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Vote de Moutier

Un recours des autonomistes

Les propos de Virginie Heyer dans divers supports médiatiques ont provoqué l’ire de militants autonomistes, qui ont déposé un recours auprès de la préfecture.

Dans l’affaire du vote de Moutier, les rebondissements se ramassent à la pelle. Photo:Archives

par Pierre-Alain Brenzikofer

La rumeur courait depuis quelques jours. Le JdJ en a obtenu confirmation, tant dans un camp que dans l’autre. Des militants autonomistes ont en effet déposé un recours auprès de la préfecture. Motif? «L’immixtion» de Virginie Heyer, députée-maire de Perrefitte et présidente du CJB, dans la campagne de votation concernant Moutier «par des propos orientés ou tendancieux, fallacieux et trompeurs» parus dans le Journal du Jura du 5 mars. On précisera qu’il s’agissait d’une enquête sur la problématique de la fusion de communes dans la couronne prévôtoise. Les recourants reprochent également à Virginie Heyer d’avoir participé à la «Matinale» de la RTS, le 10 mars, à 7h30, et d’y avoir tenu le même genre depropos.
Enfin, on l’accuse encore d’être intervenue dans lacampagne en tant que personnalité recommandant de voter non le 28 mars sur une page du journal La Semaine,le 10 mars 2021, en compagnie d’autres politiciens antiséparatistes.

«Une personne écoutée»
«Ces ingérences réitérées doivent être reconnues comme illicites, étant donné qu’elles émanent d’une personnalité politique qui est maire de Perrefitte et présidente du CJB», nous a confié André Montavon, militant autonomiste proche des responsables de la campagne pour le oui.
«Nous sommes très étonnés que cette personne puisse s’exprimer de la sorte, alors que le Conseil municipal de Moutier n’a pas droit à la parole et qu’il a respecté cette interdiction, y compris ses membres antiséparatistes», relève le précité. Selon lui, il est tout simplement invraisemblable que la personne visée puisse ainsi présenter ses arguments en faveur du non et que le Conseil municipal ne puisse pas lui répondre, notamment en ce qui concerne les fusions de communes et les écoles.
«Virginie Heyer est maire et présidente du CJB. C’est donc une personne écoutée. C’est pour ces motifs que des militants autonomistes ont déposé ce recours, poursuit André Montavon. Ils attendent de la préfète qu’elle dise que ces propos étaient illicites. Et que l’on soit clair. Il s’agit d’un recours déposé contre Virginie Heyer, pas contre la votation.»
Notre interlocuteur se demande dès lors si la préfète va se récuser. «Après tout, elle est très proche de tous ces gens.»
Reste à apprendre si l’intéressée obtempérera, ou si les autonomistes exigeront qu’elle le fasse. Pour l’instant, ils n’ont pas encore pris de décision. C’est à l’étude, ainsi qu’on nous l’a fait savoir.
«Quoi qu’il en soit, tout cela est terriblement frustrant, conclut André Montavon. Nos gens, eux, ont respecté cette interdiction de s’exprimer.»
Pour le moment, on en est là. Reste à savoir si les autonomistes décideront d’aller plus loin plus tard, en fonction du résultat du vote.

Virginie Heyer sereine
«Si j’ai été sollicitée par les médias, c’est en tant que personnalité publique du Jura bernois, nous a fait savoir Virginie Heyer. Je suis avant tout députée, présidente du CJB et de Jura bernois.Bienne. Dans cette histoire, ma fonction de maire n’est qu’accessoire. C’est d’ailleurs pour ça que Le JdJ m’a contactée dans l’histoire de la fusion de la couronne prévôtoise. Parce que je suis peut-être plus connue qu’un autre maire et c’est tout.»
Eu égard à ce qui précède, Virginie Heyer considère ce recours comme une attaque personnelle à son encontre. «Mais c’est ridicule. Plusieurs politiciens se sont engagés dans cette campagne, aujourd’hui comme en 2017. Et puis, franchement, on exagère beaucoup mon rôle d’influenceuse. Et comme maire, je ne pourrais influencer que ma population, qui n’est pas appelée à voter sur la destinée de Moutier.»
Toujours est-il que l’intéressée a pris acte de l’ordonnance d’une ouverture de procédure à son encontre: «Encore une fois, c’est me donner beaucoup d’importance. Reste que je suis totalement sereine. Encore une fois, d’autres personnalités politiques se sont exprimées dans les médias à propos de cette affaire, comme le conseiller aux Etats jurassien Charles Juillard, qui est beaucoup plus connu que moi. Je pourrais aussi citer mes collègues députés Anne-Caroline Graber et Hervé Gullotti, futur président du Grand Conseil. C’est donc moi qui suis visée. Ce n’est pas la fin du monde, juste une attaque personnelle.»

Juridisme?
Reste à savoir si la préfecture traitera cette affaire comme un recours ou comme une dénonciation. Ainsi que nous l’a expliqué un juriste, si on opte pour la plainte, il faudra s’adresser à la commune de Moutier pour déceler si le vote pourrait être influencé. Mais si on tranche pour la dénonciation, c’est le Conseil municipal de Perrefitte qui devra dire si Virginie Heyer avait parlé sans son accord.
Ah! le juridisme.

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