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Bienne

Un permis pour vivre

Hier matin, un groupe de soutien a accompagné Abdallah Abdouali déposer une pétition munie d’environ 1400 signatures à la Chancellerie demandant l’octroi d’un permis humanitaire pour ce ressortissant algérien souffrant de graves séquelles de la polio.

Anne-Camille Vaucher

Par Maeva Pleines

 

L’espoir est grand et les enjeux élevés pour Abdallah Abdouali alors qu’il dépose une pétition à la Chancellerie de Bienne. Ce ressortissant algérien de 52ans espère recevoir un permis humanitaire afin de pouvoir enfin subvenir à ses besoins de manière indépendante. Accompagné d’un groupe de soutien fait d’amis, de voisines et de son cousin Mohamed Hamdoui, il remet un texte muni de 1383signatures, dont celles de nombreux parlementaires de tous bords politiques.
Abdallah Abdouali réside en Suisse depuis 2018. Pour des raisons médicales, celui-ci connaît déjà bien le pays. Il y a mis les pieds pour la première fois en 1979 grâce à Terre des hommes afin d’y traiter les séquelles d’une poliomyélite infantile. Depuis, il revient régulièrement pour mettre à jour ses appareils orthopédiques. «Par le passé, une visite tous les quatre à cinq ans suffisait. Mais son état s’est détérioré et, aujourd’hui, les conditions sanitaires du Sahara algérien ne sont plus adaptées à son lourd handicap», relate Mohamed Hamdaoui.
Malgré son incapacité à marcher sans béquilles, ce citoyen ne chôme pas. Parfaitement bilingue en arabe et français, il offre son aide à d’autres requérants d’asile ou à des malades, il propose des cours de langue et des mandats d’interprétariat. Des activités qu’il exerce bénévolement, à cause de son statut de bénéficiaire de l’aide d’urgence. «C’est absurde, car il pourrait vivre de manière indépendante si on le lui permettait», dénonce son cousin.


Intégration reconnue
En chœur avec les personnes présentes au dépôt de la pétition, il dresse le portrait d’un homme «plus suisse que les Suisses». «Grâce à son engagement, il s’est imposé comme une personnalité reconnue de Bienne», note Amel Bouchiba, la fondatrice de l’association CeSaM. «Nous apprécions particulièrement sa générosité. C’est une qualité dont la société a besoin», poursuit une de ses voisines du quartier des Tilleuls.
Pour elles, la quantité des signatures en faveur d’Abdallah Abdouali prouve bien l’attachement de la population envers lui. On retrouve, en effet, des paraphes de près des trois quarts des conseillers de ville, dont celle du président de l’UDC régionale. Patrick Widmer ne voit pas de contradiction avec la ligne de son parti à soutenir l’intégration de ce ressortissant:«La droite s’engage pour les personnes dans le besoin, tout en étant opposée à l’industrie du social et à une immigration incontrôlée. Lorsqu’il est possible d’aider ces gens de manière ciblée dans leur pays, nous privilégions cette solution. Toutefois, cet homme est impliqué depuis des années en Suisse et il ne semble pas indiqué de l’expulser.»
De fait, à la perspective d’un renvoi, Abdallah Abdouali devient sombre. «Cela me semble insurmontable», souffle-t-il. Le quinquagénaire évoque son arrivée en Suisse comme un regain d’espoir. «Dans mon enfance, j’ai passé plus de temps dans les hôpitaux que dans ma famille. Ici, j’ai pu développer des relations autres que de patient à soignant. J’ai développé des amitiés et des opportunités de m’engager socialement. Enfin, j’ai pu mettre ma maladie entre parenthèses. Ce n’est pas mon pays de naissance et pourtant j’ai la sensation que ma vie se trouve ici», conclut-il.
Le département des Affaires sociales ne s’est pas montré du même avis. Les autorités biennoises ont, en effet, refusé sa première demande de permis humanitaire en septembre 2021, considérant l’Algérie comme un Etat sûr. Tant que le recours est pendant, elles ne commentent pas le dossier.

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