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A fond dans sa nouvelle mission

Avec le poste de directeur administratif de la Première Ligue, Jérémy Manière a trouvé un job en adéquation avec ses intérêts personnels. L’ancien joueur du FC Bienne ne manque en tout cas pas de travail.

Jérémy Manière (à droite) sous le maillot du FC Bienne, lors d’un match à Chiasso en mars 2015 (photo Keystone)

Laurin Petitat

La question de la reconversion professionnelle est un sujet délicat lorsqu’un sportif de haut niveau est contraint de mettre prématurément un terme à sa carrière. Ce n’est pas le cas pour Jérémy Manière. Gêné par des blessures à un genou, le footballeur s’est résolu à ranger ses crampons en février 2020, à tout juste 28 ans, alors qu’il défendait les couleurs du Stade-Lausanne Ouchy en Challenge League. «Sur mon parcours de joueur, je ne regrette rien, car j’ai pu goûter à la Super League durant plusieurs années. Après, les blessures, c’est le destin. L’important pour moi était de rester en santé.»

Une année après son retrait, le Vaudois s’épanouit pleinement dans ses nouvelles fonctions de directeur administratif de la Première Ligue. «Tout se passe au mieux. Je prends énormément de plaisir à effectuer mes différentes tâches, qui ont trait à plusieurs domaines», commente-t-il.

Des débuts mouvementés
En place depuis le 1er février de cette année, Jérémy Manière, qui n’a toujours pas pris ses bureaux à la Maison du football de Muri, connaît des journées très chargées. Il traite de tout ce qui est communication au niveau de la Première Ligue – entité qui regroupe la Promotion League et la 1re ligue. Il doit aussi répondre aux sollicitations des clubs concernant la suite du championnat.

L’ancien joueur du FC Bienne reconnaît que ses débuts n’ont pas été faciles. «Lorsqu’une nouvelle aventure démarre, il y a beaucoup de détails à régler. Mais là, en raison de la situation, cela a parfois été compliqué de s’y retrouver. J’ai d’abord dû gérer le traitement de faveur octroyé aux équipes de M21 de nos catégories de jeu et organiser ensuite la reprise des activités de la Promotion League. Avec les incertitudes actuelles, les clubs ont énormément de questions.»

Titulaire d’un bachelor en sciences de l’information et de la communication et en sciences du sport acquis à Neuchâtel et d’un master en gestion du sport et des loisirs réalisé à Lausanne, l’ancien défenseur reconnaît que sa connaissance du terrain l’aide dans ses rapports avec les clubs. «Je pense que cette position d’ancien joueur professionnel me crédibilise quand je contacte les présidents et que je soumets des propositions au comité de la Première Ligue pour le développement de notre section. Les gens sentent que je connais le milieu. Durant ma carrière, j’ai pu comprendre le fonctionnement pyramidal du football suisse.»

Une période difficile
Justement, sa carrière de joueur a été bien remplie avec notamment un passage entre juillet 2012 et janvier 2016 dans le Seeland, où il avait d’abord été prêté par le FCThoune avant d’y être définitivement transféré. Au moment d’évoquer sa période biennoise, durant laquelle il s’est véritablement imposé au haut niveau, l’actuel consultant pour Blue Sport se veut mitigé.

«J’ai passé d’excellents moments à Bienne, un club qui m’a ouvert ses portes alors que je ne jouais pas trop à Thoune. J’ai pu acquérir de l’expérience. Malheureusement, l’aventure s’est mal terminée. Avec l’arrivée de Carlo Häfeli, le FC Bienne a vécu au-dessus de ses moyens et nous n’étions plus payés. C’était une période difficile, car les salaires ne sont pas énormes en Challenge League.»

Transféré au Lausanne-Sport en janvier 2016, soit quelques mois avant la faillite du club seelandais, Jérémy Manière a alors vécu le point culminant de sa carrière, à savoir une promotion avec le LS en tant que Vaudois. «C’était vraiment un moment exceptionnel, car le groupe était formé majoritairement de jeunes du cru. En plus de ça, au niveau humain, nous nous entendions tous très bien. C’est juste génial d’avoir fêté une ascension en Super League avec cette équipe», souligne le citoyen de Nidau, dont la reconversion peut elle aussi être qualifiée de succès.
 

Une décision «peu compréhensible»
En quelques jours, les clubs de 1re ligue, dont le FC Bienne, ont vécu un ascenseur émotionnel au moment de recevoir les communiqués de la Première Ligue (Le JdJ du 5 mars). Swiss Olympic a décidé que seule la Promotion League bénéficie du statut de ligue semi-professionnelle, ce qui empêche les formations du quatrième échelon de s’entraîner normalement. Un choix que regrette Jérémy Manière, auteur de l’argumentaire déposé par la Première Ligue à l’instance olympique pour justifier la position de son institution.

«Cette décision est une déception. Il est à nos yeux peu compréhensible de séparer les deux catégories de notre entité, car elles font le lien justement entre le monde professionnel et amateur», déclare-t-il, avant de comparer la situation avec son parcours professionnel. «Quand j’étais joueur, je discutais avec des personnes évoluant en 1re ligue, elles s’entraînaient presque autant que nous. Certains doivent adapter leur temps de travail par rapport au football. En fonction de ces critères, entre autres, on parle bien d’une catégorie semi-professionnelle d’après moi.»

Afin d’améliorer la situation, le comité de la Première Ligue est en discussion avec Swiss Olympic. Il est difficile en l’état  d’affirmer si un retour en arrière aura lieu. Quoi qu’il se passe à ce niveau, il faudra certainement attendre le 19 mars, moment où le Conseil fédéral annoncera d’éventuels assouplissements, pour connaître une date de reprise de la compétition pour le FC Bienne.

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