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Bienne

«D’un point de vue pratique, c’est une perte de temps»

Un motion déposée la semaine dernière au Conseil de ville demande, à terme, l’interdiction des voitures en ville de Bienne d’ici 2030. Deux associations réagissent.

Jeunes socialistes et POP espèrent que la région entière bannisse l’utilisation de véhicules motorisés. Archive - Aimé Ehi

Par Jérôme Burgener

Al’horizon 2030, Bienne va-t-elle ressembler à Copenhague, Amsterdam, voire Zermatt, pour interdire purement et simplement les voitures sur son territoire? C’est en tout cas la volonté des Jeunes socialistes (JS) et du Parti ouvrier populaire (POP), qui ont déposé une motion allant dans ce sens, la semaine passée, au Conseil de ville.


Le texte fait suite à un communiqué de presse diffusé un jour auparavant par les JS, expliquant que le Conseil municipal ne répond pas aux attentes posées par le programme d’urgence climatique, présenté il y a un an par le parti. «Les autorités n’ont pas suffisamment agi alors que nous nous sommes montrés constructifs et avons pris le temps de rédiger un plan d’action», justifie la motionnaire, Nina Schlup(JS).


Une proposition vaine pour le TCS Bienne-Seeland et son président, Peter Bohnenblust:«Cela ne répond ni aux exigences actuelles d’un développement social sain et équilibré, ni aux besoins de notre société. Les propositions purement idéologiques qui manquent la cible empêchent une discussion constructive et ont un effet contre-productif.» Matthias Rutishauser, directeur de Pro Velo Bienne, considère que la motion tient de l’utopie:«D’un point de vue pratique, c’est une perte de temps. Ce type d’initiative joue en faveur des partisans de l’automobile et des voix radicales de l’Automobile Club de Suisse (ACS). Mais ce n’est que mon avis, d’autres au sein de Pro Velo peuvent penser différement.»


D’autres solutions
Les deux associations ont chacune des propositions pour faire évoluer le trafic.
Pour le TCS section Bienne, tout doit passer par le dialogue.«Nous avons une liste de propositions à court et à long termes, issues du groupe de dialogue de l’axe ouest de l’A5. Il faut mettre en palce le trafic souterrain pour les automobiles. Cela augmenterait la qualité de vie en ville et donnerait de la place pour la mobilité douce et les transports publics», détaille Peter Bohnenblust, également conseiler de ville FDP et député au Grand conseil.


Du côté de Pro Velo, il faut avant tout que Bienne applique sa stratégie pour la mobilité douce 2018-2040. «La ville est encore planifiée pour les voitures malgré les mesures du plan sectoriel pour le vélo et celles du groupe de dialogue de l’axe Ouest», soupire Matthias Rutihauser. Il préconise certaines solutions:«Il faut favoriser les axes  et connectionsprioritaires pour les piétons et les vélos. On peut aussi imaginer que la ville soit sous un régime à 30km/h.»


Provocation
JS et POP sont prêts à accorder des exceptions pour les véhicules d’urgence et les personnes à mobilité réduite. Mais ils espèrent que Bienne fasse pression sur les communes voisines et le canton pour que le trafic motorisé soit rapidement et systématiquement supprimé de l’espace public. Une proposition qui va trop loin pour Peter Bohnenblust: «Demander qu’un des piliers de la mobilité disparaisse tout en voulant l’imposer à d’autres communes, j’appelle cela de l’idéologie.» Nina Schlup (JS) avoue que ce type de propositions doit faire réagir:«Au Conseil de ville, nombreux sont ceux qui affirment que la protection du climat coûte cher. Nous voulons les provoquer, sinon nous ferions quelque chose de faux.» Matthias Rutishauser conclut:«C’est le droit de la jeunesse d’être radical. Je préfèrerais que la Ville de Bienne soit courageuse et exemplaire en terme de l’infrastructure pour la mobilité douce.»

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