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Cyclisme

Le prototype parfait de l’étape casse-pattes

Avec six ascensions au menu, la 2e étape du Tour de Romandie entre La Neuveville et Saint-Imier, le 29 avril, promet une empoignade musclée. Décryptage du parcours en compagnie de Georges Aeschlimann.

Le 29 avril, le peloton n'aura guère le temps d'apprécier la beauté des paysages entre La Neuveville et Saint-Imier (archives Keystone)

Christian Kobi

Il ne manquera ça pour rien au monde. Depuis qu’il sait que le Tour de Romandie passera dans la région, le jeudi 29 avril à l’occasion d’une 2e étape qui emmènera les coureurs de La Neuveville à Saint-Imier, sur 165,7 km et avec 3400 m de dénivelé positif au programme, Georges Aeschlimann trépigne d’impatience. «Ce jour-là, j’enfourcherai mon vélo pour me rendre au col des Pontins. A mon avis, c’est là que la course risque de se décanter», prédit le citoyen de La Heutte, qui redescendra ensuite sur Saint-Imier pour assister à l’arrivée, «de près ou de loin» et toujours «dûment masqué», comme le veut la règle.

Ce terrain de jeu, «son» terrain, le fils de l’ancien cycliste professionnel Georges Aeschlimann le connaît comme sa poche. «Quand j’étais moi-même actif en tant qu’amateur élite et membre de l’équipe nationale, c’était mon terrain d’entraînement. Je peux dire que je connais chaque mètre du parcours», appuie celui qui fut aussi joueur (de 1958 à 1976) et manager (de 1966 à 1983) du HC Bienne. Aujourd’hui encore, à 79 ans, il sort régulièrement son vélo pour aller se balader dans le coin. «Ça descend, ça monte, ça descend, ça monte, il n’y a quasiment pas de plat. C’est vraiment une étape casse-pattes.»

Tour de chauffe bienvenu
Cette troisième journée de la 74e édition de la boucle romande, Georges Aeschlimann l’entrevoit même comme plus sélective que l’avant-dernière, entre Sion et Thyon2000 (161,3 km et 4100 m de dénivelé positif). «Disons que comme on le dit souvent, le Tour de Romandie ne va pas se gagner ce jour-là, mais pour quelques coureurs il pourrait bien se perdre à cette occasion. Ces 160kilomètres, croyez-moi, ce sera tout sauf de la rigolade. La répétition de l’effort est marquée. Personne ne pourra se permettre de se laisser aller.»  

Surtout, avance ce grand fada de cyclisme, au courant d’absolument tout ce qui se passe sur la planète vélo, il n’y aura quasiment aucun répit tout au long de la journée. «Heureusement qu’il y a ce petit tour de chauffe de 15 km autour de LaNeuveville avant d’entamer la montée en direction de Prêles, car ensuite ce sera du non-stop», souffle-t-il. Au cours de la discussion, il a cette pensée pour son père, le légendaire coéquipier de Ferdi Kübler et Hugo Koblet lors de leurs victoires sur le Tour de France, en 1950 et 1951. «En tant qu’excellent grimpeur, il aurait signé dix fois pour une étape comme celle-là.»  

Les craintes de la météo
Dans sa tête, Georges Aeschlimann a déjà esquivé de multiples scénarios pour la course de jeudi prochain. L’un d’eux revient plus souvent que les autres. «A mon avis, ça risque de partir très vite», imagine-t-il. «Les coureurs voudront déjà se mettre en bonne position pour la montée vers Chaumont. Il se pourrait que les équipes placent des échiquiers et qu’une échappée se forme, laquelle sera neutralisée. Ensuite, les meilleurs partiront aux Pontins, avant de jouer la victoire d’étape sur la fin, un peu dans le style d’une course de côte.»

Les aléas de la météo, toutefois, pourraient venir perturber ce scénario prometteur. «J’espère simplement qu’il ne pleuvra pas et qu’il ne fera pas trop froid», lâche Georges Aeschlimann, qui redoute le cas échéant que les favoris, particulièrement ceux qui prendront part au Giro à partir du 8mai, décident de rester en retrait et de ne prendre aucun risque. En cas de mauvais temps, les deux descentes sur les Convers, d’abord après le premier passage à LaChaux-de-Fonds puis en redescendant de la Vue-des-Alpes, pourraient s’avérer particulièrement délicates, selon les experts.

Mais ça, à l’heure actuelle, Georges Aeschlimann n’en a cure. Trop impatient de revoir un peloton depuis le bord d’une route, même «si l’absence de contact dans les aires d’arrivée et de départ est un crève-cœur», trop curieux d’assister à cette étape «propice à un bon grimpeur désireux de montrer ses qualités». C’est pour le 29 avril. Allez, plus que huit nuits et on y est!

 

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