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Stand up paddle

Un point d’ancrage dans les eaux biennoises

Avec seulement deux inscrits, la course prévue vendredi soir à La Neuveville a été annulée. Dans la région, les activités chronométrées se concentrent entre Bienne et Nidau, avec la très prisée SUP Race.

Sur le lac de Bienne, il y a les paddleurs de pointe (comme ici) et les autres. Tous les autres (archives Carole Lauener)

Christian Kobi

Les jours de beau temps, sur le lac de Bienne, ils sont plusieurs dizaines, parfois des centaines, à pagayer debout sur leur planche. Certains ont l’équilibre chancelant, avec comme seule préoccupation de ne pas finir à l’eau. D’autres donnent l’impression d’avoir fait ça toute leur vie. Pour eux, le «stand up paddle» (SUP) se décline sous diverses formes: il y a les sportifs en quête de vitesse, les promeneurs contemplatifs, adeptes du «slow», il y a ceux qui y voient une manière de sculpter leur corps ou encore les as du yoga sur eau.

Sport en vogue, le SUP et ses pratiquants suscitent les convoitises. Ci et là, des organisateurs tentent d’attirer un public nouveau en proposant des épreuves chronométrées. C’est le cas du triathlon de LaNeuveville, qui s’y était mis pour la première fois en 2019. Un coup dans l’eau, puisque seuls six participants avaient pris le départ. «Pour une première, ce n’était pas si mal», tempère Eric Ehle, dont l’idée avait été accueillie avec grand enthousiasme par le comité d’organisation neuvevillois.

Sans grande surprise
C’est encore pire cette année, pour ce qui aurait dû être la deuxième édition. Avec seulement deux inscrits, la course contre-la-montre prévue vendredi soir sur 3 km, une semaine avant l’épreuve de triathlon du 11 juillet, a été annulée. «Il aurait fallu une dizaine de participants pour qu’elle ait lieu», avoue Eric Ehle, qui estime qu’il faut réfléchir à une meilleure interaction entre paddle et triathlon, deux épreuves organisées à deux dates différentes cette année en raison des restrictions sanitaires. De toute manière, vu l’absence totale d’intérêt, une réflexion devra être menée sur le bien-fondé du maintien ou non de cette course.

A l’autre bout du lac, on observe la situation sans étonnement aucun. Coresponsable du Sunsetshop, dans le port de Nidau, Fabian Rohrbach avait jadis collaboré avec le Biennathlon, une épreuve multisport aujourd’hui disparue qui avait aussi tenté le pari du paddle, en 2016. Pour un résultat plus que mitigé et vite abandonné, là aussi. «La scène du stand up paddle a sa propre manière de fonctionner. Il faut la connaître et y être bien intégré pour pouvoir proposer quelque chose qui fonctionne», estime-t-il.

Ce quelque chose qui fonctionne, c’est la SUP Race. Organisée par Sunsetshop depuis 2012 sur la boucle de 5,4 km autour de Nidau, entre le lac, l’Aar et la Thielle, elle réunit chaque année entre 2500 et 4000participants, de début juin à fin août. La diversité des temps enregistrés illustre la diversité des pratiques. «Il y a de tout, entre ceux qui se lancent pour la première fois et à qui il faudra plus d’une heure et demie pour effectuer la boucle, et ceux qui viennent tôt le matin pour profiter d’une eau calme et viser un chrono», remarque Fabian Rohrbach. Selon lui, de mémoire, la meilleure marque du parcours se situe à 28’50.

L’atout de la flexibilité
Cette course, qui offre un «prize money» de plus de 10 000 francs aux participants – et pas seulement aux plus rapides –, est l’une des plus importantes en Suisse. Si ce n’est en Europe. «Il y a une scène très active dans la région», constate le responsable. En juillet et août, les habitués du coin sont rejoints par les vacanciers, d’ici et d’ailleurs. «Le fait que la course se déroule sur trois mois et que chacun est libre de venir quand il veut explique son succès», poursuit-il. Autres atouts: la distance, jugée idéale, et la non-dépendance vis-à-vis de la météo par rapport aux épreuves se déroulant sur un jour.

Par chance, ce vendrtedi, le retour d’un temps plus estival est annoncé. Mais faute de participants, aucun départ ne sera donné dès 17h du côté de La Neuveville. Comme durant tout l’été, les adeptes du chronomètre – et les autres – se retrouveront dans la baie biennoise. Là où le point d’ancrage du stand up paddle régional est le plus fort.

 

Moins de locations, plus de ventes
Le phénomène n’a cessé de prendre de l’ampleur au fil des années. «Lorsque nous avons commencé avec la location de stand up paddle, en 2013, nous disposions d’environ 20planches. Aujourd’hui, nous en avons plus de 70 et les jours de beau temps, la demande est vraiment très forte», constate Fabian Rohrbach, coresponsable du Sunsetshop, dans le port de Nidau. Depuis deux ans, tout en restant à un haut niveau, les chiffres de location ont cependant tendance à stagner. Et pour cause. «De plus en plus de gens achètent leur propre planche, chez nous ou ailleurs», indique le gérant.

Une tendance qui s’est encore accentuée avec la pandémie. Sur le marché, les modèles, solides ou gonflables, ainsi que les prix se multiplient. On y trouve de tout, du très bon jusqu’au franchement médiocre. «L’autre jour, une personne est venue vers moi pour me dire que sa planche tournait toute seule. Lorsque je lui ai demandé combien et où elle l’avait achetée, je n’ai pas été surpris», sourit Fabian Rohrbach, qui mise sur le service à la clientèle pour se démarquer des grandes enseignes qui cassent les prix. Un pari jusqu’ici gagnant, même si la concurrence est rude. En magasin comme sur l’eau.

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