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Conseil municipal

«Il y a un gagnant, c’est la ville de Moutier»

Pour l’exécutif, il convient de rallier à son projet la part de la population qui a glissé un non dans l’urne. «Ses craintes doivent être prises en considération.»

«Derrière les masques, vous n’apercevrez pas nos sourires, mais on rigole», a lancé le maire, Marcel Winistoerfer. Photo:Stéphane Gerber

par Dan Steiner

Prévue sur les marches du parvis de l’Hôtel-de-ville une demi-heure après l’annonce des résultats, la conférence de presse des autorités prévôtoises s’est finalement improvisée sur celles qui mènent aux étages, à l’intérieur de l’administration. A l’extérieur, des militants autonomistes, dont certains sont membres du Conseil de ville, s’affairaient en effet à orner la façade du bâtiment d’une gigantesque bannière ornée d’une crosse de Bâle rouge.
«Derrière les masques, vous n’apercevrez pas nos sourires, mais on rigole», a lancé le maire, Marcel Winistoerfer, en introduction du discours du Conseil municipal, dont il s’est logiquement fait le porte-parole. Après quelques citations d’usage, l’élu démocrate-chrétien a estimé que le vote devait être considéré comme valable, étant donné que la population s’est prononcée sous la supervision de l’Office fédéral de la justice (lire aussi ci-dessous) et selon l’accord du 25mars1994 passé entre les deux cantons.

Modération et conciliation
Se félicitant de l’absence de violences, le maire a demandé à chacune et chacun «d’accueillir le résultat dans le calme et le respect de la partie adverse». Et de se plier aux mesures sanitaires...
Au-delà de ça, l’exécutif, amputé, à l’heure de s’exprimer, de sa minorité probernoise, a assuré qu’il n’y avait qu’un gagnant à l’issue du scrutin, à savoir la ville de Moutier. «Il n’y a pas de perdants parmi les citoyennes et citoyens, seulement une minorité qu’il convient désormais de rallier au choix de la majorité», a fait valoir le maire. «Car le nombre de non appelle à la modération et à la conciliation. Il est important que les craintes ressenties soient prises en considération et dissipées», a-t-il ajouté avec un fair-play de circonstance.
Ce qui fait bien entendu dire aux autorités exécutives que l’avenir, c’est maintenant. Et cet avenir viable ne peut se bâtir qu’avec «toutes les forces constructives de la ville» afin de le façonner «pour nous-mêmes et pour nos enfants». Qui prétend aimer la ville nous suive, c’est en quelque sorte le message.
On s’en doute, ce résultat est synonyme d’une «nouvelle magnifique victoire pour le peuple jurassien», a souhaité transmettre le Conseil municipal. Ce dernier se dit bien sûr très heureux du choix de la population, une «satisfaction qui n’a d’égale que l’intense émotion qu’elle a sucitée», et il se réjouit de la confiance ainsi accordée.
Finalement, la majorité du collège a encore remercié les militants d’ici et d’ailleurs, les différentes autorités de son futur canton ainsi que les Jurassiennes et Jurassiens de l’extérieur. «La Ville leur doit beaucoup.»

 

Au sein de la minorité, on doute des promesses
Pourtant conviée au point presse du Conseil municipal, sa minorité probernoise était assurément occupée ailleurs. Mais dans la cohue générale qui régnait aux abords de l’Hôtel-de-ville s’est tout de même faufilé Marc Tobler, responsable des Finances de la Ville. Son premier mot?«Triste.» Les temps qui s’en viennent ne lui inspirent pas un optimisme béat, cela va sans dire.«Il reste en effet à voir si tout se met en marche comme certains l’espèrent, si le rêve devient réalité...» L’élu UDC est convaincu que le canton de Berne saura être un allié consensuel lors du divorce. Selon lui, une chose est toutefois sûre, cela prendra davantage de temps qu’imaginé. «On le voit bien avec Clavaleyres, où tout le monde est d’accord», prévient-il. A titre personnel, continuera-t-il d’occuper son siège à l’exécutif durant cette période?«Ne me demandez pas cela ce soir (réd: hier soir). Ce qui est clair, c’est que les millions ne vont pas tomber du ciel.»

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