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Bienne

Relier la jeunesse

Douze danseurs et un musicien présentent la pièce «Akzak» mercredi 24 novembre au théâtre Nebia. Un rendez-vous en rythme et en couleurs.

«Akzak» réunit 12 danseurs d’Afrique et d’Europe sur un sol sablonneux. Laurent Philippe
Par Julie Gaudio
 
Sarah, Téguawendé, Juliette, Meriem, Mohamed, Chourouk, Adama, Moad, Synda, Fatou, Angela... Des prénoms criés sur une scène à peine éclairée, sans musique. Les danseurs entrent les uns après les autres, et l’on devine, par leurs noms, qu’ils viennent d’ici et de là-bas. Par cette introduction très mystérieuse, ils plantent le décor d’«Akzak», la nouvelle création de Héla Fattoumi et Eric Lamoureux. Le duo de chorégraphes, à la tête du Centre chorégraphique national de Bourgogne Franche Comté à Belfort, a relié 12 danseurs qui viennent, pour la plupart, des quatre coins du continent africain. «Ils ont à la fois des origines géographiques très diverses, mais ils sont également issus de cursus différents», précise Eric Lamoureux. «Malgré leurs différences, nous voulons montrer qu’ils peuvent danser ensemble. Un message particulièrement important durant cette période électorale française.»
 
Dans cette création contemporaine, pas question pour les chorégraphes de convoquer les corps de ballet, qui se meuvent dans une synchronie parfaite. «L’idée est également de mettre en valeur ce qui distingue les danseurs», appuie Eric Lamoureux. Pour cette raison, une grande liberté leur a été laissée pour composer des petites partitions s’inscrivant dans l’œuvre. «La base du spectacle est très écrite, mais pas les gestes», glisse le chorégraphe français. 
 
Ainsi, chaque danseur a imaginé ses propres phrases rythmiques en trois ou cinq temps. «Les frappements de mains laissent peu à peu place à des mouvements du corps, dévoilant leur singularité», détaille Eric Lamoureux, en joignant le geste à la parole.
 
Le rythme dans la peau
 
De la même manière, le compositeur et percussionniste Xavier Desandre Navarre a eu carte blanche pour imaginer la partition jouée en direct sur la scène. «La musique ne dirige pas la danse, et vice versa», affirme Eric Lamoureux. «Nous voulons que le public se demande constamment: ‹Les danseurs agissent ainsi parce qu’ils entendent ces notes musicales? Ou le musicien joue-t-il cet accord selon les mouvements qu’il voit?›»
 
Très rythmée, la chorégraphie se passe parfois des percussions, se contentant du corps des danseurs comme instruments. «Nous voulons qu’ils soient aussi chanteurs. Et avec des onomatopées, ils créent une chanson», note Eric Lamoureux. Les tubes en plastique qu’ils portent prolongent également leurs corps. «Utilisés au début comme des armes, ces outils se transforment en instruments de musique. De chaque tube sort une note, en ton et demi-ton, ce qui ouvre le champ des possibles», souligne le chorégraphe.
 
Pour ce dernier, tout est bon pour créer du rythme, même la lumière. D’ailleurs, le titre du spectacle est inspiré du terme turc «aksak», qui signifie «à contretemps». Il désigne les principaux rythmes irréguliers rencontrés dans les Balkans. Sur scène, la combinaison entre danse et percussion fait monter une intensité qui en devient addictive. Les écoliers biennois qui ont découvert la pièce hier ne s’y sont pas trompés: ils dansaient et sautaient dans la rue en sortant. A voir si les adultes auront la même audace ce soir.
 
«Akzak», à 19h mercredi 24 novembre à Nebia.
Mots clés: Bienne, Danse, Spectacle, Nebia

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