Un report pour y croire encore

Christian Kobi

Ce n’était qu’une question de temps. Et du temps, les organisateurs des Courses de Bienne, initialement prévues du 10 au 12 juin, n’en avaient plus. «On a attendu jusqu’au dernier moment, mais il aurait été irresponsable de notre part de temporiser davantage. On se devait de prendre une décision, sous peine de mettre en danger la qualité de notre organisation», commente Lukas Hohl, directeur général de la manifestation. Ladite décision vient de tomber: la 62e édition des Courses de Bienne est reportée du 2 au 4 septembre.

Ce report de trois mois n’est pas une surprise. De nombreux autres événements, culturels ou sportifs, ont opté pour la même stratégie face au manque de perspectives concernant la mise sur pied de grandes manifestations durant la première partie de l’été. «Même si les rassemblements jusqu’à 100 personnes venaient à être autorisés d’ici au mois de juin, cela n’aurait pas valu la peine pour nous compte tenu de la demande et de l’infrastructure dont nous avons besoin», détaille le codirecteur d’Eventra, une agence active dans l’événementiel qui a dû se résoudre à annuler les trois festivals qu’elle organise habituellement.

Pas de nouveau report
En optant pour ce déplacement de dates, les organisateurs des Courses de Bienne s’offrent un répit. Enfin, façon de parler. Car septembre, c’est déjà demain. «Il est nécessaire qu’on obtienne des perspectives claires d’ici au mois de juin sur ce qu’il sera possible d’organiser ou non en septembre», poursuit Lukas Hohl. Un nouveau report plus tard dans l’année n’entre pas en ligne de compte. «Nous allons tout mettre en œuvre pour offrir aux participants une course digne de ce nom en septembre», assure le Biennois, dont l’équipe a prévu une alternative pour patienter (voir ci-dessous).

D’ici là, des réponses précises devront être apportées aux nombreuses questions que se posent les organisateurs. Quel sera le nombre maximum de participants autorisé par jour? Les départs en groupe seront-ils possibles et, si oui, dans quelles conditions? Et les coureurs étrangers, en particulier allemands, français et italiens, habituellement si friands des Courses de Bienne et de leur mythique épreuve des 100 Km, seront-ils autorisés à y prendre part?

Une concurrence féroce
Tant d’interrogations, si peu de réponses à l’heure actuelle. Dans ce flou, une seule certitude: l’impatience ne cesse de grandir chez les coureurs. Ce week-end, ils étaient déjà plus de 1000 à avoir réservé leur place pour l’une des courses de leur choix (100 Km seul ou en estafette, 21,1 km, 11,2 km et Kids Run). «C’est d’autant plus réjouissant qu’en raison des incertitudes et pour limiter les dépenses, nous n’avons jusqu’à présent effectué aucune publicité. Cela démontre que nous pouvons compter sur une base très solide», se félicite Lukas Hohl.

Cette base ne sera pas de trop si les mesures venaient à être assouplies d’ici à la fin de l’été. Car avec toutes les épreuves qui ont opté pour un report, l’embouteillage est programmé. Dans ce calendrier surchargé, les Courses de Bienne prendraient place entre l’ultra-marathon du lac de Bienne (21, 40 et 50 km prévus le 21 août), la Kerzerslauf (20 au 22 août), le marathon de la Jungfrau (10 et 11 septembre) et le Grand Prix de Berne (9 et 10 octobre), pour n’en citer que quelques-uns.

A cela pourrait encore s’ajouter la course prévue par Rolf Thallinger et Andreas Ruefer «à la fin de l’été» sur le parcours original des 100 Km, la direction des Courses de Bienne ayant elle opté de manière transitoire pour une boucle de 20 km à effectuer à cinq reprises. Tout cela n’inquiète pas Lukas Hohl: «Tout d’abord parce que le week-end du 2 au 4 septembre, il n’y a pas grand-chose d’autre au programme. Et ensuite parce qu’en Suisse, il n’y a quasiment pas de concurrence pour une distance comme les 100 Km.»

Après l’annulation de 2020, les organisateurs veulent continuer d’y croire. Mais ils savent que malgré le report, le temps presse. Déjà. «En juillet, on va devoir réévaluer la situation.» Le refrain est connu. Ne reste qu’à changer les paroles. 
 

Une alternative estivale proposée
Un parcours balisé en permanence, un départ possible à tout moment et une performance mesurée grâce à une application, une montre connectée ou une carte à oblitérer. Depuis l’apparition de la pandémie, de nombreux organisateurs optent pour une alternative de ce type face aux contraintes sanitaires. Il y a par exemple eu le Défi de LaNeuveville fin 2020, qui avait enregistré plus de 700 participants et 1400 cartes de participation en deux mois. Il y a aussi, ces temps, la «Limited Edition Run» mis sur pied par l’ancien vainqueur des 100 Km Rolf Thallinger, notamment, sur des portions de parcours de la légendaire course seelandaise. Entre le 1er et le 15 avril, 380 athlètes ont tenté leur chance entre Safnern et Büren an der Aare (11,2 ou 16,6 km), pour un total de 517 participations.

C’est désormais aux organisateurs des Courses de Bienne de se lancer. Tout en espérant pouvoir proposer leur manifestation dans sa forme standard du 2 au 4 septembre, ils lanceront une «Enduro Run» entre le 10 juin et le 10 juillet, sur la boucle de 20 km dessinée entre Bienne, Perles, Longeau et Meinisberg. «Nous voulons à tout prix faire quelque chose. L’idée est de permettre à ceux qui le veulent de se préparer pour les Courses de Bienne, ou simplement de rester en forme et de bouger», déclare le directeur général Lukas Hohl. Sur les 20 km, trois segments ont été définis et seront chronométrés à l’aide d’une montre connectée ou d’une application, ce qui permettra l’élaboration d’un classement. Les inscriptions pour cette course individuelle par intervalles seront ouvertes à partir du 26 avril.