières années. «Nous n’avons aucune marge de manœuvre dans ce domaine, car nous suivons à la lettre l’ordonnance du Conseil fédéral», répond le responsable de Swiss Athletics. «Certains athlètes qui ne pourront pas être là comprennent très bien la situation, d’autres sont frustrés. C’est normal mais nous ne pouvons rien faire, ce n’est pas notre décision.»    

Si ces joutes ont malgré tout été maintenues, c’est surtout pour permettre aux athlètes de récolter des points pour le classement de World Athletics, qui sert à attribuer certaines places lors des grands rendez-vous internationaux. Les championnats nationaux y sont davantage valorisés que d’autres meetings. «Normalement, notre règlement prévoit que cinq athlètes au minimum doivent être inscrits dans une discipline et trois y participer pour qu’un titre national soit attribué. Mais cette année, les titres et médailles seront décernés indépendamment du nombre d’engagés», précise Beat Freihofer.

Une situation qui débouchera sur des situations cocasses. Seule participante «autorisée» au triple saut du côté féminin, la Saint-Galloise Alina Tobler (21 ans) est ainsi d’ores et déjà assurée d’être sacrée championne de Suisse. Enfin presque. Elle devra pour y parvenir valider au moins un de ses trois essais. Une tâche a priori pas insurmontable.

 

Avec Caroline Agnou, Rachel Pellaud et Joceline Wind
Il y aura du beau, du très beau monde même, samedi et dimanche à Macolin à l’occasion des championnats de Suisse élites en salle. Si aucun public n’est évidemment autorisé, les compétitions seront diffusées en direct sur la plateforme ubs-athletics.fans, avec des commentaires en français et en allemand. Côté régional, les espoirs seront portés par les Biennoises Caroline Agnou (Satus Bienne) et Rachel Pellaud (FSGBassecourt) ainsi que par Joceline Wind (Bienne Athletics), de Sonceboz.

Encore inscrite dans trois disciplines en milieu de semaine (60 m haies, lancer du poids et saut en longueur), Caroline Agnou ne l’est désormais plus qu’au lancer du poids. L’heptathlonienne y voit certainement dans cette discipline ses meilleures chances de médaille, elle qui avait pulversé son record personnel avec un jet à 15m33 (ancien à 15m07) il y a deux semaines lors des championnats de Suisse multiples. Une distance qui la place au 2e rang des cinq athlètes qui prendront part à ce concours.  

De son côté, Rachel Pellaud fait partie des outsiders sur 400 m, où la Zougoise Silke Lemmens fait figure de favorite avec un chrono de 53’’67 cette saison. Après s’être préparée en Afrique du Sud et en Belgique, la Biennoise avait fait son retour à la compétition il y a deux semaines à Metz en battant son record personnel en salle (54’’36). Cela avait été plus compliqué le week-end dernier à Gand, avec un temps de 55’’99.
Quant à Joceline Wind, qui hésitait entre le 800 et le 1500 m, elle a finalement opté pour la deuxième option. Une distance où où elle devrait a priori pouvoir lutter pour une place dans le top 3 ou 5.

Un 60 m dames qui promet
Au niveau des autres disciplines, on suivra avec particulièrement d’attention le duel auquel se livreront Ajla Del Ponte et Lea Sprunger autant sur 60 m que sur 200 m. Avec six filles qui ont déjà été plus rapides que les minima de 7’’40 exigés pour les Européens de Torun, du 4 au 7 mars (chaque nation ne pourra envoyer que trois athlètes au maximum par discipline), la lutte s’annonce passionnante sur 60 m. Chez les hommes, Silvan Wicki est clairement le No1 du pays sur 60 m. Avec son record de 6’’61, il n’est qu’à un centième du record national.

Parmi les principales absences, notons celles de Jason Joseph, actuellement en stage aux Etats-Unis, et de Simon Ehammer, forfait après avoir disputé deux heptathlons en neuf jours.

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