Pour rejoindre la famille jurassienne

Par Dan Steiner

Il est tenant d’écrire que, cette fois, ça y est, les jeux sont faits dans le cadre de la campagne en vue du vote communaliste de dimanche, à Moutier. On a toutefois vu ce week-end, avec le dépôt d’un (premier?) recours, qu’il ne faut jamais vendre la peau de l’Ours... Côté conférences de presse des différents mouvements de lutte et partis concernés, de près ou de loin par le scrutin, le PDC a été le dernier à reprendre les arguments de l’Entente jurassienne.

En rapport évidemment aux sensibilités du parti, les quatre personnes qui le représentaient, ce matin, ont mis en avant les quatre arguments qui leur tenaient le plus à cœur: le poids politique, les avantages fiscaux et économiques, le soin apporté par le canton du Jura au sport et à la culture et l’avenir de l’Hôpital de Moutier (HDM).

«Sur le plan hospitalier, Moutier n’a rien à perdre»
«Oui pour l’hôpital», c’est le message derrière lequel campait le conseiller de ville Giorgio Terazzi. Le PDC a en effet trouvé en lui, médecin-chef hospitalier de 1990 à 2017, un porte-parole à l’argumentaire d’une précision chirurgicale. Et tout cas pour les militants autonomistes. «Il s’agit d’un non-problème monté en épingle», a asséné le docteur. «Nos adversaires confondent allègrement desserte médicale, rationalisation des soins et optimisation des ressources financières disponibles.»

Pour lui, il est «plus logique» de collaborer avec l’Hôpital du Jura, à Delémont, à 20km, qu’avec un établissement décentralisé, atteignable en 50minutes par temps sec. Donc à Saint-Imier. «Mais l’un n’exclut pas l’autre.» Du coup, comme l’HDM collabore avec un investisseur privé, le «soi-disant risque de se faire absorber est limité voire inexistant». Qualité des soins et palette de prestations seront maintenues, «que les aînés se rassurent».

Pour le parti centriste, la campagne pour le oui s’est déroulée avant tout sur Facebook, avec une publication par jour depuis le début du mois, a expliqué Bastien Eschmann, lui aussi membre du législatif local. Pour lui, les allocations de naissance ou d’adoption, qui n’existent pas dans le canton de Berne; les allocations familiales plus élevées de 540fr. par année et par enfant; les bourses d’étude plus nombreuses; la pérennité de l’école à journée continue sous la désignation d’unité d’accueil pour écoliers; tout joue en faveur du nord. «Parents, futurs parents: aucun doute à avoir, le oui est favorable à toutes les familles», a-t-il plaidé. Le transfert du Service jurassien du sport, quant à lui, fera de la Prévôté une joueuse plus complète dans la ligue jurassienne. HCA, BCB et VFM pourront inspirer certains clubs.

Au-delà des considérations récréatives et culturelles, Le Centre a remis en avant l’importance d’être bien représenté, ce qui n’est pas le cas actuellement au Grand Conseil, du fait de la seule présence de l’UDCMarc Tobler. «Trop peu pour pouvoir influencer des décisions favorables pour la Prévôté et sa couronne, alors même que Moutier est la plus grande ville du Jura bernois», a regretté le dernier conseiller de ville présent, Roland Piquerez. Avec cela, la probabilité d’avoir une personne de Moutier au National ou aux Etats est 20fois plus grande dans le Jura, a-t-il ajouté.

Finalement, Isabelle Pasquier, comptable indépendante, a longuement listé tous les avantages fiscaux et économiques d’un déplacement de frontière. Notamment un taux d’imposition sur le bénéfice et un taux d’impôt sur le capital plus faibles profiteront aux boîtes de la place. Et à celles qui voudront s’y établir. «En tant que deuxième ville du Jura, elle aura un rôle moteur à jouer, plutôt que de rester la 20e d’un canton qui ne se souvient de son existence que lorsque des économies doivent être faites», a conclu la trésorière du PDCMoutier.