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Bienne

De l’art à l’école de commerce

Pour leur travail de maturité au ceff de Tramelan, Ajrie Zhuta et Nora Regaïa ont réussi à concilier leur goût pour la photo et l’écriture avec leurs compétences en marketing.

Nora Regaïa (g.) et Ajrie Zhuta (dr.) souhaitent économiser pour s’offrir une école artistique. Rafael Schearen

Par Maeva Pleines

Elles l’avouent volontiers, leur amitié n’a pas commencé sur un coup de foudre. «Quand elle est arrivée dans ma classe, je ne l’aimais pas trop... Je ne sais même pas pourquoi!» Depuis, Ajrie Zhuta a réussi à apprivoisier Nora Regaïa et, malgré leurs différences et leurs caractères affirmés, les deux jeunes femmes ont trouvé un joli terrain d’entente. «Nous avons une histoire de vie similaire et nous traversons les épreuves à travers l’art», laisse entrevoir Ajrie. 

Avant tout, ces Biennoises de 18 et 19ans étudient ensemble au ceff de Tramelan. Toutes deux apprenties employées de commerce dans des grandes marques horlogères de la région, elless’associent pour réaliser leur travail de maturité autour d’un concept plutôt étonnant pour une école de commerce... Elles organiseront une exposition d’art, à voir dès demain à Bienne. 

«C’est notre passion. D’ailleurs, nous planifions toutes deux d’économiser pour réaliser une école d’art plus tard, moi dans la mode et elle dans le graphisme», sourit Nora. «Nous pensions analyser l’horlogerie dans la région. Puis, notre prof a suggéré d’en faire un flyer ou une expo. Il n’en fallait pas plus pour nous inspirer», poursuit son acolyte, qui avait déjà exposé collectivement ses dessins dans le passé. 

Finalement, point des montres au programme, mais des photos et des textes avec Ajrie derrière la caméra et Nora à la plume. «Nous serons jugées sur la méthodologie organisationnelle et pas pour les œuvres... pourtant c’est cela qui nous a pris le plus de temps», s’amusent-elles.

Après avoir défini un thème, les émotions, le duo s’est mis à l’ouvrage. «Nous avons commencé par les photos pour que mes textes puissent s’inspirer des images», explique Nora. Et sa camarade de préciser: «Nous voulions créer du lien et représenter un large spectre d’émotions.»

Très impliquées dans leur projet, les deux évoquent notamment des séances de shooting où l’une des modèles s’est courageusement immergée dans un lac de Bienne à 6 degrés. «Sans même hésiter!» salue Nora. 

Même si leur engouement est davantage artistique, elles estiment avoir acquis d’importantes compétences dans l’organisation et la collaboration. «Nous avons dû trouver de nombreux compromis, car nos idées ont souvent divergé. Mais, c’est devenu de plus en plus simple», assure Ajrie, avec un regard complice à son amie.

Parmi les critères d’évaluation, elles devront justifier leur stratégie marketing selon quatre «P», à savoir le Produit, la Promotion, la Place et le Prix. Il s’agit, en effet, de pouvoir rentabiliser leur évènement. Pour cela, elles ont choisi un local abordable et adapté à leur concept:la Chambre Noire, à la rue de la Gurzelen 11. «Nos 16clichés et 8textes n’auraient de toute façon pas été mis en valeur dans une salle trop grande», explique Ajrie. 

Le duo a aussi fait de la pub de manière ciblée, dans les lieux culturels, les bars et les écoles. Leurs œuvres seront, par ailleurs, mises en vente. «Nous sommes optimistes d’atteindre les objectifs de rentabilité», confie l’une. «D’autant que l’obstacle des mesures sanitaires vient d’être levé», s’enthousiasme l’autre. En effet, une des plus grandes difficultés a consisté à gérer les incertitudes liées au Covid-19. Un exercice d’équilibriste d’autant plus formateur pour une première expérience. «Nous avons dû réfléchir à une éventuelle interdiction de vente de boissons, voire à une fermeture complète. Une alternative numérique était prête au cas où, mais nous sommes très contentes du récent relâchement sanitaire», commente Nora. Tout sera donc en place pour l’ouverture de demain et pour les trois autres dates. 

 

«Radiations de l’âme», exposition de photos et de textes sur les émotions. A voir les 19-20 et 26-27février de 10h à 19h30 au local de la Chambre Noire, rue de la Gurzelen 11.

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