La Villa Verdan s’apprête à renaître

Julie Gaudio

Au milieu du brouillard surgit parfois le soleil. Lorsqu’il nous reçoit dans son bureau d’architecte hier matin à Bienne, Pierre Liechti en est convaincu. «Vous allez voir, il va faire beau!» assure-t-il. Une heure plus tard, à la fin de l’entretien, force est de constater qu’il a vu juste: l’épais brouillard a laissé place à un radieux soleil brillant au milieu d’un ciel azur. 

Propriétaire de la Villa Verdan depuis 2013, via sa société d’immobilier Pierre Liechti &Associés, l’architecte a dû attendre le début de cette année pour pouvoir enfin démarrer les travaux de rénovation. Un rayon de soleil après des années de brouillard administratif. Malgré une publication de la demande en février 2020, le permis de construire de la maison sise au faubourg du Lac 75 n’a pu être accordé que l’an dernier. «Le 18 mai 2021, exactement. Je m’en souviens encore», sourit Pierre Liechti.

La Ville de Bienne a mis du temps à l’accorder, car trois oppositions et trois réserves de droit lui sont parvenues pendant le délai légal. Elles émanaient des propriétaires voisins:le Centre d’art Pasquart, la Bourgeoisie de Bienne – qui détient la grange Verdan – et la résidence Favorita, proposant des logements pour personnes âgées. «Au lieu de régler les dissensions via des courriers d’avocats, j’ai opté pour le dialogue», relate Pierre Liechti. «J’ai réuni tout le monde dans mes bureaux pour discuter et dissoudre les inquiétudes.» Un processus qui s’est «très bien déroulé», puisque des conventions ont été signées entre ses voisins et lui.

Soigner l’écrin

Autrefois propriétaire de la Villa Verdan, la Ville de Bienne l’avait vendue à Nicolas Hayek en 2008, qui avait l’intention d’y installer le siège de sa nouvelle société Tiffany & Watch Co. Le bâtiment s’étant finalement révélé trop petit, le Swatch Group l’avait cédé deux ans plus tard. Pierre Liechti l’a acquis ensuite, après qu’il soit passé dans les mains de deux autres propriétaires. «La Ville de Bienne reste très attachée à cette villa et surveille de près son avenir. Nous avons ainsi travaillé avec la commission de l’Urbanisme, particulièrement attentive aux aménagements extérieurs», précise l’architecte biennois. 

Se qualifiant d’optimiste, Pierre Liechti préfère parler davantage du soleil que du brouillard. Il décrit ainsi volontiers, avec moult détails, les travaux qu’il compte entreprendre ces prochains jours. Les curieux ont d’ailleurs peut-être déjà remarqué que les alentours de la Villa Verdan ont été nettoyés de leurs mauvaises herbes, redonnant toute sa majesté à la bâtisse du 19esiècle, classée aux Monuments historiques. «Nous allons la rénover, sans toucher à son architecture. Il s’agira surtout de soigner le visuel», promet Pierre Liechti. A l’intérieur, il compte aménager les trois premiers niveaux en bureaux ou cabinets médicaux, selon les demandes. Aux deux étages supérieurs, des duplex seront créés. 

Un bâtiment écologique

Le plus gros du projet consiste en l’édification d’un nouveau bâtiment, moderne, de six étages, derrière l’historique villa. Sa construction a fait craindre aux opposants une obstruction de la vue. «Le petit immeuble mesurera 17 mètres de haut, soit à peine moins que le Centre d’art Pasquart», souligne-t-il. 

Dans ce nouvel édifice, 34 appartements vont être aménagés, tous destinés à être loués. «Il sera labellisé Minergie et orienté vers le développement durable, avec notamment un rattachement au chauffage à distance de la Bourgeoisie de Bienne», décrit Pierre Liechti. Des panneaux solaires seront installés sur le toit. Tout sera pensé pour que le bâtiment soit parfaitement isolé, tant en termes de chaleur que d’acoustique. «Côté sud, de grands balcons seront aménagés sur toute la façade, afin d’apporter une plus-value aux locataires.»

Passionné par son métier et soucieux des moindres détails, Pierre Liechti s’est entouré de plusieurs bureaux d’ingénieurs et d’un architecte paysager pour concevoir l’ensemble de son projet. Un petit chemin piéton traversera le terrain, afin de se rendre aisément du Centre d’art Pasquart à la grange Verdan, où la Brasserie La Marmotte est installée. «On veut créer l’effet ‹waouh!› pour nos futurs locataires», admet l’architecte en souriant. 

Si les travaux se déroulent comme prévu, les futurs résidents pourraient emménager à la fin de 2023. «Dès que les conditions de sécurité seront atteintes, nous aménagerons un appartement modèle pour les visites», glisse Pierre Liechti. L’architecte est convaincu que la Villa Verdan, mêlant patrimoine et modernité, saura séduire les Biennois. Ne serait-ce de par sa proximité avec le lac, la gare et le centre-ville. Mais juste en dessous du brouillard... lorsqu’il y en a.